Chapitre 17

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Mon plus grand souhait avait été de mourir à l'instant. Je n'avais pas voulu supporter plus, je ne m'en sentais définitivement pas capable. Il était bien sûr évident que cette phrase qui m'avait écorché le cœur telle un poignard excessivement aiguisé m'était adressée, sans l'ombre d'un malheureux doute. Je n'étais pas naïve et ne voulus pas m'attarder sur l'espoir futile et infondé que peut-être mon frère n'avait parlé pas de moi en ses mots il y a peine quelques instants. Non, je savais parfaitement qu'il parlait de moi. Comment pouvoir en dire autrement ? Que je me doutais de cela ne voulait pas dire que je n'étais pas peinée. Bien au contraire, j'étais anéantie. Le choc subit était si intense que mon cœur déjà complètement décomposé semblait avoir douloureusement planté ses milliers de bout coupant dans mes côtes. Je ne sentais plus mes membres qui malgré cela tremblaient d'une manière excessive.

Doucement, je me rendais compte de ce que ses paroles impliquaient. Il ne voulait pas me voir ici. Moi, sa petite sœur. Est-ce que cela voulait également dire qu'il ne m'aimait plus ? Sûrement. Heureusement pour moi, mon cœur ne vint pas à se recomposer à nouveau, dans le cas contraire, il aurait une autre fois exploser dans ma poitrine, me tuant sur le coup de la douleur. Si il ne m'aimait plus, je ne voyais même plus de raison de vivre. Une larme coula le long de ma joue pour s'écraser sur le sol. J'avais envie de détaler, courir loin. Mais mes jambes ne répondaient plus. Elle ne m'obéissait plus.

Un verre se brisa, suivit d'un autre et d'un bruit de poigt qui s'écrasait sur une table.

_Lydia, reviens ici immédiatement !! tonna cette voix qui m'était plus que familière.

Quoi ? Était-il vraiment en train de... ? Je repris subitement le contrôle de mon corps et ma main qui tremblait avec une certaine violence se déparalysa et rejoignit ma jambe. Mon instinct me criait de toutes ses forces de fuir, si bien que c'en était douloureux. Mais je ne pouvais pas. Fuir voulait dire renoncer à mon frère, croire qu'il était vraiment capable de battre sa femme. Or, concevoir ceci m'était impossible. C'était Eliott. Eliott. Il ne pouvait pas faire ça. Impossible. Pour moi, il était encore le grand frère sur qui je pouvais compter quoi qu'il se passe. Il ne pourrait jamais en être autrement. Jamais.

Il fallait que j'ouvre cette porte, pour en avoir le cœur net. Ce même cœur battant, je posai une main tremblante sur la poignée. Le bruit de ma bague qui cliquetait sur le métal me fit déglutir. " Je ne crois que ce que je vois " avais dis St Thomas. C'est ça. Il fallait que j'entre et que je vois qu'il ne la frappait pas. Qu'il l'embrassait, qu'il l'aimait, qu'il la chérissait, quitte à les surprendre au lit plutôt à la frapper. Tout, mais pas cela. Pas cela.

Malgré ma puissante détermination, ma main s'obstinait à ne pas pouvoir tourner cette fichue poignée. Je redoutais ce que j'allais y découvrir. Je fermai les yeux un instant, sentant mon front se recouvrir d'une fine pellicule de transpiration dûe au stress et à l'appréhension. Le cliquetis de l'anneau que j'avais autour du doigt continuais son bruit dérangeant contre le métal de la poignée.

J'empoignais avec une nouvelle force ce métal et tournait la poignée dont la porte s'ouvrit abruptement. Je rouvris les yeux. Je n'avais rien fais. Ma main n'avait pas ouvert la porte.

Il se tenait devant moi, dans l'encadrement de la porte, il était si grand que je ne pouvais pas voir son appartement derrière lui. Ses sourcils se rejoignaient presque, froncés au possible par la colère, provoquant des plis profonds sur son front, ses yeux étaient emplis d'une lueur machiavélique, anodine, ses pupilles dilatées, ses narines tremblotaient signe particulier que je n'avais auparavant vu qu'un nombre restreint de fois, exprimant une haine totale, sa mâchoire était serrée et il grinçait lentement mais puissamment des dents.

Mon seul réflexe eut été de faire un pas en arrière, ravalant ma salive. L'homme qui se tenait en face de moi ne ressemblait ni de près ni de loin à mon aîné Il était emplit d'une telle vague de méchanceté que cela en devenait presque méphistophélique. J'ouvris la bouche et écarquillai les yeux d'horreur. " Ce n'est pas lui... Non... Non ! Réveille toi ! " Je fermai les yeux de toutes mes forces et les rouvris peu après de nouveau, convaincue que ce serait suffisant pour que je réaparraisse dans mon lit, que toute cette mascarade ne soit plus qu'un cauchemar passé, mais l'air me manqua lorsque mon regard se posa de nouveau sur lui et sur sa vive colère qui pouvait à chaque instant retomber sur moi. En me voyant agir ainsi et lisant dans mes yeux comme un livre, déchiffrant ainsi mes intentions et mon étonnement, les plis de son front s'atténuèrent quelque peu et il s'adoucit légèrement. Cependant, pas assez pour que je puisse le reconnaître enfin.

Last Friday Night : La chuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant