Chapitre 18 - Fin

34 4 0
                                    

Emma jeta une dernière pelleté sur le monticule de terre humide qu'elle venait de créer pour reboucher la tombe.

Le regard toujours en larme, elle se redressa et se débarrassa de sa pelle en la jetant derrière elle.

Elle ramassa son fusil à verrou et la croix en bois qu'elle avait récupérer avant d'entreprendre de creusé la tombe, puis se servit de la crosse de son arme comme d'un marteau pour enfoncer la croix dans le sol, devant la sépulture.

Elle prit son couteau, et marqua de sa plus belle écriture, le nom de celui qu'elle venait d'enterrer :

Capitaine Frantz Van Derressen
      13/07/1916 - 15/12/1944

Avant de lui dire adieu pour toujours, elle avait pris soin de regarder sa date de naissance dans son livret militaire ; et de plaçer toutes ses médailles et insignes correctement sur sa veste.

Elle plongea la main dans la poche droite de son manteau, et en sortit la craie blanche que son offcier lui avait donner.

Elle s'en servit pour ajouter de la couleur à son écriteau gravé, puis l'a remis dans sa poche avant de poser le casque du capitaine SS sur la croix qui portait son nom.

Elle regarda un instant la sépulture, qu'elle avait mis en tête, bien aligné avec toutes les autres tombes de ses camarades.

Elle pris son casque et son fusil, puis parti vers la position enterré.

Elle s'asseya sur le rebords de la tranchée, a califourchon d'un angle droit, les jambes pendantes dans le boyau boueux.

Son regard été vide ; perdu dans le brouillard.
Son corps transit de froid et meurtris de fatigue portait son visage crasseux ; noircit par la poussière et la poudre brûler.
Seul deux sillons verticaux et immaculés descendaient le long de ses joues en partant des yeux, creusé par ses larmes qui coulaient encore.

Sa bouche légèrement ouverte, rejetée de la vapeur d'eau à chacune de ses respirations.
Elle lâcha un soupir en pensant à la poignée de camarade qui se trouvaient encore dans la tranchée, un peu plus loin, leurs corps sans vie toujours allongé dans la tourbe du boyau défensif.

" désolé sergent..." lâcha-t-elle d'une voix faible, le regard perdu à quelques mètres devant elle.

Elle s'en voulait de ne pouvoir offrir une sépulture descente à tout ses camarades d'infortune. Mais celle de l'homme pour qui elle avait tant d'admiration avait déjà été trop dur pour elle.

Malgré la détresse de son esprit et les visions d'horreur qui tournaient dans sa tête, elle ne pouvait s'empêchait de se demandé ce qu'il adviendrait d'eux.

Le fait de ne pas les avoirs enterrés les condamnaient-ils à devenir des monstres sanguinaire, prisonniers entre la vie et la mort ?

Pour elle, les renforts arriveraient bientôt et s'en chargeraient.

Bien que seul, assise sur le sol glacé à fixer ce brouillard qui refuser de ce dissipé, elle avait l'impression d'être observée.

Alors que sa tristesse inconsolable faisait encore coulaient des larmes sur son visage meurtris, autrefois si doux et serein ; elle pensait à son capitaine...

" Qu'est-ce que tu fait encore la ? " Dit une voix derrière elle, qu'elle reconnut aussitôt.

La jeune femme tourna lentement la tête pour regarder derrière elle.

Quelques mètres en arrière, légèrement sur sa gauche ; Frantz la regardait.

Dans une posture affirmée, et son uniforme impeccable, il avait fier allure.

" Je t'ai demandé de partir ! " lui dit'il d'une voix douce.

Le regard perçant et mystérieux de son beau visage qui ne portait aucune trace de combat l'interpella. Mais en voyant son manteau, absent de la moindre trace de sang, la jeune femme compris, et détourna les yeux pour contempler à nouveau l'épaisse brume d'un regard perdu.

