Chapitre 8

23 1 1
                                    

J'entre donc silencieusement dans la classe.

- Qu'est-ce que tu fais là? demandai-je.

- J'ai perdu un morceau de mon bracelet.

- Un cadeau?

- Oui, me répondit alors Esteban avec une grande émotion dans la voix, que je ne lui avais encore jamais entendu. Et toi?

- Moi?

- Oui. Qu'est-ce que tu fais là? A moins que maintenant me fixer ne te suffit plus et tu joues la stalqueuse?

Je le regardais droit dans les yeux, puis... quelque chose arriva alors entre nous deux qui ne s'était encore jamais produit. Nous tombâmes tout les deux dans un grand fou rire. C'était la première fois que je le voyais ne serait-ce que sourire. Il était aussi... Beau qu'à son habitude.

- Non, j'ai oublié ma trousse.

- Ah! C'était la tienne? Ne sachant pas à qui elle était, je l'ai amené à la vie-scolaire.

- Puis tu es revenu ici?

- Oui, c'est à peu près là que j'ai remarqué qu'il manquait un bout de mon bracelet.

- Bien. Je posa alors mon sac par terre, devant le tableau blanc, retroussant mes manches.

- Tu fais quoi?

- Je vais t'aider bien sûr.

- Et ta trousse? Et tes devoirs?

-Je les ferai après, c'est pas bien grave... Et puis tu avais l'air d'y tenir, donc bon. Puis j'essaie aussi de gratter des points au près de toi mon p'tit coco.

- Ça se voyait tant que ça?

- Ça s'est plutôt entendu, dis-je alors en coinçant une mèche de cheveux derrière mon oreille, m'accroupissant pour l'aider à chercher.

On tâtonnait un peu par tout. "Ah! Ça y est, je le vois!" me dis-je. J'avançais donc rapidement à quatre pattes, et...

- Aïe!

- Aïe! Ça fait mal. Pardon, ça va?

Il me regardait de ses yeux rouges, éclaircis par le ciel orangé, filtrés par les grandes fenêtre de la salle. Nos visages n'étaient qu'à une dizaine de centimètres.

- Ce n'est rien, j'aurai dû faire attention moi aussi...

Il y avait un grand silence. L'on apercevait chacun sur l'autre, l'ombre des arbres fleuries qui bougeaient lentement, le son des pétales de fleurs des arbres qui s'entre-choqués entre eux, et... Elle était là,... L'odeur de mon premier amour qui se mélangeait à celle du bâtiment.

- Tes yeux... Sont magnifiques, Esteban.

- Tu dis ça pour me faire plaisir. Tout le monde les trouve affreux et monstrueux.

Nous n'avions pas bouger, toujours assis par terre. Dans un grand silence nous nous étions dit ces mots calmes et réchauffant.

- Non, je suis sincère. On dirait que tu as un éclat de Ruby dans l'œil.

- Merci, toi aussi ils sont magnifiques. Les reflets dans tes yeux châtains sont dorées. Et ils brillent tant qu'on dirait que tu es constamment triste.

Je ne pu m'empêcher de sourire pour ne pas rire.

- On dirait que tu m'écris un poème...

- Je peux t'en faire un si tu veux.

- Tu en fais beaucoup des dédicacés? me moquais-je de sa réponse un peu maladroite.

- Non, mais pour toi, c'est pas parei...

- ...

- Euh, enfin! En tant qu'amis! Non pas qu'Akira ne soit pas le mien, je pourrais aussi lui en écrire un, c'est juste que je n'y ai jamais penser! Et aussi... Euh, je vais m'arrêter là.

Je crois que c'est la première fois qu'il parle autant devant moi. Et je ne parle même pas de sa prise de panique... C'était trop mignon... Mais quand même un peu gênant, surtout que mon visage n'a pas bougé, il doit être en train de se demander ce que je pense de lui.

- C'estttt... Ta mère qui t'a offert ce bracelet?

- Oui, il y a longtemps.

Je le regardais de nouveau, son air songeur était de retour. Avec le silence, j'ai sentis comme une barrière se replacer entre nous, puis, sans que je m'y attende...

- Elle est décédé il y a neuf ans, dans un accident, avec mon père.

- Dans un accident de quoi... Enfin non, tu n'es pas obligé de me le dir...

- Je ne sais pas. Il redressa soudainement la tête. Sur sa joue se trouvait une perle salé. Il avait craqué. J'ai,... J'ai oublié! Il fondit alors en larme, et... Je n'ai pas pu contenir mon trop plein d'amour qui débordait ces derniers jours. Je l'ai alors pris dans mes bras et lui dit en chuchotant doucement, le plus tendrement possible que le ferait une mère:

- Chut, ça va aller. Les grands garçons ne pleurent pas. Il suffit qu'on cherche ensemble et on retrouvera ce que tu as perdu.

Ses sanglots cessèrent, puis je le lâcha, de peur de l'avoir contrarié. Il m'observait, le visage neutre, mais les yeux encore rouges. C'était pesant pour moi, je ne l'avais pas fait exprès. Cette réaction m'était venue instinctivement.

- Je euh... Je suis dés...

- Merci, me dit-il l'air étonner.

Je ne pus lui répondre qu'un sourire, me relever, prendre mon sac, et le regarder se lever et enlever la poussière de son pantalon.

- Tu sais, ce que j'ai dit, je le pense vraiment. Si tu veux, cherchons ensemble ce qui te manque pour compléter le puzzle.

- Oui, merci April, me répondit-il affectueusement. Au revoir! me cris-il alors dans la cage d'escalier qui résonnait.

- Au revoir! À demain Esteban! Rentre bien!


{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}

Voili voilou!

{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}{}

Tome 1: Celui qui m'était destinéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant