Chapitre 3: Londres

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En sortant de l'établissement, j'admirai la plaque sur la grille avec marquée « Maison de Correction de Houndsditch Dr. Angus Bumby ». Je regardai ensuite les rues de Londres, toujours aussi sales, alors que les hommes de chantier construisaient le métro Londonien. Le bruit des pelles et des pioches résonnaient dans mes oreilles tandis que la poussière rentrait dans mes poumons, m'obligeant à tousser pour mieux respirer.

Toutes les maisons étaient en briques, le ciel, gris, toujours nuageux. Ce ciel rajoutait de la morosité à cette ville. Et les gens n'étaient pas mieux... certains ne faisaient que boire toute la journée pour oublier tous leurs problèmes. Finalement cette solution m'apporterait peut-être plus que les soins de Bumby... Je soupirai, désespérée. Il y avait aussi des gens hauts placés dans cette ville mais ils ne valaient pas mieux que les autres. Ils avaient pourtant réussi, mais ils se bourraient la gueule quand même.

En passant dans une rue, un violoniste jouait sa complainte et son air m'emplit de tristesse. Pourtant, dans une ruelle, les enfants s'amusaient, ignorant la souffrance du pauvre homme. Je lui donnai une misérable pièce, la seule que j'avais et il me fit un grand sourire chaleureux. A quelques mètres, j'entendis une petite fille chantonner face à un mur :

- Le train du marchand de sable lève les voiles, dit-elle d'une voix douce et pensive, ses sièges douillets et ses roues en étoiles. Vite, mes petits, ne craignez rien. L'homme dans la lune est le mécanicien.

Ce poème me semblait étrange mais familier, comme s'il venait d'un fragment de mon passé, sans savoir lequel. Je décidai alors de continuer mon chemin, laissant ainsi la fillette poursuivre son monologue.

Au tournant suivant, un chat passa devant moi en miaulant, me faisant sursauter. Je lui lançai un regard noir et j'aurais juré qu'il se moquait de moi. Il me fixait avec ses yeux bleus et patientait tranquillement comme s'il souhaitait que je le suive alors que les personnes aux alentours ne semblaient pas l'avoir remarqué. Quand je fis un pas vers lui, il reprit sa course folle, m'obligeant à le suivre et m'amenant à Whitechapel Market. J'essayai de le trouver parmi tous les stands. Je passai devant beaucoup de commerçants qui vendaient des fruits, des légumes, de vêtements, etc. Ce ne fut pas très compliqué de retrouver le chat avec son pelage blanc contrastant énormément avec cet environnement. Je le trouvai au coin d'une rue, à faire sa toilette. Il miaula en m'apercevant et je m'accroupis près de lui.

- Petit chat, dis-je avec une voix fluette, prête à l'amadouer. Minou, minou ! N'ai pas peur !

Alors que je commençai à approcher ma main pour le caresser, il m'ignora complètement et reprit au pas de course son chemin. Je me relevai, non sans lâcher quelques injures sur ce chat qui me faisait perdre mon temps, mais je lui emboitai tout de même le pas, trop curieuse.

Plus loin, des gens hurlaient et je m'arrêtai, voulant voir la cause de cette agitation. Dans une rue reculée, un homme se faisait battre sous le regard des adultes et des enfants. Je mis ma main devant ma bouche quand je vis la victime cracher du sang et m'avançai, oubliant momentanément le chat, voulant m'interposer entre ces brutes et cette pauvre personne. Geste complètement désespéré ma pauvre Alice...

Au moment où je m'approchais suffisamment des hommes, une forte poigne me retint et me retourna violemment.

- Reste pas là, Alice. J'ai arrêté des gens moins fêlés que toi.

- Qu'a fait cet homme ? je demandai.

- Ce ne sont pas tes oignons, Alice. Dégage si tu ne veux pas finir comme lui !

Cet homme de grande stature vêtu de noir qui venait de me parler et de me retenir était un officier de la ville avec qui j'avais déjà eu quelques problèmes. Je me défis de sa poigne d'un coup sec, les poings serrés. J'ai l'impression que c'est lui qui empêche les gens d'intervenir.

Alice in MadnesslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant