Remise en question

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-Et donc, lui obéir serait pour toi une bonne idée ?

-Que puis-je faire d'autre ? Il n'y a que cette solution Deathmask.

Dans les jardins du palais, La Freyja et Deathmask marchaient, d'un pas presque lent. Autour d'eux, des enfants, des jeunes gens par groupes de trois ou quatre personnes, certains courtisant alors que d'autres lisent sur des bancs, ou tout simplement regardant la population. Bien que les jardins ne soient pas vides de monde, le calme régnait en maitre. Pas un mot plus haut que l'autre, pas un rire esclaffé, pas une voix qui portait plus que celle de la voisine. Pourtant, ce n'était pas les discussions qui manquaient. C'était d'usage à la cour. Tous savaient que les plus grandes phrases se font dans un silence presque absolu.
La Freyja marchait avec une grande élégance, et, avec ses mains se joignant en son dos, son pas se prêtait à l'air d'une sarabande. L'altercation avec son oncle l'a touché mais il paraissait toujours aussi grand et puissant. Il regarde droit devant lui, la ligne d'horizon que les arbres dessinaient avec le ciel.
Comme souvent, les gens se retournent à son passage, ignorant que c'était sûrement la dernière fois qu'ils le verraient dans ses apparats. Cette image qu'il entretenait depuis des années allait bientôt s'évanouir et laisser place à la bien séance et à la sagesse.

Alors que le silence s'installe entre les deux amis, Deathmask fouilla dans ses poches et en sorti un pipe, puis des allumettes. La Freyja tourna alors la tête vers lui l'air surpris :

-Tu fumes la pipe ?

-Ouais, répond le soldat en l'allumant, l'instrument au bec. C'est pour avoir l'air plus mâture, et puis c'est à la mode dans mon régiment.

-... Saches que tu es une sorte de honte sur pattes. Tu vas te ruiner la santé avec ça. Et puis tu n'as pas le droit de fumer ici.

-Sauf que je ne suis pas en service.

-Tu vas faire imprégner mes vêtements de cette odeur nauséabonde !

-Peu importe, demain tu t'habilles en loque de toutes manières.

La Freyja eu un long soupir d'agacement. Deathmask continua :

-Si tu ne te laissais pas faire, tu pourrais au moins récupérer une certaine dignité.

-Combien de fois dois-je te répéter que je ne veux pas du trône ! Non je ne veux pas perdre ma vie d'avant ! Non je ne veux pas perdre ce confort ! Mais que puis-je faire d'autre ? Ce n'est pas une soumission ou une allégeance, Deathmask. C'est une ruse.

Le jeune soldat enleva sa pipe de sa bouche tout en considérant son ami :

- Tu aimes toutes ces choses qu'il veut t'enlever. C'est ce qui fait de toi « La Freyja ». Tu es cette personne et tu aimes l'être.

-Détrompes toi, je ne l'aime pas. Du moins c'est ce que la cour fait de « La Freyja », que je n'aime pas. Oui j'aime les artifices, les fêtes, les hommes les plumes et les couleurs éclatantes, et alors ? Ne serait-ce que les femmes qui doivent se les accaparer ? De toute manière je suis sûr qu'en faisant des efforts mon oncle me rendra mes libertés.

-Même si tu n'auras plus le même physique, tu auras toujours ce caractère qui t'es propre. Tu n'es pas du genre à te laisser dominer normalement. Tu ne pourras pas totalement le satisfaire, Freyja.

-Je n'ai jamais dit que je changerais ma manière de penser. J'ai dis que j'obéirais pour un temps seulement. Je serai toujours moi, qu'importe ce qu'il me reste dans ma chambre, qu'il m'enlève jusqu'à mon lit, ce n'est pas pour autant que je ne dormirais pas à points fermés.

Il s'écarta de son ami, pressant le pas. La discussion était clause. Il ne voulait plus en parler. Il était temps de retourner dans ses appartements pour commencer à aviser. Faire bonne figure, se montrer prude, avoir des connaissances. Voilà ce qu'il fallait faire.

La FreyjaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant