1. Deux inoubliables yeux bleus | Mel

808 68 120
                                    

« Si deux personnes sont faites pour être ensemble, alors elles finiront par se retrouver »

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

« Si deux personnes sont faites pour être ensemble, alors elles finiront par se retrouver »

* * *

2020, Emerson

Lorsque je suis montée dans cet avion, il y a dix ans, je n'aurais jamais cru remettre les pieds dans cette ville. Du moins, pas aussi tôt — si tant est que dix ans soient considérés comme peu. Dans mon cas, ça l'est. J'ai l'impression que toutes ces années ont filé à une vitesse incroyable et au moment où je pose le pied sur le tarmac, elles semblent s'être complètement envolées. Me revoilà à Emerson.

Je m'éloigne de l'avion et suis les instructions des employés de l'aéroport aux gilets fluorescents qui guident les passagers jusqu'au terminal. La main sur la poignée de ma valise, le regard vif, je retiens mon souffle jusqu'à ce que je passe les portes vitrées de l'aéroport. Dix ans. Là maintenant, j'ai l'impression qu'il ne s'est écoulé qu'une petite minute tant les sensations d'être de retour ici se bousculent en moi, provoquant la naissance d'une sorte de tornade. Si elle est pour l'instant calme, elle détruirait tout sur son passage si elle venait à prendre de l'ampleur.

Une personne me bouscule et grogne en s'éloignant tandis que je réalise que je suis toujours immobile juste devant les portes automatiques de l'aéroport. Furtivement, je me déplace un peu sur la droite et m'appuie contre le mur, veillant à ne pas gêner les passants. Glissant mes doigts dans mon sac à main, je farfouille et en ressors mon téléphone sur lequel je pianote. Ma mère a insisté pour venir me chercher. J'ai beau eu lui dire que je pouvais prendre un taxi, elle n'a rien voulu entendre. Sa fille revenait à Emerson pour la première fois, elle voulait être la première à en être témoin.

Parfois, il m'arrive de culpabiliser de l'avoir plus ou moins laissé derrière moi toutes ces années. Quand je suis partie, je l'ai fait sans me retourner. Si ma mère a compris ma décision, nous ne nous sommes pas beaucoup revues depuis mon départ. Elle a toujours essayé de venir me rendre visite à Boston une fois par an puisqu'il m'était impensable de remettre les pieds dans ma ville d'origine. Après son divorce, elle est venue passer pratiquement un mois dans mon appartement et sa présence m'a rappelé combien ma mère me manquait. Elle a su me remonter le moral à une période où un terrible évènement venait de me tomber dessus.

Je soupire, relève mes lunettes de soleil – qui me sont étonnamment moins utiles ici qu'à Boston – sur ma tête et vérifie le contenu de mon sac. Me promener sans mon arme est un sentiment étrange en tant que policière, mais par mesure de sécurité et même en présentant ma plaque, j'ai dû la mettre dans ma valise. De toute manière, ici, je ne suis pas en service, mais en congé. Cependant, avec les années, l'avoir à ma ceinture est devenue une habitude et dans un sens ça me rassure, m'apaise. Une autre chose que ma mère n'a jamais compris chez moi, elle qui s'oppose de front aux armes et de manière générale à tout ce qui touche à la violence.

Nos Âmes Fêlées [PUBLIÉ CHEZ NISHA & CAETERA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant