Hanahaki

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Assis à la fenêtre, les yeux perdus dans les nuages, Sinon écoutait sa respiration. Chacune de ses inspirations étaient douloureuses, trop courtes et bien trop minces pour lui permettre de se déplacer sans tomber. Il avait réussi à atteindre la fenêtre avec douleur, et avait fini par s'évanouir sur l'appui de celle-ci. 

Il lui restait quatre jours si tout allait bien. Mais la pivoine blanche en lui était capricieuse, et ne semblait pas être prête à attendre aussi longtemps. Simon l'aimait beaucoup cette fleur. Elle avait beau signifier un énième échec dans sa vie, elle marquait une fin. Elle lui permettait de tourner la page.

Dans l'institut, ils avaient tous hanahaki. Si au début, l'odeur de mort et de fleurs avait répugné Simon au point de le faire vomir, maintenant il comprenait. Si ils étaient tous venus ici de leur plein gré, c'était que comme lui, ils n'avaient plus d'options. Jamais ça ne serait réciproque, jamais leur souhait ne serait exaucé. 

Alors ils convergeaient tous ici, comme des oiseaux migrateurs, et s'éloignaient de la source de leur douleur. Attendant leurs derniers instants. 

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Simon était pansexuel. Alors jamais il ne pensait pouvoir être touché par hanahaki. Et si ça devait arriver, il était sûr de choisir l'opération. Et puis il arriva, remettant tous ses choix en question. Le nouveau de sa classe de terminale,  Param. Un coréen en échange, au magnifique sourire et aux plus beau poèmes de sa classe HLP.

Simon pensa d'abord qu'il avait eu son fameux coup de foudre amical, comme à tous les débuts d'années, et se lia très vite d'amitié avec Param. Mais un jour, alors qu'il discutait sexualité avec ses amis -et donc Param, le coréen expliqua comment il respectait la cause LGBT, et qu'il était ally, mais qu'il avait toujours apprécié cette chance qu'il avait d'être hétéro.

À ce moment là, quelque chose naquit au fond de Simon, et sans le savoir encore, il venait de signer son arrêt de mort. Il fut secoué par une légère quinte de toux, puis reprit la discussion. mais plus les jours passaient, plus Simon sentait quelque chose changer en lui. Un gêne étrange au fond du torse, la gorge qui démangeait, el ces toux plus fréquentes. 

Au début, il suspecta plein de maladies chroniques classiques. Ignorant les pétales et les feuilles qui sortaient au milieu de son sang, il se noya sous les médicaments contre la pneumonie. Mais quand le premier bourgeon sortit de sa bouche, il pleura. 

Hanahaki marquait la fin d'une période. Soit il mourrait, soit il faisait l'opération. Il n'envisageait même pas la dernière option, ne sachant même pas de qui il était tombé amoureux. Les jours passaient, et Simon essaya de comprendre. De qui ? Qui faisait vibrer son estomac ? Qui le faisait saigner sur ces magnifiques pivoines blanches ? 

Ce fut à partir de ce moment qu'il commença à parler au bourgeon. Le tout premier qu'il avait craché. Il était dans un bocal, séché avec des tâches de sang par ci par là. Aucune de ses questions n'avaient de réponses, sauf une. Si il ne faisait rien, il lui restait entre neuf mois à un an de longue agonie. 

Le premier mois se passa dans cette ombre, avec une seule pivoine de crachée. Puis il essaya autre chose. Il se mit en couple avec Aimée, une autre terminale avec qui il partageait sa paillasse en physique-chimie.  Il ne savait pas si c'était pour elle qu'il avait ses sentiments, mais accepta quand même sa déclaration. 

Elle était une jolie rousse, petite avec les cheveux naturellement bouclés et un peu grosse. Elle avait une belle façon de parler, intelligente et droite, quoique un peu trop vive d'esprit. Simon arrêta de tousser pendant la première semaine. Il osa penser que c'était fini, et s'apaisa. Son sourire revint, et tout s'éclaircissait. 

Recueil d'OS [Yaoi/Bl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant