Miya - I

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Je savais qu'y échapper était littéralement impossible. C'était le genre de meeting où ma présence pouvait s'avérer décisive pour mon père, voir même obligatoire. Je le savais pertinemment. Et j'essayais de voir le bon côté des choses, d'être fière de ce que mon père avait accompli toutes ses années pour se propulser à la tête d'un gouvernement et d'une idéologie. Je devais donc être heureuse là, à l'entendre déblatérer sur une politique d'intérieure qui ne m'intéressait pas le moins du monde. La politique n'est pas mon truc, chose qui pourrait choquer venant de la fille d'un sénateur, de la petite fille d'un vice-président et de l'arrière petite fille d'un conseiller de président. Je ne savais pas ce qui m'intéressait réellement, à vrai dire j'avais le temps pour ça non ? À à peine 17 ans l'avenir était devant moi et même si mes notes n'étaient pas excellentes, le statut de mon père m'aiderait à entrer dans n'importe quel fac. Je n'avais d'ailleurs pas encore fait mon choix, j'avais le temps pour ça aussi, l'université n'était pas dans mes priorités pour l'instant. J'avais simplement envie de passer une année à rien faire et faire reposer mon cerveau qui a travaillé dix sept ans sans repos, et comme mon père était d'accord avec ça, eh bien j'en profitais. Des applaudissements me sortirent de mes pensées, me faisant suivre le mouvement, c'est à dire applaudir aux paroles de mon père pour sa campagne électorale, il se présentait comme président pour les prochaines élections et il faut dire que le parti opposé ne le laissait pas en paix, tentant du mieux qu'il pouvait pour discréditer l'image de mon père au prés du peuple, en appuyant où ça faisait mal. C'est à dire nos origines, et le fait qu'il n'ait pas de femme, enfin plus. J'ai peu connu ma mère et ce n'est certainement pas un tabou ou un sujet sensible pour moi, c'était comme c'était, et j'avais grandis avec un père attentif et aimant, que demander de plus ? J'avançais vers mon père et lui souris, posant ma main sur épaule.

"C'était parfait Papa, si tu ne gagnes pas ces élections c'est que je ne m'appelle pas Miya."

"Je ne sais qui tu essayes de blaguer parce je sais que tu n'as strictement rien écouté du discours, n'est ce pas ?" Le ton sarcastique de mon père me fit rire. Bien-sûr que je n'avais pas écouté, entre nous qui écoute et comprend la politique ?

Exactement.

Et rapidement, nous nous retrouvâmes encerclés par des félicitations, des présentations, des compliments...Toutes les sortes d'hypocrisies inutiles que mon père pensaient redevables parce que "c'était des citoyens et des voies en plus". Ce qu'il ne semblait pas comprendre c'est que gentillesse, politesse ou non, ils se retrouvaient seuls devant leur bulletin et voteront ce qu'ils désiront. Sans mentir, je me sentais assez mal à l'aise dans cet environnement, même si je suis née de-dans, ça reste et restera toujours étranger à moi. C'est donc après le banquet que je demandais à Al un des gardes du corps à mon père de me raccompagner, vu qu'avec tout ça, mes libertés étaient encore plus étouffées, comme si je risquais quelque chose.

Une demi heure après avoir quitté la salle de rencontre que j'arrivais chez moi, montant immédiatement dans ma chambre où je trouvais Dona, qui était au départ une femme de ménage et qu'après la mort de ma mère est devenue ma gouvernante, mais je la voyais plus comme un membre de la famille qu'autre chose, vu qu'elle a toujours été là pour moi ou même mon père.

"Comment était le meeting chat ?"

Je roulais des yeux au surnom qu'elle m'attribuait, sachant que je détestais ça.

"Ennuyant, comme d'habitude. Ne m'appelle pas comme ça !" Je m'affalais sur mon lit en soupirant.

"D'accord chat, des lettres d'universités et d'écoles sont arrivés, tous excités à l'idée de recevoir la fille du futur président dans leurs établissements, ne te fais pas trop désirer, bonne nuit chat. " Et elle s'éclipsait, son panier à linge vide sous le bras, sans me laisser le temps de répondre. À vrai dire elle faisait ça souvent, trop souvent. Je me changeais rapidement, troquant ma robe pour un immense t-shirt et mes talons pour rien du tout parce que je détestais dormir avec des chaussettes, et je m'engouffrais dans mon lit qui me paraissait toujours plus moelleux et accueillant à la fin de journée telle quelle.

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