Le fabriquant de poupées

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Antonin avait une passion : créer des choses de ses mains. La plupart des créateurs de son temps avaient délaissés les créations manuelles artistiques, pour se focaliser sur des prototypes incroyables, des machines volantes qui facilitaient le déplacement, fonctionnant à la vapeur et préparaient les forces militaires. Antonin lui, n'était pas passionné pas ces créations. Lui, ils aimait les poupées, les automates et la complexité artistique et le défi que ces poupées représentaient.

Dans la communauté, il était comme un ovni ; naïf, au service des femmes et affable. Mais il s'en fichait. La lumière sur le visage des jeunes bourgeoises, le sourire coupable de ces filles du peuples qui économisaient toute une vie pour pouvoir s'acheter ne serait-ce qu'une poupée ou même les lettres désespérées qui appelaient à l'aide après un triste accident arrivé à la poupée. Ses poupées étaient qualitatives et grandioses, et ça personne ne le niait. Mais il souhaitait au moins pouvoir être épaulé par quelqu'un dans sa tâche, parce que depuis quelques mois, ses clients étaient plus fréquents, et il avait du mal à suivre la cadence. Ses prix avaient augmentés, et cela l'aidait bien, mais il ne pouvait plus servir ces pauvres demoiselles qui se massaient devant la vitrine, pleurant de leur pauvreté.

Mais il ne se faisait pas d'illusions. Un homme, qui travaillait dans les poupées, et qui avait une boutique située dans les quartiers prolétaires avait besoin d'un bourgeois, voir même d'un noble. Prier aurait été naïf. Il fallait un véritable miracle à ce point là ! Et pourtant, il posa tout de même une affiche, sans grand espoir.

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De l'autre côté de la ville, la famille royale célébrait la création de la toute première série d'aéronefs en vente sur le marché. Si le roi et la reine étaient très intéressés, le prince héritier prêtait plus attention à une belle jeune femme aux formes généreuses et un sourire taquin.

Le prince Eden Beauregard était très connu pour sa beauté et son caractère joueur. Si l'avis des gens sur la légitimité du prince à être héritier du trône, personne ne doutait de sa beauté ne laissait personne indifférent. Mais il semblait que sa partenaire n'avait point remarqué l'intérêt qu'elle avait piqué chez Eden. En effet, elle semblait prise dans une tirade enflammée sur un sujet que le prince ne saurait entendre.

À la fin du discours du roi, le prince s'empressa de descendre de l'estrade pour rejoindre sa prétendante qui accourut à ses côtés. Eden, pris d'une soif de curiosité soudaine, demanda à Claudia de quoi discutait-elle quelques instants plus tôt avec les jeunes femmes de la soirée.

"Eh bien, Votre Majesté, nous discutions des inventions et des créations les plus incroyables de notre siècle, quand une adorable jeune femme parla du fabriquant de poupées dans la rue marchande du centre-ville. Et c'est assez affligeant, non, tragique, de voir que les femmes ne s'intéressent pas à la vraie technologie, mais à un pauvre fabriquant de poupée. La queue devant son magasin, de ce que j'ai ouï dire, est longue du matin au soir. Et on aurait jamais vu une foule avec autant de classes sociales mélangées. Un véritable drame à mon humble avis : si la position de la femme veut évoluer, nous devons aussi nous imposer dans l'ingénierie, et non nous masser devant de pitoyables boutiques de poupées..."

Le long monologue de Claudia refroidit Eden d'un coup. Lui qui pensait avoir à faire à une charmante noble douce et délicate, voilà qu'il se rendait compte qu'il avait en face de lui une de ces femmes qui se plaignaient de leur position dans la société. Ce qu'elle ne voyait pas, c'était que la femme avait été sortie de son petit foyer par sa demande pour travailler comme les hommes au début du temps des machines à vapeur. Mais que la plupart avaient à nouveau abandonné ce rôle, retournant chez elles après avoir vu la réalité de la vie. Comme son père lui disait, ces folles se plaignaient sans savoir, et marmonnaient au peuple des insanités. Sa mère était un modèle à suivre pour les femmes ! Elle ne faisait pas de vagues, secondait son mari à la perfection et malgré un fin savoir des machines et de la technique, elle ne l'utilisait que rarement, laissant son mari s'occuper de tout. Elle était avec ses enfants, transmettait son savoir égalitairement aux garçons comme aux filles, mais les filles apprenaient à agir discrètement et ne pas demander ni de mérite, ni de gloire. Tout cela appartenait au mari, la tête de la maison.

Recueil d'OS [Yaoi/Bl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant