Chapitre 13

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Point de vue de Lou

Si je tends mes lèvres ne serait-ce qu'un tout petit peu, je pourrais atteindre les siennes. La douche est très étroite. Je n'arrive pas à croire que nous ayons réussi à y entrer toutes les deux. Je peux sentir son souffle soulever les mèches sur le coté de mon visage. Je suis dos au mur, les bras de Violette forment une prison dont je n'ai nullement envie de m'enfuir. L'air est encore humide à cause de la douche qu'elle vient de prendre. Mes joues sont passées par toutes les teintes de rouge possibles, passant du vermillon au cramoisi pour enfin stagner sur le pourpre. J'aimerais tellement pouvoir passer mes mains sous son haut pour caresser sa peau... On se regarde dans les yeux, toutes les deux conscientes de notre position. Ma poitrine est collée à la sienne, séparées par ces maudits tissus qui paraissent bien trop superflus. Le carrelage froid sous mes doigts contraste avec la chaleur ambiante. Mon cœur bat violemment, il est prêt à s'extirper de ma cage thoracique mais la voix rauque de l'homme qui vient d'entrer me fait revenir sur terre.

— T'as raison, elle a dû se barrer.

— Tsss... Allez, viens on rentre, il faut qu'on aille faire notre rapport.

On entend les deux hommes quitter mon appartement. Comment se sortir de cette position pour le moins... gênante ? L'attraper par le col et l'embrasser. Je suis parfaitement incapable de faire ça. Ou alors ne rien faire... Ça ne m'avance pas à grand-chose.

Je commence à penser que j'ai de la chance puisque c'est elle qui se retire en s'excusant. Une vague de frustration s'empare de moi.

— Ils reviendront sûrement ici pour s'assurer que je n'y suis pas. Il faut que nous partions immédiatement.

— Mais, tu ne crois pas qu'ils sont à la fac ?

— S'ils sont venus jusqu'ici, c'est qu'ils n'ont rien trouvé là-bas. Par contre, ils doivent également y passer régulièrement pour s'assurer que je n'y suis pas retournée.

— Alors, comment on va faire ?

— Il faut impérativement que je récupère mon arme, j'ai récupéré la sienne mais elle n'a plus de balles. Par contre je ne sais pas comment faire pour y aller sans me faire repérer.

Elle se prend la tête dans les mains. Bon, je dois absolument aider Violette d'une façon ou d'une autre.

— Je sais !

Elle lève la tête vers moi.

— J'ai exploré chaque recoin de la bibliothèque. Je sais qu'il y a un conduit d'aération assez grand pour que nous puissions y passer.

— Ça ne répond pas à la question : « Comment s'y rendre ? »

— Les égouts...

Elle me fait de grands yeux.

— Brillante ! Tu es brillante Lou !

Elle m'enlace en répétant le mot "brillante" à mon oreille. Je rougis une fois de plus, même si ses étreintes se font de plus en plus fréquentes et que je devrais y être habituée maintenant. Elle me fait un immense sourire.

— Allons-y !

Je lui souris. Nous sortons de mon appartement pour marcher dans les rues de la ville. Chemin faisant, je lui décris les réseaux qui sillonnent la terre sous nos pieds.

— Comment ça se fait que tu connaisses aussi bien les égouts ? Ce n'est vraiment pas commun...

— Je ne suis pas qu'un rat de bibliothèque, gloussé-je avec un sourire malicieux.

Elle lève les yeux au ciel et j'éclate de rire.

— Non mais sérieusement.

— Je fais partie de la famille Salisbury. C'est la famille la plus importante et la plus influente de toute la ville. Mes ancêtres ont fondé cette cité. Tous les membres de la famille reçoivent une formation afin de connaître la ville dans ses moindres recoins. Le réseau sous terrain et les égouts en font partie.

Renarde et flocon de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant