07. Viens, douce enfant

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        Je refermais la porte derrière moi. Je me mis à courir en direction du salon pour m'effondrer dans un coin. Je n’en pouvais plus... Nous étions le mois de juin 1986... Cela fais 6 mois que la directrice était partie et cela fais 6 mois que l'enfer régnait au sein de l'orphelinat. Là je sortais du bureau du directeur... J'étais épuisée... Je ne pouvais m'enfuir et il s'était acharné sur moi. Pourquoi ? Je crois que je n'avais pas éteints ma lumière au couvre feux... Seulement ça ! Que nous voulait-il ? Je n'en savais rien. Quand je levais la tête j'aperçus Susie. Elle avait 11 ans, elle n'hésita pas à venir, et je la vis me regarder avec des yeux horrifiés.

« Tu saignes, constata-t-elle en touchant mon cou.

_ Je n'avais même pas vu.

_ Je t’amène à l'infirmerie, fit-elle en soupirant. »

        Susie avait changé, elle s'était un peu endurcie depuis que les enfants étaient menacés. Elle parlait beaucoup moins, son habituel sourire se faisait si rare. Elle n’était plus la même qu’autrefois. Celle ci m'emmena avec détermination devant l'infirmière. Tous étaient de mèches avec le directeur, tous étaient des tirants... Même l'infirmière qui me disait avec un ton naturel :

 « Comme tu es maladroite, fait attention quand tu descends les escaliers.

_ Et qu'est-ce qui vous fais croire que je suis tombé ? Retorquais-je.

_ Tous les enfants d'ici tombent dans les escaliers. »

        Elle disait cela à tout le monde s'était toujours pareil. Je tenais Susie par là main, comme si elle était une enfant. Ca ne la dérangeait pas, et puis il fallait mieux être ensemble que de s'éloigner les uns des autres. Notre groupe était déjà divisé en deux... Les filles et les garçons. Cela ne nous rendaient que plus vulnérables.

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« Alors moi ma fille de chambre c'est trop une conne...J'veux dire elle critique tout, les gens qui passent, mes fringues... Et le pire c'est que je suis obliger d'être à côté d'elle en classe, ordre alphabétique oblige ! Se plaignait l'aînée.

_ J'ais une racaille moi, enchaina la blondinette. Elle dit qu'elle veut faire brûler le dirlo, ou taguer les murs, de plus elle est super vulgaire, elle m’a dit qu’elle ferait sauter le lycée un jour… Mais arrêtez j’ai peur d’être égorgée en pleine nuit, moi…  Et toi Sharon ? C'est qui ta colocataire ?

_ Elle ne cause pas ! Une vraie tombe. C'est vraiment nul...

_ C'est le directeur qui t'a fait ça ? Me demanda Annie en montrant ma blessure au cou »

        J'hochais la tête en guise de oui. Cet homme ne m'avait pas loupé. Après sa gifle, je me suis prit le coin de la table basse. Annie retroussa sa manche en me disant que ca marque c'était du à un coup de ceinture. J'étais dégoutée. Et bien sur on ne devait rien dire sinon c'était pire.

        Un coude sur la table je pensais à lui… Ca devait faire un mois que j'avais envoyé cette lettre, je pensais qu'il m'oubliait, bien que ses paroles qui résonnaient encore dans ma tête disaient le contraire, des paroles si douces... Susie se leva discrètement et fit un signe de main, je me retournais et vit Ed qui répondit lui aussi avec timidité. Tommy s'en fichait il criait « Ouh Ouh les filles». Au moment où la rouquine se rassit elle reçut un coup sur méchant sur la tête.

« On ne se lève pas à table, gamine.»

        Elle frotta sa tête, larme à l’œil, en nous disant qu'elle aurait sûrement une bosse. La surveillante avais prononcé le mot ‘’gamine’’ comme un nazi aurait dit ‘’juifs’’. Annie disait qu'on devrait se révolter parce qu'il y aura sûrement des morts d'après elle. Je ne pense pas qu'il faut exagérer. Bizarrement Susie fut de son avis, elle chantonna tout bas l’air de cette chanson française, cette chanson qui est née lors de la révolution… Comme pour nous dire de nous taire, le directeur s'assis à table sur sa petite plateforme surélevé, afin de mieux nous dominer. Il nous regardait de son air satisfait. Comme s'il était content d'avoir réussi son esclavage. Je le haïssais, mes pensées de gamine étaient remplacées par des visions d'horreurs et comme beaucoup de ces orphelins on voulait le voir mourir. A ce moment là une surveillante arriva en courant, elle paraissait affolé, et je reconnu le rire de Tom qui se fichait d'elle. La vieille folle murmura quelque chose au directeur qui mangeait. Celui-ci s'étouffa sur le coup.

Blanc comme NeigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant