Fuis-moi je te suis, suis-moi je fuis

Chapitre I: La nouvelle resolution d'Inoue Orihime

Ichigo Kurosaki leva les yeux de sa tasse de café, fusillant du regard Renji, Chad, Ishida, Shinji et Rukia.

— Neliel n'est pas mon âme sœur, réitéra-t-il pour la énième fois.

Ses amis semblaient le taquiner, et bien qu'il en eût conscience, sa colère ne lui permettait pas d'apprécier l'humour de la situation.

— Vous feriez un si beau couple, plaisanta Renji.

Installé à la longue table en chêne, Ichigo s'enfonça au fond de sa chaise, faisant face à ses compagnons. À peine avait-il terminé ses céréales et repoussé son assiette vide que Rukia la lui enleva. Elle adressa un regard réprobateur à Renji pour ses piques, mais Ichigo devina qu'elle peinait à réprimer un sourire.

— En effet, vous étiez bien assortis, concéda Ishida, arborant ce large sourire malicieux qui peut-être faisait fondre toutes les filles, mais irritait profondément Ichigo.

— Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'elle te pardonnera de l'avoir plaquée, ajouta Ishida.

Il adressa ensuite à Ichigo un sourire aimable et compréhensif, un sourire faux.

L'idée qu'il aurait « plaqué » Neliel exaspérait Ichigo autant que la prétention de celle-ci. Il n'était pas certain d'être prêt à rencontrer son âme sœur, mais une fois trouvée, il ne la quitterait jamais. Le vide de l'absence d'une compagne à ses côtés le tourmentait. Son Hollow aussi. Mais les choses étaient rarement aussi simples qu'elles le semblaient. Sa future compagne, lorsqu'il la rencontrerait, refuserait de le partager, aspirerait à être au centre de sa vie et exigerait une dévotion totale et exclusive. En ce moment, Ichigo se consacrait uniquement à son travail et à ses responsabilités envers la Soul Society.

— Je n'ai rien contre les femmes compliquées, déclara Renji en empilant un tas de nourriture dans son assiette.

Il semblait maintenir une forme assez extraordinaire pour un homme qui ne cessait de manger.

— Personnellement, je préfère les filles simples, aussi simples que moi, déclara Ichigo après une autre gorgée de café.

— Une fille qui te ressemblerait t'ennuierait profondément, et tu le sais bien. Tu sais aussi que tu n'es pas si simple que ça. Malgré ton apparence sympathique et détendue, tu demeures une personne profonde, complexe, s'esclaffa Renji.

— Tu décris plutôt Ishida, répliqua Ichigo.

Il désigna le brun renfrogné à ses côtés, le seul à ne pas participer aux efforts pour « lui faire sa fête ». En homme peu loquace, Ishida se contenta d'émettre un grognement avant de se concentrer de nouveau sur l'assiette posée devant lui.

— Ishida est quelqu'un de compliqué, acquiesça Shinji . La même chose vaut d'ailleurs pour vous tous. C'est une des raisons pour lesquelles vous êtes devenus amis dès le début. Qui se ressemble s'assemble. Mais c'est de toi qu'on veut parler, pas des autres. Tu es un accro au boulot de la pire espèce. Il est grand temps que tu trouves un équilibre entre le travail et les loisirs. Il faut que tu t'occupes de toi-même autant que tu t'occupes de tes amis.

Ichigo avait une grande envie de balancer un coup de poing à Shinji. C'était un mec bien, sincère et dévoué, capable de donner sa dernière chemise à un camarade dans le besoin. Mais il avait la manie d'analyser chacun de leurs gestes, de les décortiquer et de chercher à comprendre leurs motivations. C'était ainsi que son esprit était configuré. Impossible pour lui d'accepter que les gens puissent avoir des problèmes. Non, il cherchait à « réparer » tout le monde. Rukia l'avait d'ailleurs surnommé le « mécano des âmes ». Ichigo n'avait pas besoin d'être réparé en revanche. Il était très consciencieux au travail mais pas du tout accro.