Arthur [23.12.20]

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C'était pas plus tard que demain, entre deux murs blancs jonchés de lierre que ce trouvait ce poème. Cet homme là-haut regardait le ciel pensif. C'est beau un ciel pensif. Il était jeune. Pas loin de 17 ans. "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" qu'il disait. Il se balançait d'avant en arrière, une feuille froissée dans une main, un crayon dans l'autre. La pensée faisant le tour du monde en 80 secondes. Il pensait. Toujours plus, toujours plus loin. Le temps, encore une question de point de vue. Il demanda des bocks ou de la limonade, histoire de s'occuper l'esprit à observer la foule.

Regardez-le.
Regardez-le bien, infidèles.
Il marque le monde de sa plume et son papier, de son âme et son coeur, de sa pensée et sa douleur.
Regardez comme il est insouciant. Les meurs cachés dans sa paume, les faits qu'il ose et qu'il prône.
Regardez comme il vit.

Observez-le ! Observez-le !
Je vous en supplie, regardez-le vivre, regardez-le essayer, c'est si dur d'être différent dans une foule de clones.
J'en pleure et me couche à vos pieds, ressentez cette douleur, ce mal-être, tout ces maux, je vous implore, sentez votre coeur se fendre, sentez votre tête vous brûler et vous hurler de décrire l'indifférence. Sentez-vous cette torture continuelle ? Sentez-vous cette douleur affreuse s'emparer de vos tripes ?
C'est ainsi que l'on existe.
Regardez comme on vit.

Une pensée trop rapide pour le corps. Des questions trop matures pour un âge. Des réflexions trop poussées pour la société.
Entendez comment on nous appelle. Intellos, marginaux, surdoués, que des termes dépassés.
Trop de douleur, trop de douleur, laissez nos esprits s'exprimer.
Laissez exploser notre créativité au lieu de l'enfermer dans les bocaux d'un cabinet de curiosité.
Laissez les mots, les phrases, les poèmes, les rimes.
Laissez les proses, les vers, les accords, les rythmes.
Laissez nos maux, nos phases, nos dilemmes, nos hymnes.
Laissez le temps faire son affaire et emporter nos écritures fines.

Ce sera pas plus tôt qu'hier, entre deux murs blanc jonchés de lierre que se trouvera ce poème. Cet homme là-bas regardera la foule tardive. C'est beau une foule tardive. Il sera jeune. Pas loin de 17 ans. "Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade" qu'il finira. Il se balancera d'arrière en avant, un crayon dans une main, une feuille froissée dans l'autre. La pensée faisant le tour du monde en 80 secondes. Il pensera. Toujours plus, toujours plus loin. Le temps ne sera plus qu'une lointaine illusion. Il demandera des bocks ou de la limonade, histoire de s'occuper l'esprit à observer le ciel.

Rescapés du systèmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant