Chapitre 2 : Salut, p'tite sœur.

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Grâce au huitième parrain de la plus grande famille, Gorgio Cabaronna, il y eut l'arrêt des hostilités entre les contrées ennemies, et cela, avec le mérite qu'il n'y ait aucune vengeance offerte.
Comme quoi le vent de la peine n'avait pas touché qu'un seul homme, et que le bien existe en tout temps et s'il y avait une chose à savoir, c'est que viser la paix dans un moment de guerre restait le combat le plus difficile à mener.
Tous les habitants de Rome en voulaient à Gorgio Cabaronna pour cette décision, il décida donc de se retirer de la tête de la famille afin de garder la capitale en paix, laissant sa place à son seul fils, Lucio Cabaronna.

Bastiann n'avait qu'un objectif à quatre ans : " Je veux devenir le plus fort des nouveaux mafieux afin d'éradiquer la guerre... "

Car la guerre, c'est ce qu'il avait vu, et de cette vision, il en a fait naître la sienne.

Chaque jour qui passait, il se questionnait comme un homme mature. Les gens pouvaient se moquer de cette prise de conscience prématurée, il était déterminé plus que quiconque. Le jeune homme avait passé beaucoup de moments solitaires à s'entrainer durement, il était clairement en avance sur son temps : C'était ce qu'on appelle, un génie.

Voilà que Bastiann a désormais huit ans, mais pour lui rien ne change, c'est un jour comme les autres. Son seul objectif : s'entraîner, devenir plus fort qu'hier mais toujours avec cette vision de cauchemar qui ne cesse de rester dans son esprit. La vision de sang à laquelle il avait été confronté et pour laquelle il avait prit sa décision.

Malgré les mauvais souvenirs, cette année là, il s'est passé quelque chose d'incroyable : Bastiann devenait pour la première fois grand frère, et ce jour là, il se posa devant ce bébé confortablement installé dans les bras de sa mère, celui-ci regardait de ses petits yeux un peu partout autour de lui. Ce nouveau né, c'était une petite fille. Une douce et magnifique petite fille qui avait prit tous les traits délicats de leur mère.

Bastiann avait tellement peur de lui faire du mal qu'il évita même de la toucher sur le moment, mais après quelque secondes d'observation, il lui caressa la joue et ce fut là qu'Eléanor commença à rougir et lâcher ses premiers sourires.. Les premiers sourires à son grand frère.

" Longue vie au nouveau né des Manccini. Eléanor, nouvelle membre du clan grandissant. "

Ce moment fut très important dans la vie de Bastiann car ça lui aura fait connaître un nouveau sentiment, quelque chose qui faisait battre son cœur pour quelqu'un de nouveau. Un amour fraternel, un amour éternel.

Il éprouva directement tout ça comme étant une nouvelle mission, comme toutes celles qu'il s'était fixé, elle venait s'ajouter à l'addition.

Cela venait de quelque chose de pur : Cela venait de son cœur.

" Occupe toi bien de ta petite sœur. " Lui dit sa mère.

Et il reposa la main sur la joue du bébé Eléanor en faisant un simple signe affirmatif de la tête, montrant qu'il était naturellement d'accord. Mais à huit ans, on peut s'imaginer un avenir propre, un avenir sans failles car pour Bastiann, tout était déjà calculé, du moins c'est ce qu'il pensait. Pourquoi la vie est-elle si cruelle ? Pourquoi ne peut-il pas tenir cette silencieuse promesse faite ? Pourquoi n'a t'il pas pu la tenir ? 

A cause de cette salope qu'on appelle " Maladie ". 

Il s'agissait d'une maladie infantile, un syndrome que seuls les nouveaux nés contractent, il suffit d'avoir un peu de chance pour en survivre, Eléanor n'en eut pas.  Et en ce matin d'hiver alors que le grand frère s'apprêtait à aller rendre visite à la nouvelle prunelle de ses yeux dans son berceau, il eut une nouvelle fois, une vision de cauchemar, de mort. Comme si cette dernière suivait le jeune homme à la trace, lui montrant qu'elle ne le lâchera pas et que pour grandir, il faudra l'affronter et ce, pas qu'une fois. 

Ses parents étaient là, priant devant le berceau portant le petit corps désormais sans vie. Sa mère hurlait son chagrin, demandant pourquoi ? Pourquoi la vie leur joue de si mauvais tours, pourquoi le monde est si cruel avec leur propre nom ? Comme si depuis la nuit des temps les Manccini portaient en eux une malédiction : Celle de la mort, de la perte, de la défaite. 

" Maman, Qu'est-ce qu'il y a.. Pourquoi tu pleures ? "

S'approchant un peu plus il leva les yeux vers son père qui avait la tête baissée et les poings serrés. L'homme ne voulait pas craquer mais sa tristesse transperce le cœur du jeune garçon. 

" Mon fils, ta petite sœur nous a quittée. Tu es seul, désormais. " 

Seul. Au final, Bastiann est destiné à l'être, il l'a toujours été est-ce ça la récompense à ses idéaux plus grands encore que ceux des  adultes ? Restant là, avec pour unique vision la tristesse et le déchirement, Bastiann sentait les larmes brûler ses yeux, s'échappant le long de ses joues. 

" Pardon, je n'ai pas su tenir ma parole, je n'ai pas su la protéger comme un bon grand frère. " 

Voilà ce qu'il était seulement capable de dire à ce moment : Pardon. 

Il s'appelait BastiannOù les histoires vivent. Découvrez maintenant