Maisons et interdiction [Terminé]

20.

- Jules ? ...

- Je te dois des explications, Barbara. Il y a quelques temps, j'enchaînais les relations amoureuses, que je voyais comme des issues à mes problèmes familiaux, professionnels et même d'alcool parfois. Le sexe était devenu mon échappatoire pourtant je n'ai eu aucun coup d'un soir. Savoir que la personne n'avait pas de lien avec moi, aurait renforcé ma solitude. Quand j'ai voulu me détacher de ses personnes, elles n'ont pas compris alors je suis devenu violent. Rien de très grave n'est arrivé mais ça aurait pu. De peu. À certains moments.

- ... C'était avant ou après Ève ?

- Avant car mes parents et Benjamin ont profité de la situation pour m'enterrer encore plus profondément. C'est eux, le déclic. J'ai décidé de changer et Ève est apparue. Je l'avais prise pour l'arc-en-ciel que j'attendais mais il s'avère que ... tu connais la suite. Luc et Clara ont tout fait pour m'aider, à chaque fois.

Clara ? Serait-ce la voix que j'ai entendu derrière celle de Luc au téléphone ?, cogite-t-elle en grimaçant.

- C'est sa copine. Ils sont ensemble depuis ... 10 ans, cette année d'ailleurs. Elle l'a aidé. Quand ils étaient jeunes adultes, mon frère était parti bien plus loin que moi, dans des univers plus sombres, comme la drogue et les tentatives de suicides. Je fume des cigarettes depuis mes 14 ans, il m'y a fait goûter. J'en ai honte, c'est une mauvaise habitude que j'essaie de faire disparaître, petit à petit.

- Tu pensais que Luc me dirait tout ça ?Alors qu'il t'as aidé ?

- Écoute, tu en as peut-être eu un aperçu, mon frère est souvent imprévisible. Mais j'ai confiance en lui. Pour ce qui est de ... nous, sache que je ne veux pas te blesser, vraiment pas. Mais j'ai constamment peur que le connard que j'étais reprenne le dessus.

- Jules, ...

- Laisse-moi te poser une question. Est-ce que je t'ai fait peur ? Là, il y a quelques minutes ?

- J'aimerai te répondre que non, avoue-t-elle, les yeux brillants et la voix tremblante en se jetant dans ses bras.

Sentir Barbara contre son torse et ses bras autour de sa taille le calme puis le détend au fur et à mesure qu'ils respirent. L'odeur de son propre gel douche sur la peau de la jeune femme lui donne aussitôt le sourire aux lèvres.

- Excuse-moi, ce n'était pas mon intention, Barbie, assure-t-il en lui rendant son étreinte.

- Je comprends pourquoi tu n'as pas voulu me dire tout ça, affirme-t-elle en s'écartant un peu pour le voir, face à face.

- Ah oui ?, s'étonne le photographe.

- Tu hésitais peut-être à m'en parler par crainte de me perdre ou alors tu n'étais tout simplement pas fier de l'ancien toi. Peu importe car aujourd'hui, tu es le modèle : moi aussi j'ai besoin de vider mon sac et te dévoiler une partie honteuse de mon passé, articule Barbara en regardant ses pieds.