Chapitre Deux

5 0 0
                                    

Mon familier Karkhan, un ourson trouvé par mes parents à leur arrivée, a l'avantage de rester minuscule à vie. Sa couleur majoritairement marron le fait parfois confondre avec la terre qui borde le vaisseau. Il me regarde avec ses gros yeux, attendant que l'heure passe. Je prends quelques affaires avec moi, ce long voyage s'annonce périlleux.

Après mon familier, c'est au tour de Sagha, mon amie d'enfance, de planter le décor : un visage nerveux et fermé, prête à tout pour me faire renoncer au départ :

- Nous pourrions attendre des jours moins hostiles ! Me soutient-elle.
- Sûrement pas, tu as entendu les voix des Naaru, je ne peux plus attendre.
- Très bien, dans ce cas je viens avec toi.
- La tribu a besoin de toi et de tes compétences. Ce voyage est trop risqué...
- Pour une Draeneï ? Fustige-t-elle.
- Pour quiconque Sagha, nous ne connaissons presque rien de cette planète, si ce n'est qu'une horde féroce pille et brûle les villages au Sud.
- Laisse Karkhan et pars avec le compagnon de notre plus grand chasseur.
- Comme tu dis, le plus grand chasseur, je ne suis pas un chasseur et je ne saurai dompter ce... qu'est-ce déjà ? Lui demande-je.
- Un camplan majeur des îles sauvages du Nord.
- Rien que le nom est trop dur à porter... Je garde Karkhan qui me sera d'une grande compagnie et je pars dès l'aube.

Ne pouvant plus rien pour me retenir, Sagha court vers moi et m'agrippe de ses longs bras bleus. Un au revoir teinté d'un adieu emplit son regard triste.

La nuit fut courte mais mes pensées se sont mêlées à la peur. La peur de l'aventure et de l'inconnu. Bien que quelques Draeneï ont parcouru une grande partie des terres jusqu'aux Royaumes de l'Est, peu d'entre eux en sont revenus indemnes.

En effet, que ce soit sur les mers ou les terres, il y a toujours quelque chose qui veut vous engloutir d'une seule bouchée. Si je ne finis pas avalé entièrement cru, je pourrais très bien recevoir une flèche d'un Gobelin ou encore d'une troupe d'Orcs.

Le ciel noir parsemé d'étoiles laisse entrevoir des tons violets, presque bleus. Le jour se lève sur les îles de Brume-Azur. Le vaisseau et les villages de fortune alentours dorment encore paisiblement d'une nuit quelque peu arrosée.

Je n'ai pu prendre part à la fête du solstice d'été, particulièrement enjouée chez les Elfes, mais totalement inconnue chez les Draeneï. J'ai l'impression que ce peuple trouve toujours une bonne occasion de boire de l'hydromel fait par les humains, qu'ils ont en affection pour leur côté primitif.

Je quitte l'abri qui me sert de maison. Je trouverai bien un moment pour construire un lieu plus sûr, à moins que je sois établi ailleurs sur Azeroth. Le regard perdu dans les alentours du vaisseau, je cherche le maître de vol dans la pénombre, celui-ci a tendance à se cacher tant que le soleil n'est pas levé. Il me demande ma destination et je lui réponds :

- La plus lointaine possible !
- Dans ce cas, ce griffon vous amènera à Auberdine !
- Sérieusement ? Auberdine est le lieu le plus lointain qu'un griffon peut atteindre ?
- Il peut faire trois fois le tour de cette planète si je le lui demande ! S'esclaffe le maître de vol. Mais nous ne connaissons pas de lieu plus distant qu'Auberdine, vous pensez bien que les Draeneï sont loin d'être les plus téméraires...
- Va pour ce village à la distance incalculable !

Je scelle mon paquetage et mon familier Karkhan à l'arrière du griffon puis grimpe tel un chevalier sur cette monture peu exotique. En peu de temps qu'il n'en faut pour le dire et à grand coup d'ailes, nous voilà survolant l'île de Brume-Azur puis les mers extérieures. Je peux déjà voir la pointe Nord de Kalimdor, terre inconnue jusqu'alors.

Origines : DraeneïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant