Chapitre 3_La boite

23 4 2
                                    

Alors que les prisonniers avaient enfin réussi à trouver une position confortable pour s'assoupir, une lumière blafarde et éblouissante les tira du royaume de Morphée.

Puis le monte-charge se mit en route.

Clinck, clinck, clinck.

"- Des sandwiches ?", speculèrent les plus affamés

Mais rien de comestible ne leur parvint, seulement une boîte cadnacée à la peinture bleu pastel écaillée.

"- Leïla Madola, appela La Voix, Va chercher la boîte."

La jeune fille, encore éblouie par cette nouvelle source de lumière, s'exécuta en trébuchant à plusieurs reprise sur le béton irrégulier.
Arrivé à hauteur du monte charge, elle prit fébrilement la boîte, craignant qu'elle soit piégée et la ramena au centre de la pièce où les garçons étaient déjà attroupés.

"- C'est un cadenas à code !, se lamenta Valentin, Comment allons nous faire pour le cracker ? Contrairement à  eux nous ne connaissons rien sur nos bourreaux...
- Heu... tu permets demanda timidement mais volontairement le Blondinet, Je... je connais un moyen de le découvrir..., parvint-il à articuler en baissant les yeux.

Celui là nous cache des choses, pensa Valentin.

On laissa le Blondinet faire et 10 min plus tard, il revint avec la boîte ouverte, une mine soucieuse sur le visage.
Les autres gamins ne le remarquèrent pas et le felicitèrent chaudement.

"- Bien  joué !
- Tu as géré !
- Comment tu as appris tout ça ?, demanda le jeune mafieux plus investigateur.
- Je...je ne me souviens plus, bredouilla le grand timide, évitant les regards curieux des ces camarades, les joues écarlates.
- Et bien en tout cas tu sais t'y prendre", le félicita encore une fois Leïla, tentant de dissiper la gêne tissant sa toile dans la pièce.

Elle prit ensuite la boîte et l'ouvrit.

Son visage resta marqué par l'horreur lorsqu'elle découvrit le contenus.

Des photos. Des photos de ses vacances, des ses amis, de sa famille, toutes partagées sur les réseaux sociaux.  Mais les plus troublantes furent celles prises avec ses amis lorsqu'elle regardait un film sur l'ordinateur... la webcam allumée ! Et enfin la dernière, un photo de sa maison prise le jour de son enlèvement !

"- Mais... qui sont ces malades !?, parvint à articuler la jeune métisse, en proie à une crise de panique, depuis combien de temps nous espionnent-ils putain ?"

Valentin tenta de la calmer mais ni ces mots ni ses geste n'y parvinrent, étant lui-même déjà assez paniqué par ce qu'il risquait de découvrir au fond de cette boîte.

Finalement il s'y jeta à son tour en compagnie du jeune afro.
Chacun y découvrit sensiblement le même contenu. Des photos prises depuis les réseaux sociaux, pour Valentin quelques photos de famille et de vacances, pour l'autre l'exhibition d'une vie rêvée, faite d'alcool, drogue et argent, qui n'était pas la sienne. La webcam fit des ravages aussi, chacun ayant été capturé lors d'un de ces plaisirs solitaires... Et enfin les photos de leurs habitations, une belle villa pour le mafieu, un taudis pour le taulard.

Ces photos les mettaient à nus, dévoilant toute leurs identités, leurs intimités. Ils se sentaient volés, leur liberté étaient bafouée par cette espionnage constant. Jamais ils ne s'étaient sentis aussi gênés. Leurs vies privées ainsi mélangées dans une vulgaire boîte en métal étaient exposées aux yeux de tous et bien vite on tenta de dissimuler ces fragments d'intimité. Seulement une alarme sonna et les coupa dans leurs gestes.

Doing, dooooing, dooooooooooing

"- Vous ne pouvez dissimuler votre passé. Assumez vos actes aux yeux de tous. Sinon... "

Le monte charge se fit entendre,

Clinck,clinck, clinck

Et un couteau prêt à l'attaque en sortie, tandis que l'oeil de bœuf sur la porte verrouillé tourna, laissant apparaître le canon d'un fusil de chasse.

De plus en plus effrayés les jeunes captifs retirèrent les images de leurs cachettes et les disposèrent bien à plat, à la vue de tous et de la caméra devant eux, le visage empourpré et la mine renfrognée.

Ne restait plus qu'une poignée de photos encore étalées près de la boîte dont personne ne se sentait le légitime propriétaire.
Une photo de famille ensanglantée, un visage blasé devant un ordinateur archaïque, une institution miteuse et une fille radieuse, voilà ce que représentait ces clichés.
Le Blondinet essayait de se les approprier, les tournant et triturant mais rien, rien ne parvenait à les relier à un passé commun.

Depuis son réveil 3 jours plus tôt, son esprit lui cachait son identité. Il ne savait plus qui il était, ni son nom, ni sa ville, ni même si il avait encore une famille qui s'inquiétait pour lui.
Ces photos semblaient appartenir à un autre, un autre lui. Même la photo devant l'ordinateur où il se distinguait parfaitement ne lui disait rien. Que cherchait il ce jour là ? Pas une once de contexte ne lui revenait.
Et cette photo ensanglantée que pouvait-elle bien signifier ?

Perdu, il s'effondra, enseveli sous ce tas de questions sans réponse.

Les autres, inquiétés par son état le rejoignirent rapidement. Ils se saisirent des photos d'où semblaient venir tout le mal, franchissant la dernière frontière entre l'intime et le public.

Tous restèrent troublés face au triste récit qu'offraient ces photos.
Leïla tenta de réconforter le garçon mais il s'éloigna, répétant tout bas.

" - Ce n'est pas moi, ces images, ce n'est pas moi, ce n'est pas ma vie, je n'en veux pas !
- Tu sais, tenta de le réconforter maladroitement Valentin, on ne choisit pas sa vie, et c'est les seuls images qu'il reste... alors.
- Je te le répète, s'énerva cette fois ci le Blondinet, Ce n'est pas ma vie ! Je n'ai aucun souvenir de cette vie, je n'ai même aucun souvenir d'avant cette cave. Et je ne veux pas que ce soit ça ma vie !
- Calme toi petit, essaya de temporiser le plus âgé, Si c'est ta vie c'est ainsi, on ne naît pas tous dans la sphère dorée
Et... parfois on prend des chemins différents que ceux qui nous étaient destinés..., Puis changeant de sujet, Cette fille, dit il en désignant une charmante rouquine souriante, Elle est mignonne...Tu te souviens de qui il s'agit ? C'est ta sœur ?
- Non.

La réponse fût immédiate et glaciale.
Au fond de lui le garçon ressentait de l'affection pour cette jeune fille et, il en était persuadé, ce n'était pas de l'amour fraternel.

                                                                       

Ce Blondinet est vraiment mystérieux vous ne trouvez pas ?
Avez vous des théories à son sujet ? Sur son passé ?

Quand aux autres... avez vous trouvé un indice pouvant les relier ?

Je veux tout savoir !

À la revoyure 👁

La caveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant