Chapitre 1.2 - Regrettables Origines (P.4)

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Dans la vie, tu peux faire le fort, tu peux faire le malin. Tu peux te prendre pour un coq, te croire invincible et jouer au con. Jusqu'au jour où tu vas tomber sur un plus con que toi. Un plus fort, plus gros coq. Et le jour où tu t'fais casser les dents par un enfoiré, tu peux enfin clairement réfléchir au sens de la vie.
Enfin. Le sens de la vie. C'est vite dit. C'est pas comme si toute cette merde risquait d'avoir le moindre sens à un moment donné. C'est juste que t'arrêtes de te prendre pour le roi des bacs à sable que tu commences à te questionner. Pour de vrai.
T'sais que moi, je doutais de rien. Jusqu'à sentir le goût métallique du sang envahir toute ma bouche. Mes actes avaient jamais eu la moindre conséquence. Jusqu'à sentir des miettes de dent contre ma langue. C'était dégueulasse.
J'ai compris que la vie était dégueulasse. Et j'sais pas vraiment comment j'ai fait pour pas le capter avant. C'est con. J'étais con.

Et chaque personne qui me connaît, et moi en premier, dirait que je suis toujours un gros con.

Mais c'est tellement plus drôle que d'être réglo. D'être un putain d'intello qui a un manche à balai coincé au plus profond de son derche. Je préfère être con qu'être ennuyeux comme la mort.
Tu me crois pas ?
T'as qu'à essayer.
Mais fais gaffe à ceux qui sont plus cons que toi. T'as capté ?

Mais... Tu sais c'que c'est le plus chelou dans l'histoire ?
C'est que me bouffer des pains et des murs, ça m'a jamais arrêté.
Le goût du sang m'a pas dégouté longtemps.
Le goût du sang, je m'y suis fait.
J'ai peur de rien. Tu diras sûrement que je suis stupide ou maso. Taré ou inconscient. Mais p't'être que j'suis juste assez courageux pour suivre mes idées et mes envies malgré les obstacles.
La grande blague.
Même moi j'sais que je suis sûrement aussi teubé que mes vieux et que finalement tout ça est insensé.
C'est juste que j'm'en tape en fait.

J'tiens pas assez à moi même pour en avoir quelque chose à foutre.

J'tiens pas assez à la vie pour essayer de lui trouver le moindre sens.

À quoi bon ?

Jeune j'étais déjà saoulé. Gamin désabusé. Enfance abusée. J'pensais déjà à me casser alors même que j'savais à peine compter.
Tu crois qu'c'est la peine de fuguer quand tu sais qu'il y aura personne pour te chercher ?
C'est pas la peine de te croire intéressant mon gars. T'es qu'un moustique écrasé sur le pare brise de la vie. Un coup de lave glace, un coup de raclette et t'es déjà oublié. Putain. Flemme de me casser et de me les geler dehors pour faire ma révolution en sachant d'avance que je révolutionnerais que dalle. Faut pas abuser.

J'ai préféré croupir dans cette chambre qui sent le moisi. Dans cette chambre aux volets toujours fermés. J'ai lâché l'école dès que possible. Progression pour tous mon cul. Et ma vieille m'a toujours répété que ça mène nulle part de perdre son temps là bas.

« Reste le temps qu'il faut pour pas nous faire avoir des emmerdes puis va bosser. T'as besoin de fric, pas de mathématiques. »

Putain. J'crois bien que c'est la seule fois que j'ai pu lui donner raison.
Dès que j'ai pu, j'me suis barré de ce bahut de merde. Tant mieux, c'était emmerdant. Et j'en avais marre de voir leurs gueules. Sûrement autant qu'ils en avaient marre de voir la mienne.

Qu'ils aillent se faire foutre.
Moi, je me suis juste précipité de foutre les pieds dans la vraie vie. La réalité.

T'as une idée de ce que ça a bien pu donner ?

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 15, 2020 ⏰

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