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Une lettre dans une lettre. Pas un bulletin scolaire désastreux. Ni une convocation chez le principal. Ou pire, au tribunal. Seulement une enveloppe ou reposait une lettre dans une lettre.

Deux mots tachaient la robe immaculée de ce papier fletri par le temps : Elio Upton. Plus aucune raison de douter, ces paroles atypiques lui étaient adressées. Néanmoins il remarqua l'absence inusuelle d'une signature. Dans un foyer pour l'enfance, les correspondances manuscrites se faisaient rares, voire oniriques. Alors il était simple de concevoir l'ahurissement du jeune garçon face aux mots posés par cet inconnu dont il était le destinataire.

Encore subjugué par ce qu'il tenait entre ses mains, Elio effleurait les deux feuilles de ses doigts afin de sortir de cette inertie qu'il pensait être un rêve.

- Aie !

Le moindre soupçon d'irréalité s'évapora alors à la seconde où le papier coupa le doigt de l'orphelin. Il ne dormait pas. Il n'imaginait rien.

Après relecture, Elio ne cessait de penser qu'il y avait eu confusion, que l'auteur se leurrait à son sujet. Il s'était dégoté une place plutôt confortable au sein de l'obscurité et ne ressentait nul besoin de la quitter.

- Et aucun vulgaire vaisseau de papier porteur d'un quelconque message ne me fera de nouveau songer à la question, pensa-t-il à voix haute. Encore moins cette cassette douteuse...

Et c'est à cet instant même instant qu'il notifia enfin sa présence. Par mégarde, il ne l'avait pas entendue tomber sur le sol alors qu'il délivrait la lettre de son enveloppe. Elio attendit donc pas plus longtemps, pas même pour la considérer dans son ensemble, la saisit et s'éclipsa de sa chambre. Il savait exactement où se rendre.

              

- Charlie. Charlie, murmura-t-il au travers de la porte compte tenu de l'heure tardive. Charlie !

Du bruit se fit entendre dans la pièce.

- Elio ? Il se fait un peu tard pour les visite de courtoisie, tu ne crois pas ? répondit-elle d'une voix enrouée tout en l'invitant à rentrer.

Son regard fit le tour de la pièce en un bref instant pour finalement se poser sur un objet en particulier. Il s'en approcha avant de demander :

-  Peux-tu me montrer comment cela fonctionne ?

La cassette en main, il ne quittait plus des yeux sa camarade dans l'attente d'un coup de main.

- Je ne savais pas que tu affectionais particulièrement les anciens objets, dit-elle sarcastiquement.

- Charlie, s'il te plaît, ajouta-t-il d'un ton suppliant.

La jeune ne se posa pas plus de questions, ouvrit son magnétophone et y déposa la cassette d'Elio. Puis elle mit enfin un terme à cette interminable attente en poussant le bouton "play".

"Ceci est ma lettre à l'avenir d'hier, à mon passé proche, à nous..."

Cette seule sentence tournait en boucle dans le lecteur de cassette.

- Cette voix m'est familiaire, sais-tu qui s'adresse à toi ? s'interrogea Charlie.

- Je n'en ai pas la moindre idée.

- Il te faut regarder au dos, l'as-tu fait ?

Elio fit non de la tête.

Charlie récupéra alors l'objet de toutes leur interrogations et lut l'inscription qui s'y trouvait :

- D'un toi d'une autre époque.

-FIN-

Lettre à l'avenir d'hierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant