La voiture avançait dans les rues de Paris. Son moteur vrombissait. L'odeur de tabac avait totalement imprégné mes narines. J'avais les genoux remontés contre mon torse et la tête posée dessus. J'essayais tant bien que mal de réfléchir. Mais c'était compliqué. J'avais troqué ma mère contre la liberté. Kris continuait de conduire. J'ai du dormir car le trajet m'a paru court. La voiture s'est arrêtée. Et j'ai soupiré. J'avais confiance en Kris, et je n'avais pas le choix. Il avait l'air d'un mec bien. Mais si ça trouve il m'emmenait dans un centre, ou dans une rue sombre où j'allais être frappé à mort. C'était soit l'un, soit l'autre. Y'avait pas d'entre les deux. J'ai frémi en posant un pied sur le sol. C'était un trottoir basique. Kris m'a saisi le bras et m'a emmené devant un immeuble , même si, ça, je ne l'ai su qu'après. Une sorte de petit bip a retenti et la lourde porte s'est ouverte. Kris m'a fait entrer. J'avais l'impression d'être un roi, on m'ouvrait les portes, on me tenait pour marcher et on m'aidait même à entrer dans une baignoire. Ça peut paraitre l'idéal, dit comme ça, mais je vous assure que ça met mal à l'aise et on a peur d'énerver les gens. Dans cet immeuble, il y avait un ascenseur. Malheureusement, je ne savais pas encore lire en braille et Kris a encore dû tout faire. L'ascenseur a ouvert ses portes et je me suis retrouvé sur un palier. Je me sentais oppressé et l'endroit sentait la cigarette. Kris a continué d'avancer et je l'ai suivi. Il a frappé à une porte et c'est une femme avec un joli accent africain qui a répondu. Elle a ouvert la porte et je l'ai senti prendre Kris dans ses bras.
- Kris ! Mon chéri ! Comment ça va ?
- Très bien, et vous Madame Barnou-Toshi ?
- Oh, bien aussi. Zara n'est pas encore rentrée, il n'y a que Zoé. Kris a du murmurer quelque chose à l'oreille de cette femme, car elle s'est approchée de moi et m'a pris dans ses bras. Sur le coup, je n'ai pas su comment réagir. Je l'ai laissé m'étreindre quand elle s'est reculé, elle m'a tapoté la joue.
- L' infirmière était Mira n'est ce pas ? m'a t'elle demandé en me tirant par le bras pour me faire entrer dans son appartement. Il sentait le parfum, la nourriture, l'odeur de la lessive et, bon, ok j'arrête. Mais comme je ne peux pas décrire, j'essaye de vous apporter un maximum de précisions. J'ai repensé à sa question, et j'ai répondu :
- Oui, c'était Mira. Vous la connaissez ? La femme m'a poussé sur le canapé en cuir où j'ai pu reposer ma nuque qui était rester courbée pendant tout le trajet. Je m'attendais à une réponse venant de la voix de la femme mais ce fut une voix plus aiguë, plus jeune, plus tremblante, la voix d'une jeune adolescente qui m'a répondu :
- Mira est la meilleure amie de Zélie. Elles travaillent dans le même centre de recherche.
J'allais la remercier pour cette réponse, mais la fin de phrase me rendit perplexe. Centre de recherche...Donc, je n'avais pas été dans un hôpital. J'entendais le sang battre dans mes tempes et mon pouls s'accélérer . Il y eut un grand silence, comme si la fille ne devait pas dire ça. Mes jambes devenaient lourdes et ma tête aussi. Kris a plaqué sa main froide contre ma nuque, et j'ai peu à peu repris conscience.
- Romain, ça va ? m'a demandé Kris. J'ai hoché la tête.
- Zoé, va lui chercher un verre d'eau ! a ordonné la femme, je suis Efia. La mère de Zara, dit-elle.
- Enchanté, euh...je suis Romain...c'est Mira qui m'a envoyé ici. La prénommée Zoé m'a donné le verre d'eau, je l'ai avalé d'une traite. L'eau glacée a coulé dans mon œsophage me faisant reprendre mes esprits. Mais, maintenant que j'étais ici, que devais-je faire ? Cette femme, Mira, ne m'avait donné aucune indication. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Ça m'a mis mal à l'aise. Je n'avais pas d'argent, les vêtements que je portais n'étaient même pas à moi. Je n'avais rien et je ne savais même pas quoi attendre. C'était peut-être une mauvaise idée d'être venu, finalement. J'allais me lever mais la porte s'est ouverte laissant échapper un courant d'air. Une nouvelle personne venait d'entrer dans la pièce. Encore une, une autre personne à qui j'allais devoir donner des explications. Efia s'est avancé vers cette personne et lui a crié dessus :
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L' AVEUGLÉ
Teen FictionUne nouvelle pandémie se répand peu à peu parmi les contaminés Romain, jeune étudiant devenu aveugle. Aidé par une mystérieuse infirmière, il erre dans les rues de Paris à la recherche d'une adresse vitale à ses yeux, quand il tombe sur Kris. Il att...