Scène 1: Le réveil difficile
Putain, toujours le même plafond blanc avec des tâches noires dessus. Témoignant de la guerre entre les moustiques et mes claquettes. Les mêmes claquettes depuis trois ans. Depuis mon entrée dans ce foyer. Quand j'y suis entrée, j'en avais quatorze et aujourd'hui (quinze octobre) : je fête mes dix-sept ans. Je m'appelle Emy. Mais quand je m'appelle Emyrix, je n'ai plus dix-sept ans. J'en ai vingt-six et je m'apprête à aller au lycée comme chaque jour de la petite vie d'Emy. Mais quand je suis Emyrix, j'ai vingt-six ans et je suis recherchée pour meurtre.
-Emy ! Lève-toi, bordel ! Tu vas être en retard !
Soudain, les tâches noires du plafond me passionnent. Trop pour savoir me sortir de mon lit.
-Emy ! T'es sourde, bordel !
-J'arrive, c'est bon.
La porte s'entrouvre pour y laisser passer une tête. C'est John.
-Parle moi sur un autre ton, p'tite conne.
-Oui, Maître. Je m'en excuse.
-Ne te fouts pas de ma gueule parce que sinon, les tables couvertes de vieux chewing-gums (ou frais, tout dépend de ce que je veux te voir râcler), t'attendent avec impatience. Et je pense, que tu ne voudrais pas salir tes belles petites mains, hein ?
J'attends quelques instants avant de lui répondre. Ça l'énerve encore plus. Je sais ce que je risque en l'énervant mais je sais très bien aussi qu'il veut qu'on le craigne. Mais j'aimerais tellement voir sa tête s'il apprend que je suis plus vieille que lui. Ce n'est pas un type à la zezette avec trois poils qui m'impressionne.
-Hein ? Tu es d'accord avec moi ? Hein, Emy ? grince-t-il quasi des dents.
Le problème c'est qui ne l'apprendra jamais et en attendant, j'ai dix-sept ans aujourd'hui, je m'appelle Emy et je veux me fondre dans la masse.
-Oui, je suis d'accord. Conclus-je en le regardant dans les yeux. Je suis d'accord.
-Tant mieux et dépêche toi alors, bordel. Tu es en retard.
Il a raison, je suis en retard à mon rendez-vous. Ça serait quand même dommage de le rater, en ce jour si spécial.
Scène 2 : le lycée
Quand j'arrive au lycée, personne ne me jette de regard. Et c'est bien, mon souhait. Personne ne sait quel jour nous sommes, et c'est tant mieux. Ou alors, peut-être qu'elle le sait. Peut-être que je pourrai lui dire. Allez Emy, arrête de déconner : tu as vu les regards qu'elle te lance. Ce ne sont ni des regards amoureux, ni des regards jugeurs. Ce sont des regards de « tu es mon plan-cul et on est juste là pour s'envoyer en l'air et pas pour avoir des sentiments ». Et puis qu'est-ce qu'elle dirait si elle savait qu'elle couchait avec iel qui a dix ans de plus qu'elle. Elle me lâcherait, comme toutes les autres. Et je ne veux pas que ça se passe aujourd'hui, pas quand je la vois se mordre la lèvre. Signification : « rendez-vous au local de sciences de l'étage 3, comme convenu ». Alors je commence à monter, parce que pour arriver au troisième étage : il faut de l'énergie. Pour redescendre, il en faut aussi. Mais pour être avec elle, il en faut beaucoup plus.
Mais j'aime bien. J'aime faire les choses bien. Je l'aime bien... et plus que pour s'envoyer en l'air, mais je sais que je ne pourrai pas lui dire. Si je parle, je parle de tout. De vraiment tout, de la police, des prêtres et d'Emiryx. Et je ne pourrai pas.
Dans l'escalier, alors que je suis en train de monter. Un choque suivie d'une douleur me sort de mes pensées, pour que je vienne poser mon regard sur les livres et cet idiot de Max. Par terre, à mes pieds. Il est en train de me regarder, un peu trop même. C'est le premier qui « ose » commencer ce qu'on peut appeler une conversation :
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Pêchés
Mystery / ThrillerTous les cinq lycéens, meurtriers ou innocents, ils seront choisis pour payer les choix qu'ils ont faire par le passé. Mensonges ? Vérités ? Ils devront découvrir l'énome complot, qu'est leur vie.