◾6•Fuir◾

2 0 0
                                    

De lourdes couvertures obstruaient les fenêtres, créant une atmosphère confinée dans la pièce. Les bougies, éclairant les visages de leur lumière dansantes rendaient l'obscurité presque palpable.

Les membres du groupe étaient assis, certains sur les lits et d'autres à même le sol. Perdus dans leurs pensées, ils sursautèrent quand la porte s'ouvrit avec fracas. Sept paires d'yeux fixèrent la nouvelle venue, éblouis par la lumière entrant par l'ouverture.

— Et alors ? s'exclama Lämm. Pourquoi ces mines sinistres ?

Loänn se leva en époussetant ses vêtements.

— Nos recherches à la Bibliothèque n'ont rien données, et nous avons vu plusieurs affiches sur les murs de la ville. Nos têtes sont mises à prix. On ne s'attardera pas plus longtemps ici.

— Ça peut devenir dangereux pour nous, intervint Erän. On ne voudrait pas voir débarquer des mercenaires. Ou pire, des soldats de notre chère cheffe.

— C'est tout ?

— Pardon ?! explosa Fërst. Pour moi, c'est déjà bien assez. Arriver dans une ville inconnue pour un résultat inexistant et en plus avoir nos têtes collées dans toutes les rues, je ne sais pas toi, mais moi ça me suffit amplement.

— Tu te répètes. Mais attend, on s'est mal compris. Même si j'avoue qu'être recherchée est normal pour moi. Ce que je voulais dire, c'est que je savais déjà tout ça.

Sous leurs regards remplis d'incompréhension, elle enchaîna.

— Dans la réserve je suis tombée sur un archiviste charmant en manque d'affection, qui a gentiment accepté de m'aider en échange d'un petit service.

Son regard balaya la salle, et tomba sur celui de Loänn. Du coin de l'œil, Silänn vit la guérisseuse rougir légèrement et baisser les yeux. Une lueur malicieuse apparue dans son regard. Dröm prit la parole à son tour.

— Donc tu es sûre que le livre que nous cherchons n'est pas ici ?

— Absolument. Ou en tout cas, pas dans la Bibliothèque.

Lastia croisa le regard de Fërst. D'un signe discret de la tête, elle lui indiqua de ne rien dire des événements de la ruelle. Il acquiesça et se tourna vers Dröm qui était resté silencieux.

— Que proposes-tu qu'on fasse ?

— On ne peut pas prendre le risque de rester en ville tant que nous sommes recherchés. À l'avenir, nous devrons nous contenter de rapides incursions, en privilégient à tout prix la discrétion.

Il releva la tête et croisa le regard de chacun pour appuyer ses propos.

— Nous partirons demain à l'aube. Partir plus tard augmenterait nos chances de tomber entre les mains de nos ennemis.

— Pourquoi ne pas profiter de la faveur de la nuit ?

— Parce que je pense que nous avons tous besoin d'une dernière nuit dans une auberge avant de partir sur les chemins.

— C'est vrai que je ne cracherai pas dessus, chuchota fortement Silänn.

Après un moment de discussion, il fut finalement décidé de partir dès que le soleil commencera à se lever, afin de se fondre dans les derniers restes de la nuit. Dans le silence de la chambre, l'heure était aux pensées. Le souvenir de leur départ précipité et l'échec de leur première étape flottaient au-dessus de leur tête, comme un nuage de colère et de désespoir mêlé. Mais malgré tout, la fatigue fini par alourdir leurs réflexions, et ils s'endormirent un à un, encore inconscients du drame qui allait se jouer.





Chaque lumière a sa part d'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant