Partie 2

48 6 0
                                    

La jeune femme réalisa qu'elle continuait d'échouer sur tous les points de sa vie, qu'elle était lamentable dans tout ce qu'elle entreprenait. Et au moment où elle avait le plus besoin de lui, de son soutient, il l'évitait. Pourtant, elle n'arrivait pas à lui en vouloir. Elle espérait simplement qu'il allait bien, c'était tout ce qui l'importait. Les jours passaient et elle s'y préparait, elle sentait que la relation allait prendre un chemin qu'elle n'apprécierait pas.

Il finit par revenir vers elle un jour où elle souffrait énormément. Elle n'attendit pas plus longtemps et lui demanda quand est-ce qu'il se reverrait. Sa réponse fut claire mais brusque : il ne voulait pas la revoir. Il tenta de justifier cela par son mal-être actuel mais la jeune femme resta perplexe. Elle savait que cela n'était pas dû uniquement à sa situation actuelle car autrement, il reviendrait vers elle lorsqu'il irait mieux. Elle était une des raisons de cette adieu prématuré, elle le comprenait.

Elle agonisait. Elle voulait ce qu'il y avait de mieux pour lui mais cela était immiscible à ce dont la jeune femme avait besoin. C'est ainsi que d'innombrables regrets émergèrent dans son esprit.

Elle y réfléchit pendant de nombreuses heures, mesura le pour et le contre et finit par tenter. Elle lui proposa de se rencontrer une dernière fois. Elle lui expliqua qu'elle préférait être pleine de remords que pleine de regrets. Elle ne voulait pas continuer d'exister sans savoir qu'elle n'avait pas pu tout essayer, pas pu tout faire.

Ce qui la faisait le plus souffrir lors d'une rupture, d'un adieu, ce n'était pas les chemins qui se séparaient mais les regrets. Si elle avait su que tout serait ainsi aurait-elle agit de la même manière ? Aurait-elle laissé tant de choses pour un avenir incertain ? Aurait-elle gardé ses pensées les plus profondes pour elle ? Une rupture est inattendue, elle apparait soudainement alors que nous l'avions volontairement oubliée, ignorée. Elle espérait pouvoir continuer de cette manière pour l'éternité, comme-ci dès lors qu'elle eut trouvé une source de bonheur, elle deviendrait immortelle. Alors elle reporta ses actions, ses pensées, ses mots. Elle les reporta jusqu'à ce qu'il soit trop tard et qu'elle ne puisse que tout regretter.

Par chance, il accepta. Ils passeraient la nuit chez lui, une dernière fois.

Leur premier automatisme fût de s'enlacer puis de s'embrasser. Elle avait craint de ne plus y avoir droit mais il en avait heureusement lui aussi besoin. L'atmosphère était particulière, aucun d'eux n'osaient parler. Puis il se lança et expliqua à nouveau son choix réutilisant les mêmes arguments que la première fois. Elle tira profit de la situation et le questionna sur la pertinence de son choix ; mettre un terme à cette relation lui paraissait démesuré. Pourquoi ne pas simplement la mettre en pause, la reporter ?

« Tes tourments m'emportent. ».

Ce fût la réponse à laquelle elle eut droit. Elle resta silencieuse, ses pensées étaient trop embrouillées pour pouvoir en tirer quelque chose. Alors il continua en s'efforçant d'être le plus explicite possible ; c'est ainsi qu'il déclara que les souffrances de la jeune femme étaient la cause de ses nouvelles blessures. Elle se brisa.

Deux sentiments se battaient en elle : la culpabilité et la colère. Elle s'en voulait terriblement. Elle ne parlait jamais de ses douleurs internes pour préserver son entourage ; elle ne voulait pas que ce qui la détruisait elle détruise quelqu'un d'autre. Mais égoïstement, elle les lui avait partagées. Elle avait voulu apaiser son esprit au détriment du sien. D'un autre côté, elle lui en voulait. Elle l'avait mis au courant dès le départ et il avait tout de même insisté pour qu'elle lui partage ses pensées. Il lui reprochait ce qu'il avait cherché. La cacophonie qui avait lieu dans son esprit ne pouvait s'exprimer autrement que par des pleurs alors elle décida de s'éloigner quelques instants pour se tempérer.

Elle revint quelques minutes plus tard à ses côtés. De longues minutes passèrent et aucun d'eux n'avait prononcé un mot. Alors pour mettre fin à cette ambiance pesante elle fit ce qu'elle savait faire de mieux : elle se posa doucement contre lui et entrelaça leurs doigts. Ils savaient que c'était la dernière fois, l'un et l'autre en avaient besoin.

La soirée reprit son cours de manière naturelle, comme-ci ce n'était pas la dernière fois. Chacun d'eux humaient et s'imprégnaient de l'autre pour affronter cette séparation imminente. Puis, après des angoisses une nouvelle fois partagées, leur désir mutuel prit le contrôle des événements et ils partagèrent dans une action consentie, deux moments de plaisir charnel.

Elle se mit à penser pour une raison inconnue que si elle devait noter ses baisers elle leurs donnerait la note de neuf virgule cinq sur dix. Elle avait trop peu d'expérience pour pouvoir les comparer convenablement alors elle les nota à sa manière. Ce n'étaient pas ses mouvements qu'elle notait mais ce qu'ils entraînaient. Quand il l'embrassait elle se sentait si bien, comme si l'ensemble de ses problèmes disparaissaient ; ses baisers étaient sa morphine à la vie. Mais ce qu'elle préférait par-dessus tout était l'après. Après qu'ils se fussent embrassés elle avait une vue parfaite sur son visage et plus particulièrement ses yeux. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, ses yeux l'attiraient, ils l'envoûtaient. Ils étaient allongés, ni trop grands ni trop fins. Ses iris étaient d'un marron si clair que l'on aurait pu croire que de la lumière émanait de celles-ci. Et puis il y avait ce détail si charmant, de petits grains bleus-verts étaient dispersés dans ses iris. Cela laissait penser à de petites pierres précieuses, placées là pour mettre en avant son regard affriolant.
Ses pupilles étaient souvent dilatées ce qui la troublait énormément. Elle le savait, si un jour elle en venait à tomber amoureuse de lui, ses yeux en seraient la cause première.

Puis, elle sortit de son rêve pour la dernière fois en se levant pour l'ultime fois. Elle partit se préparer et ne lui adressa aucun regard et aucun mot ; la musique parlait à sa place et l'aidait à affronter ce moment si difficile pour elle. Enfin, le moment fatidique arriva. Elle était devant la porte d'entrée. Ils se regardaient dans un silence des plus absolus. Il tenta de la rassurer lui affirmant qu'elle s'en sortirait et que c'était la meilleure chose à faire, pour lui comme pour elle. Elle lâcha un rire amer. Elle lui confirma qu'en effet cela serait facile, mais uniquement pour lui et lui ordonna d'arrêter d'affirmer ce qui était bon pour elle. Il confia calmement que cela ne serait pas simple pour lui non plus ce qui agaça la jeune femme ; elle lui rétorqua qu'il ne pouvait pas se plaindre d'une situation qu'il leurs avait imposés. Ils se regardèrent et s'enlacèrent une dernière fois avant que celle-ci ne passe le pas de la porte. Elle se retourna, lui rappela qu'elle serait toujours là pour lui, et partit.

Elle laissa tomber quelques larmes et finalement, une fois le brouillard d'émotions dissipé elle comprit, le destin avait été trop dur cette fois-ci.

EnvoûtementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant