ekila :la dame de fer

05

Point de vue ekila

— QUOI ?! TU TE MOQUES DE MOI ?!

Non, mais elle n'est pas sérieuse ! Brandon ? Chez moi ? C'est une véritable apocalypse !

Laissez-moi vous expliquer.

Après le départ de mon père, nous avons déménagé à Paris. Nous avions pour voisins une grand-mère congolaise et ses petits-enfants : Mami, Beverly et Brandon. Avec tout le monde, le courant était bien passé... sauf avec Brandon. J'avais treize ans, lui seize. Il traînait déjà avec des jeunes de la cité, plongé dans de mauvaises fréquentations. Son passe-temps favori ? Me provoquer, m'humilier, m'insulter. Il me traitait de « garçon manqué » sous prétexte que je ne souriais jamais. Lui et sa bande me bousculaient sans raison, me tapaient parfois, mais jamais je ne versais une larme.

À mes seize ans, j'ai pris des cours de boxe. Un jour, alors que je revenais des courses, je suis tombée sur lui et sa bande en bas de l'immeuble.

FLASHBACK

— Regardez qui voilà ! Kasimodo ! s'exclame Brandon en riant.

Sa bande éclate de rire avec lui.

— Psssst ! Kasi, quoi de neuf ?

Je l'ignore et m'apprête à entrer dans l'immeuble, mais il se place devant moi et me fixe de haut en bas.

— Quand je te parle, tu réponds, sale conne ! dit-il en me poussant violemment.

Je garde mon calme et tente de passer, mais il me repousse une nouvelle fois. Cette fois, je tombe au sol, mes courses éparpillées autour de moi. Ils explosent tous de rire.

Je veux me relever, mais il me pousse encore.

— Reste là, c'est ta place, idiote.

Je me redresse, les poings serrés.

— Ne refais jamais ça.

Il me dévisage, amusé.

— Vous avez entendu ça, les gars ?

— Ouais ! répond sa bande en chœur.

— Mec, elle a besoin d'une bonne correction, lance l'un d'eux.

Brandon sourit avec mépris.

— À moins que tu n'ailles pleurnicher chez ta pute de mère, c'est ça ?

Je crois halluciner. Il n'a pas osé...

— Qu'est-ce que tu viens de dire ?

— Qui ne sait pas que ta mère est une pute ? Toute la cité le sait ! Ta mère, c'est la plus grande...

Il n'a même pas le temps de finir sa phrase. Je me jette sur lui, frappant sans retenue. Il tente de riposter, mais je suis plus rapide. Il saigne déjà de la lèvre inférieure. Il m'assène un coup en retour, je recule légèrement, avant de me ruer de nouveau sur lui.

Nous nous battons comme deux ennemis jurés. Je ne ressens plus rien d'autre que la rage qui monte en moi. Autour de nous, les cris et les encouragements se font entendre, mais je n'y prête pas attention.

Soudain, je sens qu'on me soulève du sol. Instinctivement, je donne un coup à la personne qui me retient. C'était un grand du quartier, peut-être âgé de vingt-deux ans. Il écarquille les yeux avant de me gifler violemment. Je titube, mais je me ressaisis immédiatement.

Je veux retourner achever Brandon, mais l'homme me retient fermement.

— EKILA !

Cette voix... Je me retourne et découvre ma mère, les larmes aux yeux.