Tome 2. Réel ~ 17

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Je regarde à travers la vitre du train, en essayant de penser à quelque chose de joyeux. Je veux arriver heureux, et pas triste. Je ne veux pas que Nokoé me voit comme ça. Je n'ai même pas réussi à lui avouer ce qu'il m'était arrivé.

On était sensé s'appeler il y a deux jours, une fois que je serais rentré chez-moi, après les cours, mais je n'ai pas réussi. J'ai passé mon temps à pleurer, et à vomir.

Ma mère n'a pas compris ce qu'il m'arrivait. Mais elle ne pourrait pas comprendre. Tant que ça ne nous est pas arrivé, on ne peut pas savoir ce que ça fait. C'est impossible. Ça nous fait nous sentir tellement comme... Un objet, un déchet, un moins que rien... Vraiment, avaler le crachat de ce garçon, ça a été la pire chose qu'il ne me soit jamais arrivé. Parce qu'évidemment, ils m'ont forcé à l'avaler.

Le train finit par arriver à la gare, et un léger sourire vient prendre place sur mes lèvres. Je me dépêche de sortir, avec la petite valise que mon petit ami avait laissé chez moi. J'ai préféré prendre celle-là, parce que c'est la plus petite que j'ai. A peine sorti du train, j'aperçois mon copain au loin, et je marche le plus vite possible dans sa direction. Je ne lui laisse pas le temps de dire le moindre mot : je me jette sur lui et le serre fort contre moi. J'ai besoin qu'il me fasse un câlin.

- Camille ?, s'inquiète-t-il. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu pleures ?

- N-Non...

Je tente de mentir, mais je sais bien que c'est peine perdue. Moi qui avait prévu d'arriver tout sourire, c'est raté.

- Camille, répète-t-il, en me serrant encore plus dans ses bras, dis moi ce qu'il se passe...

- Non.

- Bébé...

Je secoue la tête, ce qui le fait soupirer. On reste un moment comme ça, avant qu'il ne me pousse pour prendre ma tête entre ses mains, et m'embrasser. Ses lèvres ont un goût sucré. C'est sans doute parce qu'il a un chewing-gum. Vu l'odeur, je dirais que c'en est un à la fraise.

- Je t'aime, me dit-il après avoir mis fin à notre baiser.

- Moi aussi...

- Et moi, intervient le garçon à côté de mon petit ami, je n'ai pas le droit de recevoir des compliments ?

Je cligne plusieurs fois des yeux, avant de me rappeler de lui. C'est celui qui était venu me parler, dans le train.

- Tu es le cousin de Nokoé ?, je lui demande.

Il hoche la tête en souriant, avant de me tendre sa main pour me dire bonjour. Une fois les présentations faites, on sort de la gare et on marche jusqu'à la maison de mon petit ami. Il a dit qu'elle n'était qu'à quelques minutes à pieds. Je profite du trajet pour regarder les rues, et apprécier le contact de sa main tenant la mienne.

•••

- J'ai faim, me dit Nokoé, on va manger ?

- Si tu veux.

Il me sourit, et dépose un baiser sur ma joue avant de se lever de son lit pour aller dans la cuisine. Je le suis, en souriant. Je suis content d'être ici. Sa présence me fait du bien.

En plus, même s'il a un peu insisté pour que je lui dise ce qui n'allait pas, ça n'a pas duré longtemps. Il m'a dit qu'il préférait que je passe une bonne journée, et qu'il ferait tout pour. Mais il m'a quand même prévenu que je devrais tout lui raconter, ce soir...

- Qu'est-ce qu'on va manger ?, je lui demande.

- Raph va aller acheter des pizzas, me répond-il tout en dévalant les escaliers.

Je le suis, en descendant moins vite que lui, pour ne pas tomber. Avec ses jambes, il peut descendre et monter les marches deux par deux, voir trois par trois. Il a de la chance d'être aussi grand.

En arrivant en bas, je vois Raphaël sortir de la maison, et mon petit ami se jette sur le canapé.

- Viens !, s'écrie-t-il en ouvrant grand les bras.

Je souris, et vais lui faire un câlin. Depuis que je suis arrivé, on ne fait que ça. Enfin, on a passé l'après-midi à jouer aux jeux vidéos, mais je n'ai pas quitté ses bras une seule fois. Et tant mieux, parce que je suis bien, contre lui.

- Maintenant qu'on est plus que tous les deux... Tu peux me dire pourquoi tu t'es mis dans cet état quand tu es arrivé ?

- Ça va t'énerver...

- Je m'en fiche, me répond-il, dis le moi.

Je déglutis, puis lui raconte rapidement ce qu'il s'est passé il y a deux jours. Je n'ose pas lui dire qu'ils m'ont forcé à avaler leurs crachats. Je... Je ne peux pas lui dire ça.

Quand je m'arrête de parler, il ne me répond pas. Il se contente de me serrer plus fort contre lui, et de déposer des baisers dans mes cheveux. On reste comme ça un moment, jusqu'à ce que son cousin ne revienne avec les pizzas.

Je veux te voir {SMS}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant