Chapitre 1 : Archibald

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Il se regarda dans le miroir, pouvait-il être encore plus laid. Son visage, son torse et son dos était dévoré par une acné qui ne le lâchait plus depuis au moins trois ans. Il éprouvait un profond dégout à son égard. Il avait perdu sa carrure de sportif, ses muscles avaient laissé place à une couche de gras. Il avait était las de voir ses cheveux redevenir gras après seulement une journée, depuis il se coupait les cheveux à ras. Il avait conscience que cela n'arrangeait rien à son allure de monstre mais il avait abandonné le combat contre son corps qui le trahissait avec tous ces défauts. Il reprit ses vêtements de la veille et les remis puis il se lava les dents avant de sortir de cette pièce qu'il détestait tant elle lui forçait à voir ses imperfections. Il passa dans sa chambre, attrapa son trieur, sa trousse sur son bureau puis son livre sur son lit et les fourra dans son sac à dos. Il enfila son pull à capuche et ses chaussures, passa dans la cuisine pour prendre des encas et sa gourde d'eau pour la journée puis il parti en direction du lycée. Casque sur les oreilles avec la chanson d'Empire to Ashes des Sleeping with sirens à fond, il alluma une cigarette et marcha lentement pour ne pas arriver trop tôt au lycée. C'était sa dernière année ensuite il partirait loin, très loin, il avait déjà repérer des Universités et des grandes écoles où il était sûr de ne croiser personne de son lycée. Il arriva en même temps que la sonnerie afin d'éviter de devoir attendre devant l'établissement. Il se dirigea directement vers sa salle, puis vers sa place attitrée, celle du fond à coté du radiateur qui n'était pas encore allumé en ce début d'année scolaire. Aucun élève ne se risquait plus à lui prendre sa place, ils avaient beaux se moquer de lui, à part quelques élèves qui le provoquait encore, la plupart le craignait. Il se faisait croire à lui-même que cela lui était indifférent et pourtant, il donnerait cher pour avoir au moins un ami. Ses camarades de classe rentraient en classe mais il attendait quelqu'un en particulier.

Comme tous les matins, il se permit de la regarder, c'était un des rares moments où avec la confusion du premier cours de la journée, le reste de la classe oubliait qu'il existait et il pouvait en profiter pour la regarder et la détailler. Elle avait toujours un livre à la main, elle portait un chemisier blanc avec une jupe bleue et ses cheveux étaient attachés en une queue basse. Il sourit caché sous sa capuche, elle portait une tenue qu'il aimait bien, elle lui allait bien, elle s'habillait ainsi les jours de forte chaleur comme c'était le cas pour ce premier jour de l'automne. Il ferma les yeux avant de pousser un soupir, elle ne devait même plus le remarquer. Il était seulement la bête, celui qui ne parlait à personne sauf pour traumatiser les autres. Elle s'assit devant avec ses amies. Le professeur ferma la porte.

« Archibald, vous me ferez le plaisir d'enlever votre capuche, lui asséna le professeur de mathématique. C'est peut être le premier jour de l'automne mais il ne pleut pas encore. »

Archibald baissa sa capuche, et il s'enferma dans un silence le plus total se laissant bercer par les leçons et exercices à faire. En classe il ne participait jamais de son propre gré même lorsqu'il connaissait la réponse. La plupart des professeurs le laissait tranquille dans son coin, à l'exception des professeurs de langue et des nouveaux qui cherchaient à le faire participer. La matinée passa jusqu'à la délivrance de la sonnerie annonciatrice du repas du midi. Il parti en ville au lieu de suivre la plupart des élèves qui allaient manger à la cantine. Comme tous les mardis, il allait dans une pizzeria un peu éloignée de son établissement afin d'être seul. Les autres lycéens faisaient la queue à celle qui était au coin de la rue du lycée, et qui proposait des pizzas sous forme de baguette à un bon prix, ce qui attirait une foule de lycéens. Chez Bell Pepper pizzeria, les pizzas étaient plus chères mais de meilleures qualité et l'avantage c'est qu'il ne croisait personne qu'il connaissait. Il commanda une pizza quatre fromage et un coca, et alla s'asseoir à une table isolée. Il prit son livre dans son sac et continua sa lecture en cours. Il venait de commencer Voyage au centre de la Terre de Jules Vernes, il avait trouvé ce livre dans sa bibliothèque. Il avait seulement lu un seul et unique livre de cet auteur quand il était au collège mais il n'avait jamais cherché à en lire d'autre jusqu'à présent. Il avait adoré Michel Strogoff et il savait qu'il avait toute la collection de Jules Vernes chez lui. Le problème avec les livres chez lui, ce n'était pas les histoires qu'il contenait mais les petites notes au début qui le rendait triste. Il avait beau avoir une bibliothèque avec une quantité astronomique de livre, il préférait acheter des livres neuf pour éviter d'avoir à affronter ces petites notes. Mais le week-end dernier il avait terminé son livre et chose exceptionnel, il n'avait pas pris d'avance sur ses achats. Il avait été obligé de pousser la porte de cette bibliothèque et il avait laissé trainer sa main sur les étagères, jusqu'à arriver à la collection de Jules Vernes. Il avait choisi ce titre car c'était un des plus célèbres de l'auteur et qu'il connaissait vaguement l'histoire. Il avait dû éviter la petite note au début du livre avant de commencer à suivre le parcours du professeur Lidenbrock. Sa pizza arriva et tout en continuant de lire, il mangea et bu son coca. Une fois fini, il décida de prendre son temps avant de retourner au lycée, afin d'arriver seulement à l'ouverture de sa salle de classe. Il alluma une cigarette, pris son casque, et écouta de la musique tout en profitant pour se perdre dans les petites rues de sa ville.

Devant le lycée, elle était là avec tout un groupe, ils discutaient tous ensemble, mais il remarqua qu'une partie des garçons la dévisageait, ou essayait de faire leur intéressant espérant que la jeune fille les remarques. Si Enzo, le bellâtre du lycée, n'avait pas jeté son dévolu sur elle, tous les autres garçons auraient tenté leur chance. Depuis l'année dernière, Enzo cherchait par tous les moyens de sortir avec elle, mais elle l'ignorait et le repoussait sans cesse. Pour le garçon, ce n'était seulement qu'une manière de l'afficher dans son tableau de chasse. L'année dernière, Archibald avait entendu Enzo parler de la jeune fille dans des termes peu élogieux et cela l'avait mis dans une colère noire. Contrairement à ses habitudes, il n'était pas aller frapper le garçon car cela serait revenu à déclarer ouvertement qu'il avait des sentiments pour elle. Au final, il ne valait pas mieux que la plupart des garçons de son lycée. La sonnerie annonçant le début des cours retenti, et il suivit à distance le groupe devant lui avant de rentrer dans la classe. Le professeur fit l'appel puis il fut rejoint par le second professeur qui enseignait Humanités, littérature et philosophie. Archibald souffla, il avait oublié ce super projet que les deux professeurs préparaient depuis l'année dernière.

« Comme nous vous l'avons expliqué l'année dernière et en début d'année. Vous allez devoir réaliser une présentation en binôme sur un sujet qui vous sera imposé. De même que votre binôme. Je sais que vous n'aimez pas cela mais je vous rappelle que la note de ce projet comptera pour les trois quart de votre note final dans notre matière. »

Les deux professeurs passèrent le reste du temps à présenter les différents sujets, à expliquer les difficultés auquel les élèves pouvaient s'attendre et ils donnèrent les modalités de notation. Archibald écouta d'une oreille, il redoutait le moment où son binôme découvrirait qu'il était avec lui. Chaque année, il réussissait à négocier avec les professeurs pour faire les projets en binôme tout seul, ce qui arrangeaient tout le monde, du fait que les années précédentes ils étaient en nombre impair en classe. Ce qui n'était pas le cas cette année, aucune échappatoire, il serait obligé de travailler avec une personne qui ferait tout pour l'éviter. Il voyait déjà comment le projet aller se faire, à distance avec chacun qui fait ses recherches de son côté et une mise en commun tardive. La préparation à l'oral sera catastrophique et absolument pas ou très peu préparée. Archibald n'avait absolument pas envie d'avoir une mauvaise note à cause d'un idiot qui refuserait de travailler correctement avec lui, cela l'énerva. Il ne tenait plus sur sa chaise, impatient de savoir avec qui il allait devoir s'expliquait afin de le forcer à travailler avec lui. Non ce projet ne lui plaisait pas, cela allait créer des problèmes qu'il n'avait pas envie d'avoir. Son plan d'avenir ne devait pas être terni par un stupide projet. Depuis la fin de sa seconde, il avait décidé de ne pas rater ses chance de partir loin, et d'intégré une bonne école ou université. Il s'était remis à travailler sérieusement afin d'obtenir de bon résultats, il ne pouvait pas se permettre d'avoir une mauvaise moyenne dans une matière aussi importante. Archibald réalisa qu'il n'avait pas écouté attentivement les sujets qui seraient proposés aux élèves, et il se mordit les joues d'énervement, il aurait pu prendre des notes. Il s'agaçait à l'avance de savoir avec qui il serait qu'il gâchait déjà ses chances pour réussir ce projet. Son professeur de littérature afficha au tableau un fichier Excel avec les noms des élèves de la classe et les projets. Archibald compris que les groupes n'étaient pas encore faits et que le professeur allait faire un tirage aléatoire avec un programme informatique. Le professeur pris encore le temps d'expliquer comment cela fonctionnait et Archibald souffla d'impatience, il en avait marre d'attendre, il voulait savoir. Il n'était pas le seul, les murmures dans la classe s'intensifièrent. Il crut entendre quelqu'un dire « je veux bien être avec n'importe qui sauf la bête ». Archibald essaya de voir qui avait osé prononcer cela, mais il ne trouva pas le coupable.

Puis le professeur, appuya sur une touche et les groupes s'affichèrent, Archibald chercha son nom, il le trouva au-dessous de Belle. Il était en groupe avec elle. Tout l'énervement ressenti disparu, remplacé par une angoisse. Il était avec Belle. 

La belle et la bêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant