Deux étoiles dans le ciel

Aux

Ma p'tite étoile, ça va faire cinq ans maintenant. Cinq ans qu'tes partie.

Cinq ans qu'je tourne en rond dans ma vie. C'est comme-ci j'vieillissait avant l'heure. J'ai l'impression d'avoir soixante balais, alors qu'non, putain, j'en ai qu'vingt-deux.

T'a déteins sur moi, aussi. J'sais pas pourquoi, ni comment, mais j'suis devenu presque une copie conforme de toi.

Regarde : j'parle aussi mal qu'toi, comme un gosse d'là banlieue. J'suis devenu tout aussi triste que toi, et bordel ça fait mal d'être complèt'ment cassé. Mal à l'intérieur, au cœur, à l'âme. Ouais ça me tue d'l'intérieur, me détruisant lentement et douloureusement.

Eh aussi, ... toi t'aimais les étoiles et maintenant t'en es une moi aussi elles m'passionnent. J'fais des études, Aiyana. Ouais des études. Dans l'astrologie.

Moi aussi j'me suis mis à aimer la nuit et le pluie.

Le soleil, p'tite étoile. Tout l'monde aime l'soleil non ? Tout l'monde est content quand l'été arrive, et qu'ces rayons chauds te parcourent le corps. Bah moi, t'sais, l'soleil il m'brule. Dès que j'le voie mes yeux s'remplissent de larmes. J'ai envie d'courir, crier, hurler, partir là-bas mais loin d'ici. M'enfermer dans une salle, une pièce, n'importe quoi mais quelqu'chose qu'à une porte, un verrou et une clef. J'peux plus regarder cet astre lumineux en face sans avoir à sentir mon cœur se serrer dans ma poitrine semblant se recroqueviller.

Et t'sais pourquoi ?

Parc'que t'étais mon soleil. T'étais le soleil d'ma vie, qui m'illuminait dès j'te voyais, m'faisais sourire tout l'temps. Tu m'donnais cette chaleur, c'bonheur d'exister, d'vivre.

Et toi, tu voulais qu'je t'oublie.

Parc'que ouais, ta lettre, j'la connais par cœur, sur l'bout des doigts. Mots pour mots, j'sais même ou sons toutes tes virgules et tes abréviations.

Parc'que ouais, Aiyana, moi aussi j't'aimais. J't'aimais à m'en faire mal, j't'aimais à tel point que j'aurais pu donner ma vie pour toi. M'tuer pour qu'tu sois heureuse ne serait-ce qu'une seconde.

Bordel de merde.

Tu sais quoi ?

Moi aussi j'avais jamais ressenti ça avant.

Et ouais, p'têt ben qu'j'ai eu peur.

Et qu'maintenant encore j'en tremble rien qu'en pensant à c'feu ardent qu'y'avais dans mon cœur à chacun de tes passages dans ma vie.