Chapitre 4 - Brève

4.3K 362 46
                                    

Charlie.

Lorsque je sors de chez moi, il est tout juste 20h. La nuit est tombée, les lumières de la ville éclairent les rues et je sens un tout petit vent qui me frôle le visage. Étrangement, je me sens bien. Je ne suis pas en tenue pour courir, je suis seulement habillée de façon décontractée, un petit jogging avec des baskets de ville ainsi qu'un pull sous ma grosse doudoune. Mes cheveux châtains clairs sont détachés et sautillent au gré du vent. Je chausse mes écouteurs à mes oreilles et commence à jouer un morceau aléatoire sur mon iPhone. Je me sens bien. Je me dirige vers Hype Park calmement.

Quand j'arrive à l'entrée du parc, les chemins sont éclairées pas les lampadaires. Je ne vois personne, c'est très calme voire trop calme. Je ne devrais peut-être pas y aller au risque de me faire kidnapper. Je chasse rapidement cette idée en me dirigeant dans la direction de la clairière au kiosque.

L'endroit est comme la dernière fois, isolé dans un coin. Avec la nuit tombée, on y voit encore moins. Du coup, l'entrée de la clairière ne peut pas se deviner. Il faut vraiment être déjà venu là pour savoir par où passer. D'un côté, je suis rassurée, je me dis que vraiment personne ne viendra ici ce soir, ça c'est clair et net. Mais d'un autre côté, je me dis que je suis un peu folle d'aller derrière ces buissons, je pourrais vraiment me faire kidnapper. J'hésite à envoyer un message à ma sœur pour lui dire que je l'aime et que si je ne suis pas là demain matin il faudra qu'elle appelle la police mais je me dis que je regarde trop la télé et que je ne risque rien.

Je passe les deux buissons qui me permettent d'entrer dans la clairière et comme la dernière fois, j'en perds mes mots. Cet endroit est incroyable. Avec la nuit, l'endroit est complètement différent. Les bords de la haie sont dans le noir, ce qui donne l'impression que la clairière a rétrécie. La seule source de lumière provient du kiosque. Il est décoré d'une multitude de guirlandes illuminées, un peu comme celles de Noël. Je me demande sur le moment, pourquoi ils ont décorés cet endroit sachant que très peu de gens doivent savoir qu'il existe puis je me dis qu'ils ont bien fait parce que c'est vraiment magnifique. D'un côté, je me sens en sécurité ici.

La musique tourne toujours dans mes oreilles alors que je m'avance vers le kiosque. Sans savoir pourquoi, tout d'un coup, toutes mes peurs s'envolent. Je me sens tellement bien ici. Je me sens libre. Tellement libre que j'oublie tout. Je commence à faire quelques pas, à tourner et à virer. Je sens le vent sur mes joues, je sens la liberté.

Je m'arrête un instant pour jeter un œil autour de moi, personne. Je décide d'enlever ma doudoune car je commence à avoir chaud et je m'attache les cheveux en queue de cheval pour être plus allaise. Mon iPhone a la main, je continue d'enchaîner quelques pas de classique mélangé à du contemporain. Je lève les bras au gré de la douce musique qui résonne dans mes oreilles. J'utilise tout l'espace que ce kiosque me donne. Je me sers des marches pour faire quelques pas puis je me mets à danser sur la pelouse.

La musique suivante sur mon iPhone est Little Me, des Little Mix. Cette chanson est parfaite. Complètement libérée de mes craintes et de mes doutes, je me sens comme chez moi. Je me laisse aller à une chorégraphie pleine d'émotions et de force. J'adore danser ici, sentir l'air sur ma peau est incroyable. À ce moment-là je me dis que je dois vraiment des excuses à Sonia car elle avait raison.

Lorsque j'arrive au dernier refrain de la chanson, j'enchaine toujours mes pas. J'entame un demi-tour quand tout à coup, je me fige sur place. Dans l'ombre de la haie, à l'endroit du passage secret qui sert d'entrée, se tient une personne. Je ne vois rien car il fait très noir et la haie n'est pas éclairée. Mon cœur se met à battre. Mon Dieu, je vais me faire enlever.

Je dirais de loin que c'est un homme. De ce que je peux voir, il porte un manteau noir très long qui touche presque le sol et un chapeau noir également. J'ai l'impression qu'il a les cheveux mi-longs mais je n’en suis pas vraiment sûre. Depuis combien de temps est-il là ? Mon Dieu, j'espère qu'il vient juste d'arriver. J'étais tellement prise dans ma choré que je n'ai pas pensé à regarder si quelqu'un se pointer. Et maintenant, il y a un type entre moi et la sortie et je suis paralysée sur place. Il faut que je sorte d'ici et vite. Aller réfléchie, réfléchie !

Je suis commandé par la peur. J'ai plus peur que ce gars m'ait vu en train de danser plutôt que par la peur de me faire kidnapper ou tuer. C'est très bizarre comme sentiment. Je décide de faire comme si je ne l'avais pas vu. Je garde mes écouteurs dans les oreilles mais je coupe le son. Je dois avoir tous mes sens en alerte. Je remets ma doudoune en vitesse et quand je me retourne pour descendre les marches du kiosque, je me rends compte qu'il commence à avancer dans ma direction. J'accélère ma démarche et baissant la tête pour éviter à tout prix son regard car on ne va pas tarder à se croiser. Il est à quelques centimètres.

- Hé salut.

Je l'entends mais je fais comme si de rien n'était. Toujours les écouteurs dans les oreilles, je fais comme si je ne l'avais pas entendu. Je le croise et je continue ma route. Je sens dans mon dos qu'il s'est arrêté et je pense qu'il s'est même retourné. J'accélère encore un peu plus ma démarche. Il faut vite que je sorte d'ici. Lorsque je passe la sortie des buissons et que je me retrouve dans le parc, je commence à être soulagée mais je marche quand même vite, on sait jamais, l'inconnu aura peut-être décidé de me suivre. À cette pensée, je me retourne tout en continuant de marcher le plus vite possible, pour voir s'il n'est pas sortit de la clairière.

Alors que je me rends compte avec soulagement que je ne suis pas suivie, je percute de plein fouet quelque chose de très imposant qui me fait tomber par terre. En relevant la tête pour voir quel est la source de ma chute, je manque de m'étouffer.

- Balou ?

La personne que je viens de percuter n'est autre que Balou. Le Balou du Chocolat Viennois Miel Amande avec un muffin au chocolat qui passe tous les matins au café. Si je n'étais pas déjà par terre, je crois que j’en tomberai sur les fesses tellement je suis surprise. Il me regarde avec un regard interrogateur. Il ne doit pas comprendre pourquoi je l'appelle Balou.

- Euh, non, rien, je bafouille. Désolée.

Je me relève aussi vite que mes jambes me le permettent et je m'éloigne en courant.

Harry.

Qui est cette fille ? Je n'ai pas l'habitude qu'on me fuit. Je ne lui voulais rien de mal en plus. J'ai été bluffé par sa façon de danser. Il y avait vraiment de la pureté en elle. Je n’ai jamais vu une telle grâce dans les mouvements qu’elle faisait. J'ai ressentie de profondes émotions. Je voulais simplement lui parler. Pour lui dire quoi, je ne sais pas trop. Simplement lui parler. Elle m'inspirait vraiment confiance. Mais parfois dans la vie, il y a des actes manqués. C'est comme ça.

Ils ne savent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant