Chapitre 4

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     Marchant dans les jardins seigneuriaux en sanglotant, Marie retourna auprès de son père et du Comte, bien déterminée à avoir une discussion d'adulte concernant son mariage. Elle ne voulait en aucun cas que monsieur Du Valois ne décide de l'organisation alors même qu'elle n'avait pas pu avoir le choix de son futur époux. Marie voulait que la cérémonie soit somptueuse, si elle devait épouser un inconnu, autant que se soit en grande pompe.

 Un portier lui ouvrit le passage menant au bureau qu'elle avait remarqué plus tôt dans l'après midi mais le majordome lui barra le passage, 

- Madame, je crains que monsieur le Comte n'est pas encore finit de discuter avec votre père, et il a demandé à ce que personne ne le dérange, si vous voulez bien me suivre dans le salon de thé je me ferais un plaisir de vous en servir un nouveau. 

- Je ne suis pas personne, mon cher, je suis la futur épouse  de monsieur et je compte bien rentrer dans ce bureau de grés ou de force afin de converser à propos de mon mariage, dit-elle d'un ton sec.

De l'autre coté de la porte, monsieur Bélurier et le Comte avaient entendu l'altercation des deux personnes, le bourgeois était complètement affolé par le comportement déplacé de son enfant, Jehan quand lui, ne laissait rien paraitre, son visage était toujours aussi fermé et froid qu'à l'accoutumé.

- Sebastian, laissez entrer la demoiselle, je pense qu'elle devrait elle aussi faire partit de cette discussion, annonça Jehan en se levant de son fauteuil. Le pauvre bourgeois l'imita dans son geste, la porte s'ouvrit, invitant la jeune femme à entrer. Elle s'inclina à nouveau devant le Comte, lui présentant ses respect. 

- J'espère avoir fait le bon choix en vous conviant dans cette discussion, madame, et je ne tolèrerai en aucun cas d'autre écart de ce genre désormais, ajouta le Comte d'un air supérieur et moralisateur, j'entend très bien que vous voulez être présente mais ce ne sera qu'en ma bonne volonté que vous pourrez participer dans les négociation, annonça-t-il froidement. 

- Merci monsieur, répondit-elle en inclinant la tête vers le sol.

 Qu'elle le trouvait arrogant, elle était sa futur épouse mais il la traitait et la rabaissait tel une enfant qui n'avait rien à faire dans une conversation d'adulte. Elle s'en trouvait insulté et blessé dans sa dignité, mais ne laissait rien paraitre, une femme se devait de rester digne. Jehan lui montra un siège d'un geste de la main et se réinstalla dans son grand fauteuil en cuir. 

- Bien, continuons mon cher, où en étions nous ? Ah, oui, les modalité de réparation de dette. Le mariage avec votre fille ne suffisant pas à couvrir tous les frais, j'ai donc décidé que vous et votre épouse seraient mes représentant officiels lors des rassemblement mondain jusqu'à nouvel ordre, vous devrez donc suivre des cours auprès d'un professeur qui vous enseignera tout ce qu'il faut savoir en temps qu'ambassadeurs officiels. Il se présentera chez vous six jours par semaine pendant trois mois, temps amplement suffisant pour des bourgeois de votre trempe qui avaient déjà baigner dans la noblesse. 

Marie pâlit, ses parents allaient voyager dans le pays tout entier et au delà des frontières, elle trouvait ça inadmissible, mais ayant déjà interrompu la discussion, elle ne voulait en aucun cas s'attirer les foudre de son futur époux, elle se garda donc de prononcer une remarque. 

- Vous serez chargé de redorer le blason du Valois le temps que ma futur épouse soit prête à entrer à la cour, son apprentissage sera bien plus long et complet que le votre, elle devra connaitre sur le bout des doigts l'histoire des Du Valois et de France. Les danses de noblesse seront abordés ainsi que l'apprentissage des langues, et tout un tas d'autres études afin de faire de votre fille une parfaite maitresse de domaine. Tout ce que les enfants de noble étudient durant leur enfance devra être assimilé dans un laps de temps très réduit. En serez-vous capable madame, demanda le Comte avec mépris, lui adressant un regard glacial.

Marie n'hésita pas une seconde à lui clouer le bec.

- Tout ce que vous désirerez monsieur le Comte, je me sens tout à fait capable de réaliser cet exploit, dit-elle. 

Elle ne se sentait pas mieux qu'un agneau dans la gueule d'un loup à cet instant mais ne laissa rien ressortir. 

Après quelques heures à aborder tout un tas de sujets plus futiles les uns que les autres, la signature de pas moins d'une dizaine de parchemins, Marie et son père purent enfin rentrer chez eux, la demoiselle avait eu ce qu'elle voulait; la cérémonie serait organisée par ses soins, avec l'aide de Sebastian le majordome, et n'aurait aucune limite financière. Les invités saluèrent leur seigneur et se dirigèrent vers la sortie. Lorsqu'il entendit la lourde porte se fermer, Jehan sortit du papier et s'attela à la composition d'une lettre adressée à son roi :

Votre majesté, 

     C'est avec un grand honneur et une grande joie que je vous annonce mes fiançailles, le mariage sera célébré le trois du mois de décembre, dans moins de deux semaines. Ma futur épouse n'est qu'une enfant de riche bourgeois, mais connaitra les coutumes de l'aristocratie  française avant les présentations officielles. Ses apprentissages étant long et difficiles je vous requière, votre altesse, de ne point ébruiter trop vite la nouvelle, afin que la demoiselle puisse familiariser à nos nobles coutumes.

Je vous prie votre majesté, d'accepter mes sincères salutations.

Votre dévoué, 

JEHAN DU VALOIS Comte Du Valois.


Marie et son père remontèrent dans le carrosse, le voyage se fit dans un silence pesant. La jeune fille regardait les arbres défiler sous ses yeux, pensive. Arrivés en ville, les sabots des chevaux claquaient sur les pavé; le fiacre se stoppa devant la demeure bourgeoise.  Monsieur Bélurier se leva en silence, ouvrit la porte latérale et tendit, sans un mots, la main à sa fille. Sortant de sa torpeur, la demoiselle la saisit et sortit doucement. Le valet referma l'ouverture et les chevaux s'élancèrent, tirant la voiture dans un bruit fracassant. Madame Bélurier attendait assise dans le salon; Marie crut bon de laisser son père annoncer la nouvelle de leur grand voyage seul, il était tard et elle n'avais qu'une envie, dormir. 

Elle se dévêtit et dans un soupir de soulagement desserra son corsage. Ses jupes tombèrent en cercles autour de ses jambes et, habillée d'une simple chemise se soie, se jeta sous les draps, extenuée de toute cette journée. 

Dans le salon, Isabeau Bélurier était complètement choquée de la nouvelle, à la fois heureuse de la tournure des évènement qui lui souriait mais encline à un terrible chagrin pour sa fille qui serait livrée à elle même durant un long moment. Malgré tout, elle savait que son enfant s'aurait s'en sortir et qu'elle deviendrait une parfaite épouse. Son mari était accablé par les doutes, il ne savait si son choix était le bon, et s'en voulait de faire payer à sa fille les erreurs qu'il avait commises.

Dans la grande demeure, le Comte était attablé à son bureau, remplissant toutes les modalités obligatoires pour mener à bien cette union. Le lendemain, il enverrait un messager à Versailles, et délèguerait à son valet tout les futiles préparatifs de mariage. Sebastian devait donc se rendre chez les Bélurier à la première heure afin d'accompagner la future Comtesse et rendre cette cérémonie inoubliable à ses yeux d'enfant. 

Gabriel, couché dans la paille, n'avait pas eut le courage de rentrer chez lui. Adossé au mur de la stalle, il pensait à son avenir. Il avait déjà dix-neuf ans et se devait de trouver une épouse et une mère pour sa descendance, une demoiselle aussi parfaite que Marie. 

Elle, était désormais promise à un avenir plus radieux que celui qu'il avait à lui offrir.   


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Désolé pour l'apparition tardive de ce chapitre, avec les fêtes de fin d'année je n'ai pu me remettre à l'écriture, j'espère qu'il vous plaira. 

Alors, que pensez vous du comte ? Et ce petit caractère caché de notre héroïne ? Va-t-elle se soumettre ou se rebeller face à cet homme ? 

1775Où les histoires vivent. Découvrez maintenant