La rencontre

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De hauts buildings, des bennes à ordures, un sol crasseux, des graffitis, des mégots de cigarettes, des cadavres de bouteilles à côté des poubelles.

Cette rue était loin d'être la plus rassurante de New York.

Victoria regardait tout cela avec dédain. Elle croyait être le rayon de soleil illuminant cette triste rue. Elle continuait son chemin à la quête d'un paquet de cigarettes, seule. La rue était déserte.

Une question lui trottait dans la tête, comment dans une ville comme New-York pouvait-il y avoir de telles différences, le luxe d'un côté, la pauvreté de l'autre qui ne se mêlaient jamais ?

Soudain, un passant. Une femme, sale, les cheveux emmêlés, maigre à faire peur, le regard dans le vide. Son visage n'exprimait que tristesse. C'était Karen. Victoria allait passer son chemin en faisant mine de ne pas la voir quand Karen lui dit : " Bonjour Madame, pourriez vous, s'il vous plait, me dépanner d'un peu d'argent, un dollar peut-être"?

Victoria regarda Karen de haut en bas, méprisante et hautaine. Karen fut rabaissée plus bas que terre par un seul regard. Victoria ne s'arrêta pas, elle continua son chemin.

Karen, les larmes aux yeux, décida de s'asseoir dans la rue, derrière une benne à ordures. Elle toussait beaucoup, ce qui laissait entrevoir sa maladie. Elle regarda Victoria partir au loin.

Alors que Victoria marchait d'un pas rapide qu'elle avait accéléré suite à sa rencontre, un jeune homme, venu de nulle part se retrouva face à elle, l'empêchant de passer. Les yeux injectés de sang, le visage boursouflé, pas rasé, les cheveux gras, il avait les mains dans les poches de son blouson, comme pour y cacher quelque chose.

Il interpella Victoria.

" Je vous connais vous. Vous êtes sur pas mal d'affiches. Un magazine c'est ça ? "

" Oui oui. Je pourrais passer maintenant ? " répondit-elle.

Elle n'avait que faire de cet homme. Ce n'était pas le premier qui l'interpellait pour lui poser cette question.

" Vous êtes riche. Vous croyez connaître le monde mieux que tout le monde, vous nous regardez de haut, nous les pauvres. C'est à se demander si vous nous regardez tout court. " dit l'homme énervé.

Victoria leva un sourcil et le dévisagea. A cet instant, elle comprit qu'il valait mieux ne pas répondre et tenta de continuer son chemin.

" Vous n'en avez rien à foutre de moi hein ? Je ne suis qu'un déchet de plus. J'en ai assez des personnes de votre genre. Pourquoi pensez-vous avoir le droit d'exister plus que nous ? Hein ?! J'en ai assez de ces conneries".

D'un geste brusque, il sortit un pistolet de sa poche et le pointa sur Victoria.

Le souffle de Victoria se coupa. Tout son corps se mît à trembler.

A quelques pas de là, Karen regardait la scène cachée derrière la benne.

L'homme criait toujours : " j'en ai marre de tous ces riches, de faire semblant d'aller bien, d'être une sous merde. Tu vas payer pour tout ceux de ta race".

Il mit son doigt sur la détente. Victoria ne bougeait pas, paralysée.

L'homme tira. Un bruit sourd retentit. Puis le bruit des battements d'ailes de pigeons affolés.

Victoria vascilla, s'écroula. Une douleur lancinante lui traversa le corps. Elle tremblait. Son sac à main Louis Vuitton laissait s'échapper son porte feuille que le tireur emporta avant de s'enfuir.

Puis le silence.

Les New-YorkaisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant