Chapitre 1 : Pluie, tonnerre et lasers

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Cette journée-ci s'annonce pluvieuse.

Le tonnerre me fait sursauter. Si bien que j'en ai presque peur pour ma vie. La pluie tombe sans retenu et le son des gouttes d'eau qui frappent la fenêtre de ma chambre serait comparable à des clous. De toute évidence, il faut sortir les parapluies...

Aujourd'hui est le jour J, le jour du dévoilement de l'immense machine de mon père au laboratoire.

Pour se rendre à destination, il nous faut environ de cinq à dix minutes en raison de son aménagement à plus de trois kilomètres d'ici. De quoi se doucher avant d'arriver... De plus, les portes menant à l'intérieur du labo sont à l'opposé de là où on arrive. Et même si cette situation se perpétue depuis ce qui me semble être des siècles, rien n'a été amélioré au niveau de l'emplacement des portes. Mon père trouve cela pathétique. Je compatis avec lui.

Je m'empresse de me mettre mon bandeau bleu sur le front, un vieux sarrau qui traînait par-là sur le dos, mon sac sur les épaules et un parapluie qui, lui aussi, traînait là, derrière ma table de chevet, tout juste aux côtés de mon lit, sous la seule fenêtre de ma chambre, au-dessus de la tête. Je suis maintenant prêt.

Mais apparemment, ce n'est pas le cas de mon père.

- Tak!? T'es prêt!? Je mets les sandwichs dans des sacs et on peut y aller! J'ai hâte de te montrer ça! Tu vas juste ADORER! Crois-moi!

- Je te crois, p'pa, que je me force de lui répondre de ma voix toujours endormie.

Je dévale les quelques escaliers menant à la cuisine avec une vitesse fulgurante que je n'ai pas voulu ; c'est comme si on me tirerait vers l'avant avec une force invisible. Fulgurant, c'était le bon mot.

Je suis accueilli par l'air ébahi de mon père que je m'empresse d'ailleurs d'ignorer. Ce n'est pas le moment. Je dors debout, et tu le sais, que j'aimerais lui dire. Mais j'ai tout de même un minimum de respect, quand même...

- Je crois que nous sommes parés! Attache ta tuque, on y va, me dit-il d'un ton trop enthousiaste pour mon humeur qui est restée au lit ce matin.

Mon père le sait que je ne me sens pas dans mon assiette, alors il fait tout pour me remonter le moral. Le problème, c'est qu'il m'énerve plus qu'il me n'aide.

- T'as ton parapluie? que je lui pose par habitude.

- Oh! Oui! Désolé! J'arrive!

Aucun commentaire. C'est comme ne pas donner de pioche à un mineur. Ou encore, ne pas donner de bécher à un chimiste. Je crois que celui-ci convient mieux avec la situation.

Quoi qu'il en soit, prêts ou pas, on y va.

Je n'ai aucune espèce d'envie d'aller prendre une douche froide dehors avec les éclairs. Mais avons-nous vraiment le choix?

Machinalement, j'ouvre la porte d'entrée du côté avant de la maison et, comme si la nature voulait me retenir à l'intérieur, un énorme brouhaha provenant du ciel frappe de plein fouet le sol de gravier et les arbres environnants en prenant soin de bien l'enfoncer dans mon oreille. J'en suis projeté vers l'arrière tellement le choc est puissant. On aurait pas juste dit un coup de tonnerre, mais un tremblement de terre intense. L'onde de choc s'était dispersé partout autour de nous. Sur le coup, je pouvais même entendre les meubles dans la maison trembler. Le tout se passant en une fraction de seconde.

Mon père, quand à lui, s'en contre fou.

- Pfff. J'en ai déjà vu des pires que celui-là! En route!

Des pires que celui-là? Papa, as-tu été dans l'armée? Je n'ai jamais entendu un son aussi fort et jamais été projeté vers l'arrière par une onde de choc. C'est très perturbant. Et ça fait quand même 16 ans que je suis sur Gaïa, alors...

Ici et là, nous pouvons entendre les petites branches craquer, les feuilles de couleur jaunâtre qui danse, et bien sûr, la pluie tombant à une vitesse démentielle. C'est sans compter le tonnerre.

Depuis la scène de tout à l'heure avec cette "onde de choc" perturbante, je sursaute à tous les coups de tonnerre. Vraiment. Je ne devrais pas avoir peur du tonnerre. Je suis bien placé pour le savoir. J'ai essayé de raisonner mon père sur le fait est que ce n'était pas normal que j'eus aussi peur et que ce coup de tonnerre était si puissant. En vain.

Je crois que nous marchons depuis maintenant cinq minutes. Le temps passe vite. Malgré cela, je trouve le temps long. Très long. Si bien que je me suis, sans m'en rendre compte, plongé dans mes pensés.

Alex Shadow, le petit ami d'Angelika.

Je me souviens de lui. Même si nous nous sommes perdus de vue petit à petit, il hante toujours ma tête de temps en temps. Qu'est-il devenu? Pourquoi est-il parti du jour au lendemain sans prévenir qui que ce soit? Pas même Angelika. Personne avec un grand P. Aucun de nous ne sait ce qu'il est devenu ni où il est parti. Une chose est sûre : il ne reviendra sans doute pas.

Quelque chose attire mon regard.

En face de moi, l'édifice en brique blanche se dresse majestueusement. Ses quelques dizaines de mètres de hauteur lui donne un air imposant. C'est le laboratoire. Beaucoup de gens fuient cet endroit par peur d'y être tués à la vue des lasers rouges sur leur corps.

En réalité, ces lasers ne sont pas faits pour mirer des cibles ou des ennemis. Ils sont là pour la reconnaissance. Ceux qui veulent entrer dans la propriété doivent d'abord effectuer un scanner. Les données sont ensuite enregistrées dans l'ordinateur principal relié à l'ordinateur personnel de mon père et au mien. Encore aujourd'hui, je dois répéter cette phrase plusieurs fois dans ma tête avant de la comprendre.

Plus nous avançons, plus le toit en forme de dôme s'écarte de ma vue en passant vers le haut. Ceci étant dit, le laboratoire devient plus gros à chaque pas.

Une minute de plus est nécessaire pour atteindre les portes qui, je le répète, sont à l'opposé de là où moi et mon père sommes arrivés. Heureusement qu'entre temps la pluie s'est calmée...

La lumière au bout du tunnel est proche. J'aperçois le cadre de la porte droite. Pour une raison inconnue, mon coeur se met à battre très fort. Un peu trop à mon goût. Je n'arrive pas à me contrôler et je n'aime pas ça.

- Okay. Laisse-moi juste le temps... de sortir ma carte...

Il tire sa carte clef de son sac. Pourtant, ca ne sert à rien.

- Euh... papa? Tu sais que t'as juste à appuyer sur le bouton de la sonnette pour entrer... Tu t'es déjà fait scanné...

- Hein? Ah! Oui! Pardon. Seigneur... je suis vraiment dans le champ, aujourd'hui...

- Ouais... je te le fais pas dire...

JustWill7 : O.C partie 2 (Annulée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant