L'arrivée

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J'avais envisagé de m'engager avant de le rencontrer, en tant qu'officier spécialisé. Ça m'aurait permit d'exercer mon métier pour lequel j'ai fait cinq ans d'études. Mais soyons honnête, la partie sportive ma toujours bien arrêté et fait hésité longtemps. Le sport et moi nous n'étions pas très ami depuis ma blessure au genou. Je sais que j'aurai pu m'y remettre, mais la peur de définitivement abimer mon genou m'a toujours hanté. Je ne voulais plus revivre ça, alterner les moments de bien et les moments ou je devais me retrouver en béquille. Tout ça parce qu'une fille n'avait pas respecté les consignes de sécurité quand on fait du rugby. Le rugby c'était ma passion, j'en ai fait pendant quelques années et du jour au lendemain, je me suis retrouvée coincé dans un corps qui ne voulait plus répondre à mes demandes. Pendant mes trois années de lycée, je n'ai pas pu faire vraiment de sport, ma blessure revenait dès que je forçais un peu dessus. Oui, j'ai détesté cette fille. J'aimais le sport, mais j'ai fini par le détester lui aussi et par le craindre.

Puis mon conjoint a fait une entrée fracassante dans ma vie. Les choses ont très vite évolué entre nous et il n'était plus question de m'engager, ni même d'être prof. Au bout d'un mois en master MEEF j'ai tout abandonné pour pouvoir le rejoindre, Et puis je ne partais pas sans rien, j'avais déjà un master de recherche dans les mains. J'ai donc quitté ma Normandie natale pour le rejoindre à l'autre bout de la France. Honnêtement, si il avait fallut, je serai partie avec lui au bout du monde.

Beaucoup diront ou penseront que j'ai tout sacrifié pour lui. C'est faux. Je n'ai rien eu à sacrifier. J'ai suivie mon cœur et j'ai fait ce qui me rendait heureuse. Si on ne fait pas ce qui nous rend heureux, à quoi bon vivre ? Et mon passé n'a pas était difficile à quitter. Ce qui a été le plus dur, c'est de laisser mes amis, ceux avec qui j'avais vécu tellement de choses, bonnes comme mauvaises.

Alors, après un mois de relation, je me suis jetée dans l'inconnue, à l'aveugle dans une nouvelle vie. Moi qui aimait tout organiser, tout planifier mais aussi prévoir des solutions de replis, je suis partie sans aucun filet de protection. Ce qui m'a aidé, c'est le soutient inconditionnel de ma famille. Aucun d'eux n'a remis en question mon choix. Je peux vous l'avouer, je suis fière de mes parents et de ma fratrie qui m'a soutenue et aidé dans mes démarches.

Un mois c'est peu, j'ai été la première à le reconnaître et à m'en inquiéter. J'avais l'avantage de le connaître depuis près de 3 ans à travers nos amis, ce qui a sans doute beaucoup aidé. Mais j'avoue en avoir été inquiète. Je me suis posé beaucoup de questions. Déjà comment j'ai pu tomber aussi vite amoureuse de lui ? Quand on a commencé à vraiment ce parler, il se trouvait à plus de 11h de vol de la métropole, en MCD. Et bien sur, aucun de nous deux n'avait prévu plus que de nouer le contacte avant son retour. Pour moi, il faisait parti de mon groupe de pote. Des mecs avec qui j'avais grandit, que je connaissais pour certains depuis la maternelle.

On c'est vu un mois après le premier message et quand je l'ai vu, tout ce que je voulais faire c'était de fuir. Aujourd'hui je peux en rire, mais ce jour-là, j'étais plus que nerveuse. La dernière fois que je l'avais vu, c'était plus de 2 ans et demi auparavant à une soirée du jour de l'an. Et durant cette soirée, j'avais passé ma soirée à le fuir comme la peste. Il était déjà, à cette époque, bien trop dangereux pour mon cœur et nous étions tous les deux engagés avec quelqu'un. Quelques temps après, il s'engagé dans l'armée, il faisait ce qu'il rêvait de faire, servir son pays. Alors oui, je savais quel était son métier en me mettant avec lui, mais je ne savais pas tout ce qui suivrait. Il faut bien comprendre une chose, je ne me suis pas mise avec le militaire, mais bien avec l'homme. C'est de l'homme que je suis tombée amoureuse, que j'aime, pas de l'uniforme.

J'ignore si pour les autres femmes « de militaires », c'est la même chose, mais mon militaire garde énormément de chose pour lui. J'ai parfois l'impression de ne faire que figurante dans sa vie à coté de l'armée. Soyons honnête, l'armée est la maîtresse de notre conjoint. Ce qu'il vit là-bas, c'est fermé, quand il est là-bas, notre vie n'est plus qu'une lointaine bulle qui s'envole. Avec le temps j'ai appris a le comprendre, sans un mot. Bien souvent il ne veut pas parler, il a juste besoin que je sois là. Alors je suis là et j'attends, j'attends parce que je sais qu'au bout d'un temps il finit par parler. Parfois ce n'est pas grand-chose, quelques broutilles, mais parfois c'est plus dur. La mission passe avant tout, pour nous aussi car sa vie peut en dépendre. C'est bien ça le plus dur. Ne pas pouvoir tout lui dire. Moi qui dis toujours tout ce que je pense, tout ce qui me passe par la tête, j'ai dû apprendre et j'apprends encore aujourd'hui. La seule chose que je puisse faire quand il rentre, c'est le prendre dans mes bras et le garder autant que je le peux. Les mots sont superflus quand on retrouve l'être aimé. Quand il revient à la maison, il laisse une famille pour en retrouver une autre. 

MCD : Mission de Coopération de Défense 

Ma vie de femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant