I : un passage à reprendre ?

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C'est l'été, il fait chaud, le soleil brille. Quoi d'étonnant ? C'est pareil depuis deux mois. Il n'a pas plu depuis Mathusalem et tout le monde sue à grosses gouttes. moi, comme tous les après-midis j'attends Amy devant la bibliothèque où elle passe le plus clair de son temps. Quand elle sort enfin, elle me trouve aussitôt bien que je sois à l'écart, dans l'ombre, et vient m'embrasser. Cela fait presque un an qu'on est ensemble et je l'aime chaque jour un peu plus. Moi qui suis facilement solitaire, elle m'apporte la joie qui me manque trop souvent. À 17 ans, elle porte toujours des t-shirts avec des dessins d'animaux et des jupes colorées. Cela va comme un gant avec son caractère jovial et sympathique. Le monde serait si fade sans elle.

Tout les jours c'est pareil. Marchand de glace, plage et puis je la ramène chez elle. Elle n'habite pas trop loin de chez moi, je rentre alors directement pour ensuite m'affaler sur mon lit, penser à Amy qui me manque déjà et regarder des films. Mes cahiers d'étude sont fermés sur mon bureau depuis le début des vacances, je repousse sans cesse les révisons pour plus tard, moment qui n'arrivera jamais.

Le grand miroir de la salle de bain me renvoie éternellement l'image d'une personne aux yeux foncés, au teint matte et aux cheveux noirs comme un ciel de nuit d'été. ma tenue n'est jamais soignée quand je suis à la maison, à quoi bon ? Il n'y a personne. Un t-shirt noir à l'effigie d'un groupe de rock dépassé, et une pantalon à trous aussi grands que le bazar qui subsiste éternellement dans ma chambre. Ce matin-là, alors que je me demande une fois de plus si je vais ouvrir mes cahiers d'études pour commencer enfin à réviser, la porte de la maison s'ouvre. Je sais aussitôt qui franchit le pas de la porte. Mon frère, un grand gars qui fait presque deux mètres et porte une casquette où qu'il soit entre brusquement et pose à terre un sac de sport, il revenait de son cours de basket.

- Hey, content de te revoir mec, me lança-t-il.

- ...

- Tu fais la gueule ? ricana-t-il.

- ...

La bataille de regard dure ce qu'il me semble être une éternité, puis, tout en gardant ses yeux braqués sur les miens, il s'avance, lentement, puis de plus en plus vite. Je ne bouge toujours pas, il veut me faire reculer, il n'aura pas ce qu'il souhaite. 

Au moment où il m'aurait percuté, il me prend dans ses bras et me fait tournoyer. J'ai honte de mon poids si ridicule, de ma taille toujours aussi petite, j'ai l'impression d'avoir cinq ans, et je déteste ça. Je sais, j'ai un sale caractère. En même temps, que demander de mieux à quelqu'un qui a grandi tout seul, qu'on a laissé faire ses propres expérience ? Résultat de toute cette indépendance, j'ai longtemps été dans un gang, les voyous de la cité. Je n'avais aucun honneur, je trainais avec des jeunes comme moi mais au fond, nous ne nous sommes jamais raconté nos histoires, même nos noms n'étaient presque jamais mentionnés. C'était juste un moyen d'avoir de la compagnie, de pouvoir dire qu'on avait des amis, des compagnons d'infortune.

Quand mon frère me repose par terre, je lui souris en fin. 

Lui qui a été la première personne à se rendre compte que je n'était plus moi-même, mon corps n'était plus qu'une enveloppe charnelle vide, mon âme était en train de se faire la malle en emportant ma raison au passage. Je n'avais plus aucun sens à ma vie, je séchais, je fumais, mais ce que je ne n'avais pas remarqué avant longtemps, c'était que toute les nuits, je pleurais la solitude qui m'oppressait. être entouré ne voulait pas dire être compris et encore moins aidé, j'avais fait semblant pour ne pas avoir d'ennuis, pour qu'on ne me surnomme pas chochotte ou mauviette, je prenais sur moi. 

Quand tout a pété, mon frère s'en est rendu compte, sans son soutien, j'aurais sûrement fini toxico. 

Mais ce pan de ma vie est fini, terminé, j'ai changé. depuis que j'ai rencontré Amy, je reprends goût à la vie, je réapprends à sourire, il est vrai qu'elle donne de la joie à chacun. 

la première fois que mon frère l'a rencontré, il m'a dit ensuite que, je cite, "si c'était pas ta copine, je me la serait volontiers tapée". Je l'avais frappé pour avoir osé être honnête avec moi, moi et mon impulsivité ! 

Depuis, je la vois tout les jours, les gens sourient en nous voyant, car nous sommes un couple assez soudé et "mignon", comme on me le dis aussi des fois. Certains détournent le regard. Pourquoi donc ? 

Mais par ce que même aujourd'hui, les gens ne sont pas encore habitué à voir deux filles s'embrasser.




recueil des quatre coins du monde de l'imaginationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant