- L'Etre Humain... Mais n'est-ce pas ce que nous sommes déjà ?
Oui, c'est vrai. L'inspiration de Ricka n'avait pas été foudroyante aujourd'hui. Trop d'angoisse. Tant pis, elle n'impressionnerait personne. Mais maintenant, que répondre ? Son regard se porta tour à tour sur les touristes, envieux de connaitre la suite. Mais la suite, il n'y en avait pas. La jeune femme n'avait rien. Qu'allait-elle prétexter afin d'éviter les critiques ?
Non, elle n'avait pas le choix. Il fallait aller jusqu'au bout de l'histoire. Il fallait réussir à fermer le livre. Elle prit une courte inspiration, puis commença sa tirade. Elle ne savait pas ou aller. Elle, l'enfant devenue trop vite adulte, la femme maussade, la fille sans émotion. C'était presque une âme, allant seule, à travers les rues brumeuses, sans but. C'était Ricka.
" Oh, et bien justement ! C'est plus compliqué que cela. Ne vous-êtes vous jamais posé des questions concernant votre existence ? D'ou venons-nous ? Qui sommes-nous ? Quelqu'un a des réponses ici ?" Personne ne répondit.
" Bien, alors c'est à mon tour d'entrer en scène. Tout a commencé ici, dans cette cité, qui n'était autrefois que faune et flore. Suivez-moi je vous prie, nous allons faire d'une pierre deux coups en visitant les endroits emblématiques. Comme je le disais, la vie humaine auparavant n'existait pas. En revanche, une entité douée d'intelligence régnait sur les lieux comme nous le faisons à présent. Des créatures immortelles, capables de créer la vie tout autour d'elles. N'était-ce pas un pouvoir extraordinaire ? Ces créatures divines n'étaient pas nombreuses, mais elles suffisaient au bon développement de notre monde. Malheureusement un jour, ou plutôt, au paroxisme des tensions entre tous ces curieux habitants, car oui, les conflits étaient chose courante, les entités se mirent à disparaitre peu à peu. L'espèce s'éteignait malgré elle. N'est-ce pas terrible, messieurs-dames et mesautres ? Tenez, nous voici arrivés à notre premier point important : La Serre Extérieure ! Vous pouvez vous faire une idée de ce à quoi ressemblait nos villes et cités, ce n'étaient que des Serres !"
La Serre était un moment, mis en pause dans le temps, pour l'éternité. Un endroit où de majestueux Séquoias venaient couvrir les allées, où la flore poussait sans retenue dans le parc, construit par les habitants. Tout semblait naturel, et pourtant. Et pourtant, tout était faux. Ce n'était pas la nature qui avait pris place d'elle même, on l'avait forcé. En sachant cela, la Serre n'était plus qu'un tas de plantes arrosé par les voisins. Des plantes de balcons.
"Incroyable, non ? Dit Ricka. Je ne cesse de m'émerveiller à chaque fois que je raconte ce passage ! Des questions ? Oui, monsieur ?"
Un jeune homme de petite taille, tout habillé de couleurs sombres, de longs cheveux noirs tombant sur ses épaules et cachant une partie de son visage, venait de lever la main.
" Votre histoire est passionnante, vraiment. Mais je crains que votre version soit erronée."
Ricka ne répondit pas tout de suite. Un long silence se mit à peser à travers les touristes. Ricka aussi, était muette. Que dire ? Voyant que personne ne contestait, l'homme en noir continua :
" Cela peut sembler assez inopiné, surtout venant de la part d'un touriste, mais voilà, je suis Historien depuis plusieurs années maintenant, et je crois savoir de quoi je parle. J'étudie l'Histoire de notre monde, ainsi que sa géographie. Et à moins d'avoir été dupé tout ce temps, ce que vous racontez à ces braves gens est complètement faux !"
Etonnement général. Chacun se regarda avec surprise, ne sachant qui croire. L'Historien, ou la Guide ? Tout était confus. La petite foule marmonnait, et de loin l'on aurait pu croire à un bourdonnement. Ricka se sentait devenir une flaque. Elle se liquéfiait, et s'écrasait sur le sol. Tout allait bien avant lui. L'Historien.
" Excusez-moi, dit la guide d'une voix forte, je crains qu'il y ai quelques malentendus entre ce monsieur et moi-même. Je tiens à m'entretenir avec lui, la visite est malheureusement annulée. Oh, ne soyez pas déçus ! Je préfère ne rien dire plutôt que de scander des bêtises à tue-tête. Merci à vous d'être venus ! Et toutes mes excuses pour cet incident ! "
Malgré les protestations, la jeune femme savait qu'elle venait de prendre la bonne décision. A présent, elle voulait frapper cet homme. C'était la seule idée sensée qui lui venait à l'esprit. Que faire d'autre ? Il avait ruiné son métier, elle allait ruiner son visage. C'était équitable. Au bout de quelques pas, elle se retrouva devant lui. La guide le dépassait de plusieurs centimètres. Elle le fusilla d'un regard noir, mais au moment où elle leva la main, il approcha sa bouche de l'oreille de la jeune femme et lui chuchota :
- Je viens tout juste de vous sauver la vie. Vous devrez me remercier.
Le bras de Ricka se baissa machinalement. Elle ne comprenait pas un seul mot de ces courtes phrases.
- Je... Je vous demande pardon ? Vous venez de m'humilier devant tous ces touristes, je vais être virée dans très peu de temps par votre faute, et je devrais vous remercier ? Hurla presque la jeune femme.
- Cessez vos jérémiades, de toute façon ce n'est pas le moment. Vous vous êtes faite remarquée depuis trop longtemps.
Il la regarda un instant avant d'ajouter :
- Vous allez me suivre, vous allez m'obéir, et surtout, vous n'allez rien dire.
- La seule chose que je vais faire monsieur, c'est appeler la police.
L'homme la regarda intensément. Il n'avait pas d'autre solution, il fallait abandonner. Il ne voulait pas mourir, lui.
- Très bien, dit-il. Je m'en vais.
Et il partit. Ricka, bien que surprise par son comportement, fut satisfaite de son départ. Elle ne le voyait déjà plus. Tant mieux, pensa-elle. Un problème de moins.
Mais elle ne vit pas les deux femmes encapuchonnées dans leurs impairs, qui la fixaient d'un même regard. Celui de la vengeance.
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Et si c'était moi ?
Ciencia FicciónLa vie sur Terre est de plus en plus difficile. Vivre devient impossible. L'humanité s'éteint, laissant derrière elle une planète dévastée. Quelle tristesse... Mais avant de quitter ce monde, certains ont voulu laisser une dernière trace de leur civ...