Le vendredi matin, je serrais toujours sa chemise contre moi comme une petite fille qui a peur du noir. Je me senti ridicule.
Je me sentais incroyablement bien. La vie avait-elle toujours été si... vive, pleine de couleur ? Pourtant, j'avais l'impression qu'elle était grise et morne avant de rencontrer Alexis.
Il a disparu !
Je me remémorais les évènement de la nuit. Je l'avais cherché pendant des minutes, voire des heures dans les champs sans le trouver. Quelque chose lui était arrivé mais je n'avais pu le découvrir dans l'épaisse noirceur de la nuit. Alors, j'avais abandonné mes recherches et rebroussé chemin jusqu'à la maison. J'avais déposé la lettre sur la table de la cuisine avant de monter me coucher et, au petit matin, elle n'y était plus. J'en avais conclu que Monsieur Giles l'avais prise et ouverte dans son bureau où il m'avait formellement interdit d'y mettre les pieds. Il accordait une grande importance à la vie privée de chacun. Je devais respecter ses appartements et il respectait les miens. C'est pourquoi il ne rentrais jamais dans ma chambre, même en y ayant été invité.
Je passais la journée dans les champs. De cinq heures du matin jusqu'à quinze heure tapante, mon esprit était torturé par la disparition d'Alexis.
Peut-être n'avait-il pas été enlevé, peut-être avait-il décidé de mettre un terme à nos rendez-vous. Je ne lui plaisais finalement pas. Cela ne pouvais être que la seule explication.
Le soleil se couchait de plus en plus tôt. La nuit tomba vers dix sept heure, l'hiver approchant à toute vitesse. Après le souper, je m'éclipsa jusqu'à la place mais Alexis n'y était pas. J'errai quelques instants sur la place, le regard rivé sur le sentier de terre, espérant qu'il allait y apparaître. Le soleil se couchait rapidement, si bien que seul un faible rayon de lumière éclairait mon chemin. Je souleva la lanterne que j'avais emportée, une bougie cylindrique en cire blanche brûlait lentement à l'intérieur.
Je devais réfléchir sans plus attendre. Je m'en voulais énormément. J'aurais du prévenir monsieur Giles que mon ami avait disparu. Peut-être aurait-il su quoi faire. J'aurais dû demander une journée de repos à monsieur Giles et partir à la recherche d'Alexis plus tôt dans la journée. La nuit était tombée et l'air s'humidifiait. Un orage s'annonçait. La lune apparaissait tel un œil funeste parmi une peau grise.
Je me rendis à la grange. Une faible lumière filtrait à travers le bois pourri. Alexis était allongé à l'étage.
— Mon Dieu, que t'est-il arrivé ?
— James, agonisa-t-il. Tu dois partir immédiatement...
Son visage était traversé par un fleuve de liquide pourpre. Ses cheveux formaient des mèches collantes là où le sang séchait. Sa chemise était rouge écarlate dans la lumière de la lanterne. Il appuyait
Je déchira la manche de ma chemise en épongea le sang qui coulait de la plaie. Au contact du tissu, il serra les dents. Il avait mal.
— Je ne partirais pas, lui dis-je en m'accroupissant à côté de lui.
Je pensais sérieusement ce que je venais de dire.
Il paraissait hésiter alors je posa ma main sur la sienne.
— Ils me chassent.
— Qui « ils » ?
— Les gens du village : le maire, les marchands et tous les autres habitants, haleta-t-il. Tous sauf toi.
Il y avait quelque chose dans l'air. C'était comme de l'électricité. Elle était presque palpable.
— Pourquoi te chassent-ils ?
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Knife (A Halloween Love Story)
Hombres LoboJames pensait passer un Halloween tranquille jusqu'à l'arrivée d'Alexis. Que cache ce jeune homme au comportement déviant? Pourquoi apporte-t-il des couteaux avec lui à chaque fois que James et lui se rencontrent dans la vieille grange?