le pétale

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je n'ai pas encore retiré l'eau embuée du vase, ni les vieilles tiges dont le vert frais vire au marron des lundis. je ne pourrais parler des pétales qui ont habitué le comptoir à un constant funérailles rosaire.
la mort n'est que plus sublime que lorsqu'elle est peinte ou fleurissante

le matelas s'était peu à peu réchauffer, ton auréole brumeuse se solidifiant à nouveau à mes côtés frigorifiés. ton souffle tiède dans ma nuque a suffit à me faire fondre dans les taies, les rideaux, le soleil et ton torse enlaçant. la baignoire ne ramassait plus tes lamentations nocturnes et le canapé mariait la courbe de nos corps en fusion. oui. nous étions fusionnels, maladroits mais aimants.

j'étais amoureuse.

tu fuyais.



l'appartement sentait bon l'été, ma grand-mère, les mains à la pâte, la cannelle et la sueur mélangée à nos caresses vanilles et sel. les ressorts ont tordu sous la chaleur de notre éclectisme fiévreux de désir. nous avons péché les plus beaux jardins et étreins les plus douces fleurs. je croyais couler la renaissance de Vénus et sa perle.
tes doigts sur mes lèvres. le rouge, partout. nous étions délicieux, renouveaux, mysticismes.
nous étions beaux.

la toile du tableau s'est déchirée avant le dernier coup de bourgogne. la fleur saigne et la fièvre n'est plus amoureuse.
tes yeux ne brillaient pas à mes mains sur ton cœur acariâtre. l'acidité du regret fumait l'opaline de nos nuits, parfumant tes mots de spleen
j'ai chanté tes remords à tes côtés et j'ai cru à l'amour de la perle.

le spleen de l'archer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant