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un jour j'ai lu ceci quelque part mais je ne sais plus où : "À quel ciel veut-on accéder alors qu'en réalité il n'y a aucune frontière entre le ciel et la terre ? Le ciel commence sous la plante de nos pieds et ne s'achève pas. La Terre est en lévitation dans le cosmos qui n'est autre que le ciel. Nous aussi nous sommes d'ailleurs des êtres célestes. Techniquement, dans un ordre microscopique, il y'a toujours un infime espace entre la plante du pieds et le sol. Nous sommes donc aussi en lévitation comme la planète qui nous porte, nous volons au lieu de marcher".L'Homme a cet affreux défaut de ne pas évaluer la grandeur de tout ce qu'il a, obnubilé par ce qu'il aimerait avoir. Même après avoir obtenu ce qu'il a désiré. En quête constante de bonheur alors qu'il ne se satisfait de rien. Et même, la société ne laisse plus personne profiter de rien assez longtemps. Le bonheur n'est peut-être pas un idéal à atteindre mais il est intégré dans notre cycle d'aléats. Nous avons l'impression que les malheurs prenent plus de temps dans notre existance parce que nous ne savons pas apprécier les bons moments. Je me pose souvent de drôles de questions. Mais sûrement pas aussi drôles que les principes de vie absurdes que les humains s'imposent.
Vous arrive-t-il de repenser à vos moments d'extase ? Ceux qu'on passe une vie à poursuivre ou essayer de bâtir comme un projet avec de la motivation, des objectifs et de l'ambition. Alors qu'ils sont récurrents tout au long d'une vie. On y repense souvent après une longue période quand ça va mal et qu'on veut se reconforter avec des regrets et de la nostalgie. Pas après qu'on les ait vécu. On n'y pense pas dans l'immédiat. On passe à autre chose. Les sensations ressenties durants ces instants sont encore perceptibles quand on les savoure une dernière fois peu de temps après les avoir vécu. Il est alors plus probant de les mémoriser ; plus accessible quand on doit consulter sa mémoire.
Certaines personnes, les plus positives, se masturbent le moral en se délectant de ses souvenirs autant que faire se peut. Ils sont alors insouciants et pensifs. Amors un simple soupir peut leur permettre de surmonter une épreuve. C'est comme la clôture d'un passage pour une dimension parallèle quand on revient à la réalité. Ah les pensifs !Profitez-vous assez souvent de la divine grâce accordée à nos âmes damnées qu'est la pensée ? Celle qui fait que quand je regarde un ciel bleu un peu nuageux, les nuages y étant comme du coton collé sur une grande toile bleue, je vois l'oeuvre de Dieu. Quand je regarde une relief forestier, je ne vois une mer de verdure plein d'autres âmes à qui l'homme a absous de la pénitence d'une conscience (encore faut-il qu'il les considère aussi comme des êtres vivants). Quand j'admire la féminité je ne vois pas qu'une femme mais la représentation concentrée en une seule créature de la réalité qu'est la beauté. On ne prend pas assez le temps de réaliser a quelle point la nature est belle. On ne prend pas assez le temps de mesurer la beauté des moments qui nous sont offerts à chacuns selon ses goûts.
J'ai vu cette fille, ma petite amie à l'époque, allongée dans mon lit, endormie car fatiguée de m'avoir soutenue durant la validation de mon premier diplome, après la cérémonie de remise. Et j'ai su profiter de ce moment que j'aurais aimé éternel. C'est presque tout ce qu'il me reste des années après notre séparation. Je ne me souviens pas avoir vécu un autre moment aussi merveilleux. En sortant du lieux de la cérémonie elle m'avait demandé si on allait faire la fête avec les autres. Je lui dit que je préférais qu'on rentre parceque j'étais fatigué. Mais elle l'était plus que moi et s'est endormie avant moi. Je vois encore sa silouhette posée comme une sculture, éclairée comme dans une vision d'apparition biblique par les quelques rayons filtrés par les vitres de la fenêtre qui rendaient cette image presque irréelle. Et j'étais là à me demander ce que j'avais bien pu faire pour mériter une telle bénédiction. Quand elle s'est réveillée, je crois qu'elle avait encore pleuré (ça lui arrivait soivent), en se rendant compte que je n'avais pas dormi, que j'étais resté là à la regarder. Je crois qu'elle m'avait réitéré à quel point elle m'aimait. Et j'avais embrassé sa lèvres mouillées par ses larmes.
Profitez-vous assez de vos beaux moments ? Comme un pot bien arrosé avec des amis et des inconnus, aussi long que possible, animé de musique et de paroles. La gueule de bois d'un dimanche qui met étrangement de bonne humeur (pour ceux qui savent quoi boire pour ne pas souffrir après. Ceux qui n'avalent pas tout et n'importe quoi en même temps). Une sortie en boîte organisée au point qu'on se sent comme des pops stars en y étant. Une bonne partie de jambe en l'air... Comme ce voyage entre Port-gentil et Libreville que j'avais passé avec le visage sur le hublot pour admirer la côte qu'on avait bizarremenr longé cette fois et qui m'offrait l'image d'un Gabon fabuleux par ses plages proprement colorées et bancs de dauphins qui se donnaient en spectacle comme pour me saluer. Ou bien ce moment lors de mon premier voyage en train où j'ai pu un court moment admirer une partie de la Lopé, je ne saurais aujourd'hui vous décrire comment je l'ai perçu. Même dans des conditions compliquées ou désagréables, il m'arrive parfois d'une façon absurde de trouver des moments de bonheur. Comme pendant ce voyage en bus entre Libreville et Tchibanga où j'ai pu contempler la savane dans la Ngounié et me rendre compte, par là même, qu'il n'y a plus assez de villages au Sud. Désolé de ne voir que trois cases en écorces de bois, au milieu de nulle part, tous les trentes ou cinquante kilomètres. Prenez-vous le temps de profitez de vos voyages !?
Après avoir foulé le sol de huit provinces du Gabon sur neuf et avoir vécu régulièrement dans cinq je peux vous dire avec conviction que je ne suis toujours pas fier d'être gabonais et me sens étranger chez moi depuis mon adolescence. Parce que les gabonais ne savent pas profiter de l'immense privilège qu'ils ont d'avoir un tel pays. Mon esprit d'avant réapparaît à chaque fois que je parcours une région inconnue. J'ouvre grand mes yeux, mes narines et mes pores pour en absorber le plus possible l'essence.
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Shiva nous lisait ce texte de son auteur préféré sur wattpad. Ça parlait d'un type qui a fini par perdre la boule, je crois bien, ou un truc comme ça. Je ne le sais parce que cette grande lectrice qui n'a jamais lu un vrai livre de sa vie me parle tout le temps des histoires qu'elle lit sur Wattpad. C'était pour nous garder calmes dans sa chambre. Si on ne le restait pas, on risquait de recevoir des rafales de coups pour chaque mouvement effectué sans son aval. Elle était punie et tenue de nous surveiller pour nous avoir laissé commettre tout genre de bêtises la veille parcequ'elle était allée discuter avec un garçon dans la rue pendant des heures alors qu'on était sous sa responsabilité.
Je revenais tout juste d'un énième vogage au confin de mes pensées quand j'ai regardé autour de moi et vu que Léyi était endormi, Lucas faisait rouler son bolide américain en miniature sur une piste imaginaire du sol, Jedi jouait avec ses crottes de nez, Amly était dans son téléphone et moi, j'avais beau fait l'effort de la suivre ; bien qu'enthousiasmée par ce beau récit, je n'avais pu résister l'appel de mon imagination, me projetant sur ma journée du lendemain durant laquelle j'apprendrais comment accéder au dark web.