A la mort de sa mère, Coraline est placée en famille d'accueil bien loin de ses amis et son ancienne vie. Elle doit apprendre, seule, à trouver sa place dans un établissement où les évènements étranges et inexplicables s'enchaînent. Trouver sa place...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La lumière filtrait à peine à travers les rideaux épais de la chambre principale. Il était pourtant assez tard pour que je doive m'inquiéter, alors allongée tranquillement sur mon lit. Cependant, les yeux grands ouverts, je n'osais pas perturber le silence de peur de tout déclencher, de rompre la quiétude factice dans laquelle je m'étais emmitouflée. Après presque deux longs mois de vacances, il était difficile de s'imaginer qu'aujourd'hui tout s'arrêtait. Pourtant, aujourd'hui, les vacances étaient finies et j'étais déjà en retard pour mon premier jour d'école.
Si la rentrée est douloureuse pour tous, elle l'était d'autant plus pour moi quand, à peine deux jours plus tôt, j'étais sur le bord de mer, bien trop occupé à nager, admirer des garçons qui ne m'adresseraient jamais ne serait-ce qu'un regard, et bronzer. Tant et si bien que j'arborais, avec une satisfaction qu'il m'était difficile de contenir, une teinte dorée qui s'éloignait de mon habituel teint blafard. J'avais aussi lu les livres qu'on m'avait demandé de lire. Les titres des ouvrages figuraient dans la lettre qui accompagnait mon acceptation dans un petit lycée de province. Une bourgade, qui par l'habitude qui caractérise généralement les petites villes, tenait plus d'une grande famille où routine, tradition et commérage guidaient avec entrain le quotidien de ses habitants. Je détestais cette proximité parce qu'elle ne ferait que renforcer cette impression d'intrusion, d'être de trop, cette même impression qui m'avait accompagnée toute ma vie et dont, pourtant, j'avais beaucoup de mal à m'accommoder. Fort heureusement, et cela semblait être mon seul réconfort, je n'y allais que pour ma dernière année.
Je n'avais donc qu'un an à tenir.
Pourtant, même si mon esprit continuait à me servir ce mensonge, je savais qu'un an pouvait s'avérer très long. Rien que ces derniers mois m'avaient paru une éternité, et ces vacances une distraction bienvenue surtout quand... Je secouais la tête, refusant de m'enfoncer dans ces pensées sombres qui ne serviraient qu'à me mettre plus en retard et d'humeur plus maussade que je ne l'étais déjà. Je dérivais donc vers des soucis plus pressants. Comme à chaque fois que je paniquais, je me mis à programmer. Pas dans le sens rédiger un code, non, bien sûr que non. Dans le sens d'organiser mes prochaines actions aussi bêtes soient-elles. Là, par exemple, je décidai de (dans l'ordre) : me lever, faire mon lit, faire ma toilette, m'habiller, sortir mon sac de cours et y glisser trousse et feuilles, me diriger vers la cuisine, saluer brièvement Cynthia - ma tutrice - prendre une barre de céréales, et partir au lycée, me savant pourtant déjà en retard.
Comme je l'avais prévu, Cynthia m'attendait silencieusement dans l'une de ces salles à manger spacieuses que l'on ne trouvait que dans les maisons de villes aussi petites. Elle était chétive, courageuse et lumineuse. Je ne l'avais, jusque là, jamais entendu se plaindre ou me reprocher quoique ce soit. Quand elle me vit, elle me servit ce petit sourire malicieux et compréhensif qui ne semblait jamais quitter son visage. Je ne pus m'empêcher de lui rendre son sourire, même si le mien restait circonspect. Elle baissa les yeux vers la table où je découvris un café et un croissant qui n'attendaient que moi. Le café fumait encore alors que je devais être attendue bien plus tôt ce qui m'étonna. Haussant les épaules, je m'assis en silence et mangeai mon repas, attendant patiemment qu'elle se décide à parler, ce qu'elle ne tarda pas à faire.