A mon réveil, le décor avait changé, et avait été remplacé par un endroit très peu étranger. C’était la chambre de Karan. Spacieuse, décorée de meuble, d’étagères remplies de livres, et éclairée par la lumière du jour. Il devait être environ 10 heures, car le soleil était assez haut.
Je portais sur moi ma chemise et un bas, et j’avais aperçu sur une
chaise mon veston gris anthracite.
Karan me tournait le dos, en train de préparer un thé. Il portait son
habit royal, comme chaque jour, à l’exception de sa cape, laissant
apparaître un bandage sur le bras droit. Il avait dû m’entendre car il s’est retourné, et comme surpris, il s’est précipité vers le lit.– Syme, est-ce que ça va ?
C’était exactement la même phrase que j’avais entendu avant de
perdre connaissance. Un frisson avait parcouru mon échine, comme lorsqu’un événement tragique est sur le point de se produire. Troublé, je ne savais pas quoi répondre. Mon premier réflexe avait été de toucher
mon dos, et je constatais que ce dernier était entouré de bandages.
Maladroitement, mais assez pour que la douleur cesse. Ce n’était pas un médecin qui m’avait soigné. Après un court instant de réflexion, j’en vins à la conclusion. Je fixais Karan, hébété.– Je t’ai soigné, déclara-t-il, sans bouger. Tu n’arrivais pas, alors je
suis retourné sur mes pas et je t’ai vu. Avec Wyren.Son inquiétude s’était complètement effacé de son visage. Et c’est bien ce qui m'embêtait. Je ne savais pas comment réagir.
Devais-je me justifier de lui avoir menti ? Me blâmer ? LE blâmer ? Lui mentir encore une fois aurait été de trop. Je devais être sacrément paniqué, car Karan semblait l’avoir deviné sur mon visage. Il s’assit sur le lit, à côté de moi. Mon dos se glaçait, et un frisson avait envahi la zone où
la main m’avait touché. Je me suis senti rougir, mon coeur ne maîtrisait même plus ses propres battements. Je voyais ses longs cheveux, pas encore tressés. Ses lèvres semblaient douces, ses yeux m’avaient absorbé. Le reflet de ses plumes luisait d’un vert clair saillant sous la lumière du
soleil.– Syme, je…, commença-t-il.
– Attends ! l’avais-je interrompu.Je me devais de lui dire. De lui avouer qui j’étais, et ce que
j’éprouvais. En face, et sans personne autour. Je devais, car je suis de la plus grande loyauté que le royaume n’ait jamais eut. Et par conséquent,
je ne pouvais pas mentir encore plus au prince. Malheureusement, ce que je voulais lui avouer pourrait bien signer mon arrêt de mort. En effet, si l’amour entre humain et Homme-oiseau était prohibé, l’amour entre deux du même genre était... (je ravalais ma salive en y repensant).– Karan, avais-je commencé d’un air désolé, en baissant les yeux.
Je...Mais je n’ai pas eu le temps de déclarer ce que je voulais que le
prince m’avait prit dans ses bras. Cette scène me semblait surréaliste.– J’ai vu ton dos, avait-il déclaré.
Et ce que j’entendis était quelque chose que je n’avais pas vécu
depuis longtemps. Karan pleurait. Silencieusement, mais il versait bien quelques larmes.
– J’avais si peur d’être tombé sous le charme d’un humain !
reprit-il. Tu ne peux pas savoir à quel point cela m’enlève un poids si lourd.
J’étais abasourdi par ce que je venais d’entendre. Karan me serrait un peu plus fort, comme s’il voulait que je sois prisonnier de son étreinte.– Qu’est-ce que…, fis-je un peu étouffé.
Mais je me sentais bien dans ses bras avec cette chaleureuse
sensation. J’aurais pu m’endormir et ne jamais me réveiller. Puis il me libéra et me regarda, droit dans les yeux. Sur le coup, j’étais un peu confus, ne sachant plus quoi dire.
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The Last Flight
ParanormalSur une Terre remplie de magie, cohabitaient deux espèces : les humains et les Hommes-Oiseaux. Se réfugiant désormais dans les airs, éloignés du reste du monde , ces derniers vivent en paix, dans plusieurs royaumes dispersés dans le ciel. Syme est u...