"- Tu n'es pas là... dit'elle d'une voix nouée de chagrin. Tu es le fruit de mon imagination...
- Ça n'enlève rien à ce que je t'ai dit. Précisa Frantz. Tu dois partir maintenant ! Ou ils te tueront toi aussi.
- Tu es un peu plus loin...  je t'ai enterré la bas... dit la jeune allemande.
- Emma ressaisi toi ! Tu es la seule survivante ! Ne gâche pas ça... s'il te plaît.
- J'ai tout perdu... dit la jeune femme d'une voix tremblante dont les larmes se firent plus intenses. Ma famille... ma maison... mes amis...  toi..."

Frantz ne bougeait pas. Mais elle sentait son regard posé sur elle. Comme s'il attendait autre chose de sa part.

"- Tu sais... reprit'elle. Quand je suis allait voir Elsa les premières fois à l'hôpital... j'ignorais ce qui aller ce passer... j'avais de la peine pour vous deux. Pour toi...
Si loin de tout, au millieu de la guerre... et qui devait en plus endurer une séparation...
J'ignorais qu'elle ne cesserait de parlé de toi ! De ta bonté, de ton engagement, de ton courage... de l'homme merveilleux que tu était dans sa façon de te décrire... comme dans celle de mon père...
Et qu'à travers ces récits... je tomberais amoureuse de toi..."

Son coeur meurtris se noua davantage encore en prononçant ces mots.

"- Emma, part maintenant ! Lui dit l'officier.
- Je t'aime...
- Emma, s'il te plaît ! Dépêches toi ! Ils vont arrivaient !
- Dit moi que tu m'aime, Frantz... demanda la jeune allemande. "

Mais n'ayant aucune réponse, elle tourna la tête dans sa direction.

Le capitaine n'était plus là. Il avait disparu...

Elle se détourna légèrement pour pouvoir apercevoir au loin derrière elle, la tombe de l'officier, qui ne tarderait pas à être englouti par les ténèbres de la nuit qui se rapprochée.

Elle poussa un profond soupir de désespoir, puis se leva lentement.

Elle ramassa son casque pour en recoiffer sa tête, ainsi que son fusil dont elle plaça la sangle sur son épaule.

Elle regarda le sentier qui démarré de la tranchée, non loin d'elle, et qui allait ce perdre dans la forêt qu'elle avait traversée avec tout ses camarades pour venir vivre ici l'enfer avec eux.

Mais au lieu de partir dans sa direction, elle se détourna ; pris une petite impulsion pour faire une grande enjambée par dessus la tranchée, puis se mit en marche en direction du village, au millieu de l'épaisse brume qui l'engloutit rapidement.

Elle marcha un moment, perdu dans ses pensées, avant d'être déboussolé par cette purée blanchâtre qui l'entourait et qui ne lui permettait pas de voir à plus de quelques pas devant elle. Mais elle savait que le village était devant.

Elle pensait être au millieu de la plaine, lorsqu'elle s'arrêta.

Au millieu de ce nuage opaque qui l'entourait, pas un bruit ne lui parvenait.
Pas de vent, pas de branche qui craque, ni même le son d'un oiseau.
Seul un silence de mort raigné au milieu de cette plaine désertique noyé dans le plus intense des brouillards.

La jeune allemande avait le regard perdu et malheureux.

De sa main, elle fit glissé la sangle de son arme sur son épaule, pour laisser tomber son fusil a terre.

Elle retira ensuite son casque, qu'elle tenut au bout de ses bras pour contempler, la tête baissée, le rune SS qui se trouvait sur le côté droit.
Puis elle le laissa tombait au sol.

Cette brume, anormale et dense, s'étendait loin, et ne laissé rien entrevoir.
Comme si ce qu'elle dissimulait, devait le rester...

Mais soudain, des sons éloignés se firent entendres.
Des bruits sourd, mêlés à des bruits de pas ; qui semblaient s'accélérés.

Des râlements rauques...

Quelques choses en grand nombre courraient dans le brouillard.

Puis le hurlement déchirant d'une femme retentit dans toute la plaine.

Et enfin un silence de mort revint s'installer jusqu'à la tranchée.
Ne laissant discerné ...
     ... que des ombres dans le brouillard

                                        FIN

Des ombres dans le brouillardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant