Comment se sentir belle, face à elle?
Comment se sentir importante face à eux?
Comment se sentir aimée face à lui?
Questions destructices me poussent à frapper mon mur de mes deux poings. Comment m'aimer à ma juste valeur, de façon objective, quand d'un simple geste du doigt, je suis confrontée à ces êtres divins? Pourquoi sont-ils parfaits? Pourquoi ne le suis-je pas? Pourquoi les vois-je de cette façon? Pourquoi ne me voient-ils même pas? Pourquoi le monde dans lequel nous vivons semble tellement différent, d'un point de vue à l'autre? Pourquoi la vie est magnifique à travers leurs yeux? Pourquoi est-elle si noire et sombre à travers les miens? Pourquoi sont-ils tant entourés? Et pourquoi me sens-je si seule? Pourquoi recoivent-ils que des regards admirateurs? Pourquoi je ne reçois que des regards las et impassibles? Pourquoi sont-ils tellement heureux tous ensemble? Pourquoi me mets-je de côté? Pourquois semblent-ils tous triomphants par rapport à moi?
Allongée, les yeux humides et fatigués, j'admire avec envie et haine le visage angélique de ces filles diaboliques. Les réseaux sociaux ont enterré la vision de la vie parfaite que j'avais conçue pour ma personne durant les 16 premières années de ma vie, au fin fond de la planète, désintégrée, fondue par la lave de jalousie qui sculpte chacunes de mes pensées. Je suis fatiguée de voir ses anges sur chacunes des pages. J'en ai marre de lire toujours la même histoire qui se finit bien et qui me détruit encore plus à chaque fin heureuse. Egoistement, je veux qu'elles souffrent, qu'elles se mettent cinq petites minutes dans ma peau, et qu'elles voient ce que cela procure comme sensation d'être seul avec son couteau, de devoir traverser des choses avec l'unique force de notre moral qui se fragilise, de sourire parfois pour faire bonne impression, de ne pas être vue, de ne voir dans la glace qu'un corps qui ne nous appartient pas et que nous rêvons de quitter, de voir l'humanité avec un tel détachement, de ne s'attacher à personne, de vivre dans l'ombre du monde, de ne plus avoir d'espoir.
Allongée, les yeux bouffis et fatigués, j'appuie faiblement sur le nom de celui que j'aime. Je le vois, riant avec une, souriant malicieusement à l'autre et mon coeur se brise en une infinité de pièce qu'il faudra reconstruire avec la plus fine des minuties pour parvenir à ne plus me faire voir la vie comme le pire des démons, l'être le plus cruel et insensible. Il me regarde de ces yeux bleus à travers ce portail virtuel que je déteste tant, si seulement il pouvait me prendre dans ses bras, là maintenant, et me dire que ça a toujours été moi. Lorsque mon espris vacille dans un paradis, je plane à travers ces anges, je deviens divine, aussi belle et intéressante que les autres, je deviens aimée et vue par les grands de ce monde. Je cligne quelques fois des yeux, le retour à la réalité est brutal, je vois juste le sourire radieux de celui que j'aime et que je hais. Son beau sourire charmeur ne fait que me narguer tout au plus : "Regarde comme je suis heureux entouré de toutes ces personnes formidables!" J'ai envie de vomir, je devrais. M'aimerait-il si j'étais plus fine, plus à l'image de ces filles diaboliques? Vais-je me sentir plus belle si je commence à me détruire, plus en vie? Je veux qu'il me voit avec de l'amour. Serait-il triste si je disparaissait? La réponse est évidente... Il ne me connait pas, moi je connais son visage par coeur. C'est difficile de se sentir si à l'écart de la seule chose que nous désirons.
Allongée, les yeux fermés et fatigués, l'esprit en vrac et le coeur en miettes, j'essaye de me dire que tout n'est pas si noir, que j'ai de la valeur, que la vie vaut la peine d'être vécue. J'essaye de me dire que ces diablesses sont malheureuses, qu'il m'aime. J'essaye de trouver en mon fort intérieur quelque chose de positif, caché au fin fond de mon esprit, une idée, un avis. Qui suis-je pour oser avoir des pensées pleines de colères envers des personnes parfaites? Qui suis-je pour haïr celui que j'aime parce que je ne peux pas contrôler ses sentiments? Je ne suis personne. J'ai besoins de valeur et d'amour.
J'ai besoins de dormir.
