◾14 • Un vent de menace partie 2◾

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Lämm changea une nouvelle fois de position, mal à l'aise. La pièce dans laquelle l'inconnu les avait amenés était plus sobrement décorée que l'entrée. Un bureau de chêne noir trônait au milieu de la pièce, et rien ne couvrait le lambris des murs. Fërst et elle étaient installés sur des chaises en tissu, pendant que l'homme leur tournait le dos, occupé à préparer une boisson.
Ses cheveux noirs, relevés en chignon à l'arrière de sa tête, semblaient absorber la lumière. Il avait le corps élancé, mais ne paraissait pas fragile. Ses mains étaient lisses et aucune cicatrice n'apparaissait sur son visage. Lämm se tourna vers le Pisteur.

― C'est lui la personne dont tu nous parlais ? lui chuchota-t-elle.

Il hocha la tête en silence.

― Je ne l'imaginais pas du tout comme ça...

― Vous a-t-il seulement dit comme je m'appelais ? la coupa l'homme en se retournant.

Il prit leur silence comme une réponse, et enchaîna.

― Je suis Irraël, chercheur en curiosité, comme on aime me surnommer. Plus simplement, j'aime me passionner pour les choses, anciennes ou non. Les coutumes, les objets...

― Et les langues ?

Il marqua un temps de pose, observant attentivement la femme et suivant des yeux les traits d'encre sur son corps.

― Et les langues, effectivement. J'imagine que c'est la raison de votre venue ? Fërst n'a rien voulu me dire. Tu n'as jamais été très loquace, mais aujourd'hui, tu te surpasses, dit-il en se tournant vers le Pisteur. Je te le redis, mais je suis désolé pour la dernière fois. Je pensais vraiment que les cornes de Trivers pouvaient aider.

― Ce n'est pas ça, répondit-il d'une voix contrôlée. Je n'aime pas venir ici, c'est tout. Et j'ai appris à me méfier de tes manières.

Irraël eut un sourire de connivence.

― Pourtant, j'ai souvenir d'un temps où mes manières te plaisaient assez pour que tu reviennes.

Fërst planta son regard dans le sien et déclara d'une voix dure.

― Un temps passé, c'est exact.

Lämm, qui avait suivi l'échange avec intérêt, haussa les sourcils. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, le propriétaire des lieux se tourna vers elle.

― On dirait bien que vous êtes la personne la moins sensée ici. Venir avec Fërst dans cette ville relève du suicide. Ou de la bêtise.

Elle se leva calmement, et le regarda sans ciller. Un sourire cruel se peigna sur son visage, et l'homme pâlit soudainement. Il finit par détourner le regard et s'assit tant bien que mal sur son siège. Lämm l'imita, avec un clin d'œil à l'intention du Pisteur.

― Quand tu sais te faire respecter des bêtes sauvages, les hommes sont faciles à intimider. Donc non mon cher, ajouta-t-elle d'une voix mielleuse, ce n'est ni par bêtise ni par souhait de mourir que je l'ai accompagné, mais belle est bien car j'en ai le pouvoir. Maintenant, si vous pouviez cesser vos petits jeux et commencer à nous écouter, nous n'avons pas toute la journée.

― Très bien.

Il jeta un regard sombre à la femme et se tourna vers Fërst.

― Que veux-tu savoir ?

― J'aimerai que tu jetes un œil à ce livre. Nous l'avons trouvé dans une ville voisine, mais il semblerait qu'il soit écrit dans une langue ancienne.

Il sortit l'ouvrage de son sac, et lui tendis en faisant attention de ne pas toucher sa main. Irräel s'en empara et commença à le feuilleter avec précaution. Il resta silencieux, puis il releva la tête.

Chaque lumière a sa part d'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant