Chapitre unique

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Je me souviens d'avant tout ça. D'avant les rires, les regards de pitié, les insultes.

Quand j'étais moi, sans cette carapace qui s'appelle mon corps.

Je dansais. Oh oui je dansais... C'était toute ma vie, mon passé, mon présent et je voulais en faire mon avenir.

Quand j'étais populaire, j'avais des amis, du moins je pensais en avoir. Ils m'ont tous lâché quand je me suis retrouvé coincé sur ce fauteuil. L'opération pour récupérer mes membres n'a rien changé. Mes amis d'hier sont devenu mes ennemis d'aujourd'hui.

Au moins je me serai rendu compte que certaines personnes ne sont que façade et que dans leur 'pièce', ils méprisent les différences.

Tout le monde a sa pièce. Dans sa tête, sa pièce avec son soi, sa petite voix intérieure. Elle peut-être grande, petite, unie, à rayure ou même remplie d'herbe ! Cela ne dépend que de nous.

Avant l'accident, ma pièce était belle, mais je ne m'en rendais pas compte, parce que l'on ne s'en rend compte de l'importance d'une chose que lorsqu'on l'a perdue. Ma pièce était couverte de couleurs, emplie de musique à longueur de journée, le sol couvert de parquet et les murs de miroirs. Ma pièce était une salle de danse dans laquelle je grandissais. Mon havre de paix intérieur.

Maintenant elle est seulement blanche avec quelques rouages au sol, vide de tout sentiment, de toute passion, de toute âme. Maintenant, quand je m'y réfugie, au lieu de danser pour extérioriser, je reste prostré sur mon piédestal, mes jambes refusant de faire le moindre mouvement, mon bras métallique pendant lamentablement de long de mes côtes.

Et ma personnalité solaire est devenue aussi neutre, pâle et vide que cette pièce.

...

Sur le journal, l'accident était en page 3. Vous pouviez y lire « ACCIDENT GRAVE : Un camion transportant des voitures perds un véhicule sur l'autoroute, envoyant un adolescent de 17 ans et sa mère à l'hôpital. Au moment où nous écrivons ces lignes, le pronostique vital de l'adolescent n'est plus engagé. », suivi d'un blabla sur les dangers de la route.

Ce qu'il ne disent pas, c'est que c'était moi et ma mère, qui n'a eu que quelques égratignures. Que lorsque je me suis réveillé à l'hôpital, une des premières choses que le médecin m'a dit a brisé ma vie.

- « tu ne pourras plus jamais marcher avec tes vraies jambes. Je suis désolé. Mais si tu le souhaite, nous pouvons te redonner un bras et des jambes neuves. Nous avons des prothèses robotiques qui te permettront de récupérer tes membres. Ils ne seront plus aussi souples qu'avant mais c'est tout ce qu'on peut faire. Prends ta décision, nous pouvons seulement le faire lorsque les nerfs sont accessibles. »

C'est comme ça que je me suis retrouvé avec un bras et des jambes robotiques, coincé sur ce fauteuil.

...

- « Eh le cyborg ! Fait gaffe où tu vas avec tes roulettes ! »

Je soupire et baisse la tête. A quoi bon lutter contre eux...

Cela fait deux semaines que je suis retourné en cours, et les murmures, les regards de pitié et les insultes n'ont cessé de pleuvoir sur mon corps en lambeaux.

D'après ma psychologue et mon assistante de rééducation, il faut que je trouve de la volonté. Pour continuer à avancer, à vivre. Que si je ne peux pas bouger mes jambes, c'est parce que dans ma tête, mes jambes sont mortes, mais que si j'arrivais à y mettre assez de volonté, je pourrai de nouveau marcher.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 01, 2020 ⏰

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Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant