L'île au Triste-Sort : Prologue

L'île au Triste-Sort : Chapitre 1

Long était le trajet. Les voies marines pour aller de la Nouvelle-Orléans à la Havane étaient forts tumultueux et le vent était bien taquin lui aussi. Lacroix, assis dans son bureau, réfléchissait à comment déchiffrer cette carte dont les informations, rédigées en Espagnol, semblaient de plus en plus se mélanger à mesure qu'il s'efforçait de les comprendre. Sur le pont, Mousse était afféré à son occupation favorite, ne rien faire d'autre qu'épier les autres. N'challa, quant à elle, fut introuvable comme à son habitude. Le temps est parfois long sur les mers, aussi, quand Lacroix sortit de son bureau afin de prendre l'air, un hurlement l'interpella. Il tendit l'oreille et cru entendre un cri venant du nid-de-pie.

- NAVIRE EN APPROCHE !!! Hurla le pirate du haut de sa vigie.

- HOSTILE ? Répondit le Capitaine de ses pleins poumons.

- NON ! MOI C'EST BASTIEN !!! MAIS LE NAVIRE SEMBLE AMICAL !

Lacroix, d'un signe de la main ressemblant a un doigt d'honneur pointé vers le ciel, ordonna à ses pirates de gagner leurs postes respectifs. L'équipage ne s'affola guerre plus que ça, l'embarcation qui s'approcha ne semblait pas menaçante, du moins pas comparé au navire de guerre de Lacroix. Lorsque Lacroix attrapa sa longue vue pour épier le navire, il remarqua que le pavillon ressemblait à un voilier. Un voilier sur un drapeau pour une si petite embarcation ? Étrange.

- Mousse ? Demanda Lacroix par dessus son épaule sans se retourner.

- Au rapport, Capitaine.

- Tu reconnais ce pavillon ? Demanda le capitaine en tendant sa longue vue à son second qui scruta un instant.

- Oui Capitaine, c'est le pavillon d'Alfida. Son bateau s'appelle « Petit Navire » il me semble.

- Quel drôle de nom. Enfin ce n'est pas trompeur au moins.

- Paraît qu'il est dirigé par un vrai thon aussi... Ricana Mousse, Lacroix ne tint pas compte de la remarque.

- L'équipage est-il prêt ? Demanda Lacroix en scrutant ses troupes.

D'un cri, l'équipage manifesta sa présence... Le navire d'Alfida redressait les voiles, et Lacroix ordonna de faire de même. Une fois que les deux navires furent assez près l'un de l'autre, le capitaine attrapa ce qui sembla être un mégaphone fait de métal, joliment décoré. Il prit une profonde inspiration, mais la voix du navire d'en face le devança, lui manquant de s'étouffer dans son propre oxygène :

- Ici le Capitaine Alfida ! Que venez-vous faire sur les eaux cubaines ?! Hurla-t-elle de sa voix cassée.

- Ici le Capitaine Lacroix ! Nous venons recruter un interprète !

- Lacroix ? Jamais entendu parler. D'où est ce que vous venez ?

- C'est un secret. Pour des raisons impliquant une chasse au trésor, j'ai le droit de garder le silence, code des pirates chapitre 7...

- Je connais le code des pirates. Je cherche seulement à savoir si vous êtes venu ici pour chercher des ennuis, les Cubains sont un peu sur les nerfs en ce moment. Si vous êtes des Anglais, vous allez vous faire abattre avant même d'accoster.

Lacroix échangea un regard interrogateur avec son second, qui répondit en haussant les épaules. Flora, qui était visiblement en train d'observer la scène depuis le pont supérieur, rejoins son amant et lui murmure à l'oreille :

- J'en ai entendu parler, il parait qu'il y a eu une grosse escarmouche il y a quelques mois de cela... Les Anglais auraient apparemment tout détruit.

- Et on me prévient que maintenant... Lacroix reprit son mégaphone et répondit. Nous ne voulons aucun mal et nous cherchons seulement un interprète.