3 - Léonard

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En me réveillant, la première chose que je pensai fut: « avais-je rêvé? ». Sûrement, comment pouvais-je la voir alors qu'elle était morte?

J'étais devenue cinglée, j'hallucinais. Est-ce que je devais en parler avec quelqu'un? Si oui, à qui? Je n'avais plus d'ami et mes parents avaient suffisamment de tracas comme ça. Mieux valait garder le silence. Peut-être n'était-ce que passagé?

Je me tournai vers mon cadran. Je pouvais y lire sept heures et quart. Alors que tous les adolescents de mon âge devaient rester couchés en ce samedi, je me levai.  J'avais besoin d'aller me promener alors que tout était encore silencieux et calme.

Silencieusement, je sortis dehors, non sans avoir laissé une note sur le comptoir.
Je sentis l'air glacial du matin. Je me promenai au hasard dans les rues. À mon plus grand soulagement, je croisai peu de personnes.

Je profitai de cette liberté que je ressentais ainsi seule, loin des couloirs achalandés de l'école.

L'aurore se levait. Je laissai mes pas me guider. Bientôt, le fleuve Saint-Laurent s'étalait devant moi. Bien que pollué, il gardait la beauté que chaque cours d'eau possède.

Ici, j'étais seule et juste bien. Je pouvais enfin réfléchir.

Je sentis alors une présence à mes côtés. Je me tournai, mais il n'y avait rien. « Dites-moi que ça ne recommence pas », pensai-je. Alors que j'allais détourner le regard, il me sembla voir quelque chose, alors  je plissai les yeux et me concentrai. Lentement, quelqu'un semblait se matérialiser.

En la reconnaissant, mon sang ne fit qu'un tour: Andréane.

Je tournai les talons brusquement, quand j'entendis:

— Attends, je voudrais te parler, me dit la voix d'Andréane.

— Non, ce n'est pas vrai, ce n'est que mon imagination, murmurai-je pour me convaincre.

— Non, je suis bien réelle, répondit-elle en s'approchant.

Je secouai la tête. Puis, je sentis une main se poser sur moi. Je me figeai, la pression était bien réelle.

— Mais... comment... réussis-je finalement à dire, en état de choc.

— Je ne suis pas la meilleure placée pour t'en parler, me répondit-elle.

Je ne pouvais rien dire. J'hallucinais, c'était sûre. Mais, pourtant, une partie de moi était convaincue que c'était vrai.

— Suis-moi, continua-t-elle.

J'étais tout simplement figée. Andréane me jeta un regard découragé devant mon manque d'action, comme seule elle savait le faire.

Je finis par la suivre. Qu'est-ce que j'avais à perdre? Elle m'emmena dans un vieux bâtiment abandonné. Je n'arrivais pas à l'identifier, elle le contourna pour rentrer par la porte arrière. Après une courte hésitation, j'y pénétrai. Le plancher de bois craquait sous mes pieds. La bâtisse avait dû être vidée. Quelques fenêtres crasseuses filtraient les quelques rayons de Soleil, laissant voir la poussière volante.

Quelqu'un se tenait tout au fond. En me voyant, il s'approcha. J'eus un mouvement de recul. Sentant ma peur, il s'arrêta. Tout comme Andréane, il était légèrement translucide et bleuté. C'était l'homme qui parlait avec elle hier, sur le toit. Maintenant qu'il était devant moi, il me disait quelque chose.

— Kristel, n'est pas peur, me dit-il.

N'est pas peur... j'étais pétrifiée. Mes mots restèrent coincés dans ma gorge. Et comment pouvait-il savoir mon nom?

Je cherchai Andréane des yeux. Celle-ci était adossée sur un mur.

— Je sais ce que tu vis, continua-t-il.

Devant mon manque de réponse, il enchaîna:

— Tu vois les morts maintenant, n'est-ce pas?

Les morts... ses mots résonnèrent en échos dans ma tête. Je verrais donc le fantôme d'Andréane.

Il me laissa réfléchir quelques instants.

— Tu n'es pas folle, tu as don, dit-il.

Je relevai les yeux pour le regarder.

— Mais... comment? réussis-je à articuler.

— Comment? J'aimerais bien le savoir, me répondit-il. Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est génétique. Et je m'appelle Léonard, je suis ton...

— Arrière-grand-père, complétai-je dans un souffle.

Maintenant, je comprenais ce sentiment de déjà vu, je l'avais vu sur une photo.
Il hocha la tête.

— Viens, approche, m'invita-t-il.

Je cédai, avide de comprendre.


Désolé pour ce long temps d'attente. Durant les dernières semaines, j'étais tout simplement débordée sous mes devoirs et études. Je tenais à vous dire que je n'avais pas abandonné Spectre.

Spectre - tome 1 - Au delà de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant