Incipit d'une fin

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Il sauta dans la petite étendue d'eau. Le liquide froid humidifia le bas de ses jambes, glaçant ses pieds emmitouflés dans ses fines chaussures ainsi que ses tibias recouvertes d'un pantalon léger. De petites tâches sombres se maculèrent jusqu'à ses cuisses.

Un rictus malicieux se forma sur son minois enfantin.

Ses yeux étudièrent la rue dans laquelle il gambadait. Des arbustes succombaient à la fraîcheur nouvelle de l'automne, un grillage était recroquevillé sur lui-même faute de la maltraitance des adolescents qui le rencontrait, et une multitude de petites flaques d'eau se succédaient sur l'asphalte encore aqueuse de l'averse qui s'était installée lors de la nuit précédente. Et un banc en vieux bois dont la partie inférieure brillaient à la rencontre d'un faible rayon de soleil.

Le petit garçon s'élança. Ses pieds effleurèrent le sol, ne manquant aucune des petites mers qui s'offraient à lui. Il ressortait plus mouillé à chaque bond, un sourire délicat sur son visage, son pantalon dégoulinant d'une eau limpide.

Le ciel s'habilla d'un gris inquiétant, les feuilles des arbres mourants se baladèrent dans l'air, s'écrasant parfois sur le sol, coincés par le poids de l'eau des flaques que le jeune homme avait répartie dans la rue.

Alors qu'il baissa les yeux pour ne plus regarder le ciel qui le terrifia, il vit ce qu'il crut d'abord être l'océan, toutefois il savait que celui-ci n'était pas si proche. Il s'approcha et comprit qu'il s'agissait seulement d'une gigantesque étendue d'eau. Elle s'étendait sur toute la largeur de la rue et se prolongeait sur plusieurs mètres de longueur. Jamais il n'avait vu une si large et si longue flaque d'eau. L'eau y semblait plus pure, presque véritablement bleue, et il semblait que ses extrémités se cristallisaient. Il se pencha pour y apercevoir son reflet, mais perçut autre chose que sa réflexion, un scintillement qui lui brûla presque la rétine, un halo provenant des profondeurs.

Un large sourire fleurit sur son minois qui avait fait disparaître toutes traces de fraîcheur désagréable ; cette flaque d'eau pourrait le mouiller jusqu'à la tête, et ce qu'il espérait.

Il recula de quelques pas, se laissant quelques petits mètres afin de s'élancer de toutes ses forces vers le petit océan.

Mais alors qu'il avait déjà sauté, un bruit sourd résonna dans la rue. Un camion robuste fonçait à toutes allures sur le jeune garçon. Il ferma avec force ses paupières et sa dernière pensée fut pour ses parents.

the puddle (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant