Chapitre 8

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Il a soudainement l'air grave et je sais exactement pourquoi. Il devait penser à mon accès de colère. En revanche, je ne savais pas comment lui savait. Je suis sûre qu'il n'avait pas assisté à la scène - et c'était d'ailleurs tant mieux. Je ne veux pas en parler, et il ne semble pas le vouloir non plus. Malgré tout, il me paraît que mon visage prend la même expression d'inquiétude et de peine que le sien. J'aimerai tellement pouvoir bouger la tête pour ne pas avoir à affronter son visage. Je ferme les yeux pour éviter toute confrontation avec son regard perdu et me change les idées. J'essaie d'abord de penser à la fête de ce soir, me disant que ce n'avait pas été très malin de m'être mise autant en colère pour rester coincée dans un lit. Mais le sujet m'avait ramenée à la haine dont j'avais fais preuve il y a à peine quelques temps - je ne savais toujours pas quelle heure il était. Ça m'engoisse, me lie une corde autour de mon estomac, inexplicablement. Elle se serre à chaque fois que je me revois plaquer mon ami sur le mur. Je déglutis, signe que mes membres se dégourdissaient progressivement. Cet avalement de salive me fait malgré tout mal, mais pas parce que ma gorge est encore endormie, je le savais. Je ne m'étais jamais autant mise en colère de ma vie. J'étais de nature très calme, et cette saute d'humeur me faisait extrêmement peur. Je ne voyais pas comment j'ai pu me mettre en colère aussi vite, c'était impressionnant tellement c'en était effrayant.

Ne tenant plus de rester les yeux fermés sans pouvoir m'endormir pour ne plus avoir à supporter son regard qui - je le savais - était obstinément tourné vers moi, je les rouvre. Il me regarde alors longuement, sans ciller. Je ne le contient plus et essaie de détourner la tête. Encore sans y arriver, me rendant encore plus ridicule que je ne l'étais sûrement déjà.

Je vois sa bouche inspirer longuement pour me dire d'une voix lasse mais avec un soupçon d'anxiété :

_Explique moi.

Je rosis et opte pour une réponse facile.

_Expliquer quoi ? dis-je d'une petite voix.

Il lève les yeux aux ciel, ce qui me peine un peu.

_Ce qui c'est passé il y a seulement une demi-heure.

Je fis un rapide calcul dans ma tête, il était donc une heure et demi de l'après-midi. Emma, Lou, Ben et Matt étaient en cours. Mais lui était ici, avec moi. Je me pétrifie alors - encore plus que je ne l'étais déjà -, me rendant soudainement compte des paroles qu'il venait de prononcer. Mes joues virent pivoine. Très embarrassant.

Je ne savais pas quoi dire. La vérité ? Après tout, si il savait déjà pour la colère que j'avais éprouvé, il devait déjà tout savoir. On devait lui avoir tout raconté. Mais si je choisissait la vérité et qu'on ne lui a raconté que les grandes lignes, j'allais lui faire du mal. J'allais donc testé ses connaissances.

_Je me suis mise en colère contre Sefyu, dis-je en essayant de faire disparaître le rouge qui m'était monté aux joues.

Il hoche la tête, m'invitant sûrement à poursuivre, ce qui me prend au dépourvu : je ne cherchais pas un hochement de tête, plutôt une réponse nette. C'est donc moi qui continue :

_Je l'ai plaqué contre le mur et je lui ai hurlé dessus et, comme tu peux t'en apercevoir, je me suis trop mise en colère, ce qui n'est pas dans mes habitudes, et je me suis évanouie.

Il n'ose toujours rien dire ni détourner ses yeux de moi, m'affrontant du regard tel une poupée de cire. Je ne peux à nouveau pas le soutenir plus longtemps et détourne les yeux de lui.

Pourquoi me scrutait t-il si intensément ? C'était dérangeant.

Il ouvre finalement la bouche :

Last Friday Night : La chuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant