Pourquoi suis-je ici ?
une énième fois, elle se posait la question. Sans réponse, cette question. Du moins, elle n'était jamais satisfaisante. Assise au milieu d'autres, des fausses lunettes de vue aux reflets or sur son nez, Ricka n'avait jamais attendue avec tant d'impatience la pause. Ces études ne lui plaisaient pas, pourtant il fallait les suivre. Mais elle n'en voulait à personne, car personne n'avait décidé pour elle. La jeune femme s'était inscrite à ces cours d'arithmétique pour deux raisons. Obtenir des promotions étudiant, et oublier. Elle avait auparavant essayé de nombreux remèdes pour oublier. Bons ou mauvais, peu lui importait, tant qu'elle ne pensait pas. La pause arriva, la salle se vida. Ricka se leva et rangea ses affaires en précipitation. Elle n'en pouvait plus de ces quatres murs aussi propres et blancs que le linge qu'on voulait nous vendre, et que nous achetions. Elle n'en pouvait plus de la voix du professeur qui se voulait claire et forte, mais laissait toujours dans sa voix, coincée au fond de sa gorge, la même fausse note. Un fa mineur, peut-être. Finalement, elle parvint à quitter le gratte-ciel assez vite. Une fois dehors, elle s'alluma une cigarette. Elle était seule, elle pouvait fumer. C'était pourtant illégal, mais Ricka appréciait cette sensation de déroger aux règles. D'ailleurs pourquoi cela était-il interdit ? La jeune femme n'en savait rien, et décida que cette réflexion n'était pas utile à sa vie. Machinalement, elle mit sa capuche sombre sur sa tête, et commença à marcher d'un pas rapide vers son travail. Ne pas penser, ne pas penser. Elle avait oublié ses écouteurs ce jour-là, et ne cessait de se maudire. Le chemin à faire avant qu'elle n'arrive au lieu dit ne dépassait pas les 20 minutes. Et pourtant, cela allaient être long. Durant ce laps de temps, son cerveau se mettrait à penser, à réfléchir, à s'occuper de lui. Ricka n'avait pas eu une minute à elle depuis plusieurs mois, et cela lui avait fait du bien. Elle ne ressentait désormais plus rien, elle ne souffrait plus, ne riait plus. Et cette sensation lui plaisait. Afin d'échapper à la torture de son cerveau, elle leva son regard vers les rues qui, au fur et à mesure de sa marche, se transformaient en de joyeuses boutiques marchandes, aux panneaux gigantesques et colorés et aux multiples fleurs accrochées sur les balcons des immeubles. Face à elle, le monde se distinguait peu à peu. Des personnes allaient et venaient, arborant des larges sourires aux autres passants. Tous étaient heureux, et ils ne faisaient pas semblant. Déstabilisée par la foule, Ricka enfonça un peu plus la capuche de sorte à ce qu'elle vienne toucher son nez. Personne ne remarquerait son triste visage. Rien qu'une capuche noire se faufilant à travers la foule arc-en-ciel. La jeune femme commença à se distraire en cherchant ou ces gens pouvaient bien aller, le sourire aux lèvres. Retrouver leurs amis, amours ? Ils venaient peut-être de sortir d'un entretien, ils avaient peut-être été embauchés. Ils étaient heureux, voilà tout. Pourquoi toujours chercher une raison ? Elle baissa les yeux. Tout ce bonheur la dégoutait.
" J'ai besoin d'aide, et je suis la seule à cacher ma douleur. Ils ont tout oublié. Ils ont réussi, eux. Ils ont réussi à oublier ce qu'ils étaient réellement."
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Et si c'était moi ?
Science FictionLa vie sur Terre est de plus en plus difficile. Vivre devient impossible. L'humanité s'éteint, laissant derrière elle une planète dévastée. Quelle tristesse... Mais avant de quitter ce monde, certains ont voulu laisser une dernière trace de leur civ...