Spectre - tome 1 - Au delà de la mort

2 - Andréane

Les jours suivants furent très difficiles, c'est tout ce que je puisse en dire, chaque jour me paraissait plus morne que le précédent et je ne parlais pas de la culpabilité qui me rongeait. Si je n'avais pas lancé cette boule neige, elle n'aurait jamais glissé sur cette plaque de glace. Mes parents s'inquiètaient pour moi, si je me fiais à tous les chuchotements que je percevais chaque soir. Je savais que je devais passer par dessus, mais comment? Chaque soir, je sentais le goût salé de mes larmes, chaque matin, mon oreiller était trempé.

Aujourd'hui, ça faisait trois semaines, trois longues semaines... Chaques jours à l'école, je recevais des questions concernant l'accident. Plus le temps passait, moins j'en avais. Mon duo que je formais avec Andréane s'était transformé en solo. J'étais dans une bulle, une bulle de silence. J'avais même cru voir Andréane. J'avais l'impression de devenir folle.

Les conversations de mes parents étaient de plus en plus longues chaque soir.

Allongée dans mon lit à chercher le sommeil, je les entendis encore. Qu'est-ce qu'il avait de si important à se dire?

Finalement, poussée par la curiosité, je me redressai et tentai d'intercepter un ou deux mots. Je tendis l'oreille dans le noir, des bribes de phrases et de mots me parvinrent.

— ...Faut lui dire...Sûre... ça pourrait... dangereux... don... je ne... mais oui... don... dan... que... boul... sé... effet... génétique...

C'était inintelligible, comme chaque fois. Je me retournai pour regarder par ma fenêtre. Mon regard se posa sur quelqu'un assis sur un toit... Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là? Tout de cette personne était légèrement bleutée, je pouvais voir à travers. C'était tellement étrange. Mes yeux se plissèrent pour distinguer ses traits. Non, c'était impossible... J'hallucinais, c'était inévitable. Ça devait être la faute de la fatigue. Je clignai des yeux pour dissiper cette illusion qui ressemblait trop à Andréane.

Pourtant, elle resta là. La forme se retourna pour parler à quelqu'un. Je me concentrai pour voir de qui il s'agissait. Lentement la personne commença à s'esquisser. Presque invisible au début, il le devenait de moins en moins, comme Andréane, je pouvais voir à travers.

C'était irielle, tout simplement impossible. Je tentai de dormir, j'en avais besoin. Cependant j'en fus incapable. Après m'être tournée et retournée,  je me redressai. Je me concentrai sur ce qui semblait être mon amie, l'autre était un homme âgé d'une soixantaine d'année. Un étourdissement me pris et tous deux disparurent. Mais juste avant, Andréane avait acquiescé de la tête. J'avais eu le temps de la voir se retourner vers moi.

Comme si voir ceci avait puisé toute mon énergie, mes yeux se fermèrent et le sommeil m'engloutit dès que ma tête toucha mon oreiller.