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"Cher toi,

Te souviens-tu, l'instant d'un soir, des étoiles ? Leur charme n'était réel seulement parce qu'il te fallait patienter pour les voir. Parce que certaines nuits, le ciel offrait un bleu couvert, un bleu d'une teinte si nuancée qu'elle faisait disparaître ces minuscules points lumineux. Parce que d'autres soirs, leur reflet sublimant ton regard qui ne pouvait s'en détacher. Parce que désormais, le ciel sans cesse las et gris, ne daigne plus à nous les exposer.

Ne m'oublie pas. Pas moi...

Te souviens-tu, l'instant d'une seconde, de ces vastes forêts ? Enfin peut-on réellement oublier ces étendues si mystérieuses aux robes saisonnières ? Je regrette tant les saisons. Les rares coins d'ombres en été. Les pluies de feuilles brunes sur le gai vendangeur. Les brèves étincelles d'un feu de cheminée. Les pensés colorés face à des paysages fleuris. N'aimiez-vous pas vous roulez indéfiniment et innocemment dans des champs de flore estivale, à en perdre même la notion du temps ? Parce que désormais, les terres las et meurtries, ne daignent plus à nous offrir aucun signe de vie.

Ne m'oublie pas. Pas moi...

Instant prochain ? Instant d'antan ? Instant présent ? Minutes et secondes se brouillent dans mon esprit. Il devient périlleux de répondre à toutes ces questions. Où, quand... Comment ? Je perds le fil. Je ne ressens plus rien. Plus de colère, plus de nuages aux couleurs trop sombres. Plus de nostalgie, dessiné dans ces feuilles aux couleurs ternies par le temps. Plus de naïveté, cachée dans ces instants infantiles, encore adossée contre le tronc d'un arbre. Plus rien si ce n'est de la mélancolie, des larmes depuis les cieux. Continuellement. Petit à petit, seconde par seconde, minute par minute, je m'éteins. Je ne suis plus.

J'ai besoin que tu te souviennes. Remémore-toi. Rappelle-leur. Ne m'oublie pas. Pas moi... Je t'en conjure."

Lettre à l'avenir d'hierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant