2. ¡Venga ya!

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2. ¡Venga ya!


À peine sentis-je ma conscience revenir qu'un tentacule d'inquiétude se tendit vers ma Petite Ombre. Sous l'effleurement, son ronronnement m'emplit, apaisant aussitôt la panique prête à poindre à l'éveil de mon esprit.

Passée la première vérification, je maintins mes paupières closes pour m'assurer d'un deuxième point : Lactea Via. Et là, je plantai. Comme un vieil ordinateur qu'on forcerait à se connecter à l'internet pour la première fois, je me retrouvais perdue, déconcertée par le chemin obscur supposé me guider vers les liens de meute. Alors je bifurquai, tentai une nouvelle approche et fonçai vers la corde la plus puissante me reliant à Aaron. Mais, à la manière d'une équilibriste incapable d'évoluer sans lumière, je perdis le fil, plongée dans un noir complet, et glissai : je réintégrai aussi sec ma tête sans être parvenue à frôler ne serait-ce qu'un seul esprit.

Joder, qu'est-ce que c'est encore que ce bordel ?!

La colère eut tôt fait de remplacer l'incompréhension et je finis de me reconnecter à mon environnement. Je repérai la présence de mon cousin et, ni une ni deux, sans chercher à savoir s'il avait pris connaissance de mon réveil, je bondis du lit dans lequel j'étais allongée.

Pas de temps pour une inspection des lieux ; je m'élançai sur Valentino qui leva les yeux tardivement de son smartphone pour me regarder, ahuri, le frapper d'un bon gros coup de tête dans le front. Il se vautra du tabouret sur lequel il se tenait et se mangea le mur derrière lui en hurlant dans sa langue natale. Bien que je saisisse l'essentiel des insultes qu'il me lançait, je l'ignorai, focalisant mon attention sur une mallette déposée sur le lit d'en face.

Je m'étais attendue à me sentir un brin vaseuse, ou déphasée, mais il n'en était rien. Je pétais le feu, comme si je m'étais réveillée depuis un moment en me gavant de caféine. Et j'hésitai à mettre ça sur le compte de l'adrénaline.

Je pivotai, attrapai mon cousin au col et le plaquai contre le mur, exactement de la même façon que le Primum avait agi la veille. La veille ? Quel jour étions-nous au juste ?

— Qu'est-ce que tu m'as filé, Val ? grondai-je.

— Chic-Ice.

Je fronçai les sourcils, dans l'espoir qu'ils se touchent et que la connexion se fasse.

— C'est quoi ? assenai-je en l'écrasant un peu plus.

— Drogue espagnole. Elle brouille l'accès à la Lactea Via.

Je le relâchai sans douceur, un souffle de soulagement m'échappant. Pas de panique, rien n'était définitif, ce n'était qu'une drogue, et ma Petite Ombre était toujours là.

Valentino se redressa lentement, sous mon regard glaciaire, tout en se massant le front. Je tournai sur moi-même pour observer la petite chambre étroite affublée de deux lits simples collés aux parois, parallèles l'un à l'autre. Une armoire haute fixée au sol et au plafond bas, ainsi que deux tablettes au-dessus des têtes de lit parachevaient le maigre mobilier de la pièce. Je rivai mon regard sur l'unique fenêtre ovale, partiellement masquée par des stores en lamelles fines.

Je me ruai dessus et manquai d'arracher le rideau pour constater que je n'avais pas halluciné : nous étions sur un foutu bateau ! Sitôt ce fait enregistré, mon cerveau réalisa que quelque chose n'allait pas sur cette moquette beige, avant de comprendre que le sol tanguait. Mon estomac me fit remarquer qu'il n'était pas certain d'apprécier cette nouvelle condition.

Little Shade - Retomber sur ses Pattes ( TOME 3 ) sous contrat chez HlabOù les histoires vivent. Découvrez maintenant